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[Grande distribution] Nouveau tour de table entre industriels et supermarchés

Pâtes, huile, poulet : la facture des courses va continuer de grimper en 2023, mais à quel point ? Ce jeudi 1er décembre 2022, supermarchés et industriels de l'agroalimentaire reviennent une nouvelle fois à la table des négociations pour discuter des prix de l'an prochain. Et ce, dans un contexte explosif.

Entre 10 et 25 % de hausse demandés

Plus de 20 % pour les conserves de fruits, ou 41 % pour les croquettes pour animaux : au vu des demandes d'augmentation tarifaire des industriels, le président du comité stratégique E. Leclerc, Michel-Edouard Leclerc, a dit s'attendre à un "tsunami" d'inflation alimentaire l'an prochain.

Étranglées par la hausse de leurs coûts de production, les entreprises de l'agro-industrie vont tenter une nouvelle fois de convaincre les supermarchés d'acheter plus cher leurs yaourts, steaks hachés et autres produits qu'ils mettront dans leurs rayons.

"Les demandes de la part des industriels sont très souvent entre 10 et 25 % d'augmentation" du prix, précise à l'AFP Jacques Creyssel, délégué général de la Fédération du Commerce et de la Distribution.

Et pour ce "round" de négociations, une grande incertitude demeure : dans quelle mesure sera pris en compte le coût de l'énergie, dont les prix ont flambé mais que la grande distribution n'est légalement pas obligée de répercuter.

Le coût de l’énergie au cœur des négociations

Après une année 2022 exceptionnelle, avec des renégociations qui étaient devenues quasi permanentes pour tenter de prendre en compte la flambée des prix de la matière première agricole et des coûts de production, les négociations pour 2023 doivent revenir à un rythme plus normal.

En principe, les industriels ont envoyé leurs demandes de tarifs à leurs clients de la grande distribution avant la date butoir de ce 1er décembre. Les deux parties ont ensuite jusqu'à la fin du mois de février pour s'entendre sur les modalités d'achat.

En 2022, certains industriels ont obtenu plusieurs salves de hausses de leurs prix. À titre d’exemple, le numéro un français de la volaille LDC a obtenu une augmentation de 25 %, puis une autre de 10 %. Mais si la loi Egalim 2, adoptée en 2021, a obligé les distributeurs à accepter sans négocier les hausses de prix liées à la matière première agricole, il n'en est rien pour les coûts de production industrielle, dont fait partie l'énergie.

La faillite menace producteurs et industriels

Ceux qui n'ont pas réussi à passer les hausses "se trouvent sur une ligne de crête" et vont s'efforcer d'intégrer dans leurs nouvelles demandes de revalorisation "la hausse de prix qu'ils n'ont pas pu passer en 2022, faute d'accord avec les distributeurs", commente à l'AFP Thierry Dahan, le médiateur des relations commerciales agricoles.

D'où un risque de forte hausse des prix, alors que l'inflation alimentaire, à 12 % sur un an en octobre selon l'Insee, est déjà "à un niveau rarement vu en France", observe Yannick Fialip, président de la commission économique de la FNSEA.

Dilemme cornélien : sans augmentation importante, producteurs et industriels pourraient "arrêter de produire", voire même être en faillite, ajoute-t-il. Mais d'un autre côté, ce sont les consommateurs en bout de chaîne qui souffriront en cas de forte hausse des prix.

Un appel à la solidarité est lancé

L'Inspection générale des Finances (IGF) a récemment estimé que ni les industriels, ni les supermarchés n'avaient tenté de profiter de la période pour gonfler leurs marges en 2022. Leur marge de manœuvre est donc assez réduite.

Et dans un contexte où les clients sont très attentifs à leur ticket de caisse, les supermarchés risquent de rechigner à accorder des hausses de tarifs qui pourraient les rendre moins compétitifs par rapport à la concurrence.

"Nous n'avons pas le choix : sans solidarité, c'est tout l'édifice qui s'effondre", a plaidé Jean-Philippe André de l’Ania, association nationale des industries agroalimentaires.

"Tout le monde va devoir prendre une part de l'effort, à part naturellement les agriculteurs, qui sont protégés par Egalim 2", observe en écho Jacques Creyssel. Mais il ajoute que "ceux qui vont devoir faire les plus gros efforts sont les acteurs avec les plus grosses marges, les gros industriels internationaux".