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Grande démission ? Les salariés veulent d'abord évoluer dans leur secteur professionnel

Plus de la moitié des salariés de Nouvelle-Aquitaine (54 %) ont connu une évolution professionnelle au cours des trois dernières années et ils sont 65 % (+2 % par rapport à 2021) à envisager une évolution professionnelle au cours des deux prochaines années. C'est ce que révèle le réseau Eva Nouvelle-Aquitaine, opérateur régional du conseil en évolution professionnelle (CEP), qui publie aujourd'hui la 4e édition de son baromètre sur la perception de l'évolution professionnelle. Menée par l'Ifop, l'enquête met en lumière plusieurs tendances :

LA TRIBUNE - Quels sont les principaux points que vous retenez spécifiquement de ce baromètre 2022 ?

Gérald MAURY - Tout d'abord, les tendances en Nouvelle-Aquitaine sont assez proches de celles qui sont constatées à l'échelon national. Ceci étant dit, ce que je retiens, c'est que l'évolution professionnelle reste une préoccupation extrêmement forte des salariés. 65 % envisagent une évolution professionnelle au cours des deux prochaines années, soit une hausse de 2 % par rapport à l'année dernière. Par ailleurs, contrairement à ce qui peut être relayé, du point de vue de l'individu, l'évolution n'est pas reliée à une reconversion à 180 degrés. Il y a bien sûr des salariés qui veulent chambouler leur vie professionnelle... mais la perception de la majorité des salariés va plutôt dans le sens d'une évolution dans le même secteur d'activité voire dans la même entreprise ! Selon le baromètre, parmi les salariés qui envisagent une évolution professionnelle au cours des deux prochaines années, près de six salariés sur dix continuent de vouloir évoluer dans le même secteur d'activité. Les néo-aquitains sont même près des deux-tiers (64%) à déclarer préférer évoluer au sein-même de leur entreprise.

En quoi est-ce un élément important face aux discours de grande démission ?

C'est un signal fort pour l'écosystème économique à un moment où il est difficile de recruter. Cela signifie que la question de la fidélisation des salariés doit se poser et, en l'occurrence, la prise en compte des souhaits des salariés doit être une préoccupation majeure des acteurs des ressources humaines et des chefs d'entreprise. Le conseil en évolution professionnelle n'est pas encore assez relayé en entreprise alors même qu'amener des outils pour travailler sur l'évolution professionnelle ne va pas forcément amener les salariés à quitter l'entreprise. Au contraire.

Des éléments de contexte, liés aux différentes crises que nous traversons, ont été introduits dans ce baromètre. Qu'en retenez-vous ?

La question était effectivement de savoir si cet environnement pathogène allait influencer la représentation du salarié sur ses possibilités d'évolutions. Et ce n'est pas le cas. Malgré le contexte, les salariés sont plutôt confiants quant à leur capacité d'évolution. Cela s'explique notamment par un marché du travail extrêmement tendu où six secteurs sur dix peinent à recruter !

Parmi les chiffres également mis en lumière, 93 % des actifs de Nouvelle-Aquitaine qui souhaitent évoluer évoquent le salaire comme élément déterminant, c'est plus qu'au niveau national. Est-ce que cela vous étonne ?

Pas particulièrement. Crise ou pas crise, le salaire a toujours été un élément de motivation pour les individus. Il reste que la crise internationale et l'inflation exacerbent sans doute cette notion de pouvoir d'achat. Mais au-delà de la question des salaires qui peut amener un salarié à changer d'entreprise, l'ambiance et la qualité de vie au travail comptent également.

Avez-vous été surpris à la lecture de ce baromètre ?

La surprise a été voir que les salariés sont davantage informés sur leur droit. En 2022, 63 % des salariés de Nouvelle-Aquitaine s'estiment bien informés sur le sujet de l'évolution professionnelle, dont 23 % tout à fait bien informés. Ce score est en progression constante depuis 2020, passant de 39 % en 2020 à 55 % en 2021 puis à 63 % désormais. C'est important pour nous, mais aussi pour tout le monde, l'enjeu étant que la mobilité professionnelle puisse être gagnante-gagnante pour l'individu et l'entreprise. Ce baromètre est un moyen d'amener une représentation du point de vue du salarié qui est parfois oublié dans les réflexions politiques, institutionnelles ou économiques. Nous sommes tous au service des individus, qui eux-mêmes sont au service de l'économie et du territoire, c'est interdépendant !