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Grenoble Blouses blanches fatiguées mais debout

Envoyé spécial.

«D es bras ! Des lits ! Pour vous soigner ! » À Grenoble (Isère), ce mardi matin, les slogans anti-réforme des retraites font écho aux mots d’ordre de soutien à l’hôpital public. Dans le cortège, qui réunit 40 000 personnes, selon les organisateurs (20 000 selon la police, en hausse par rapport au 19 janvier), plusieurs dizaines de salariés défilent derrière la banderole intersyndicale du CHU Grenoble-Alpes. Ancien employeur de l’ex-ministre de la Santé, Olivier Véran, désormais porte-parole du gouvernement, le site est le théâtre depuis début décembre 2022 d’un mouvement illimité de grève contre la baisse des moyens alloués à l’hôpital public, et pour l’ouverture de nouveaux lits et de nouveaux blocs. Retraites, hôpital, même combat, martèlent les manifestants : la réforme risque de casser davantage l’attractivité d’un secteur en crise, qui souffre d’un sous-investissement chronique et de conditions d’exercice de plus en plus dégradées, expliquent-ils.

« Il y a un empilement de souffrances et de fatigue qui fait que les gens craquent à un moment ou un autre. Dans tous les services, on a de plus en plus de travail. Dans ces conditions, ce n’est pas imaginable de travailler davantage », soupire Mehdi, un ambulancier qui parcourt le cortège équipé d’une Thermos à café qu’il propose volontiers à qui veut se réchauffer les mains. À ses côtés, son collègue Sébastien, 52 ans, abonde. Il a fait ses calculs : même s’il bénéficie du dispositif carrière longue, car il a commencé à travailler à 17 ans, il devra poursuivre jusqu’à près de 62 ans si la réforme des retraites passe. « J’ai trente ans d’ambulance derrière moi, à porter des charges toute la journée. J’ai les genoux flingués, le dos flingué. Je suis fatigué », raconte le quinquagénaire, vêtu d’une blouse blanche sur laquelle il a collé un sticker FO.

 « J’ai beau être passionnée par mon métier, il y a des limites »

« On essaie de retenir le personnel, mais on n’arrive pas à contenir l’hémorragie. Tous les jours, on reçoit des appels de gens qui veulent se mettre en disponibilité ou démissionner. Si on allonge la durée des carrières, ça va être encore pire », déplore Élisabeth Guillemin, secrétaire adjointe de la CGT et assistance sociale au CHU. « Un jour, plus personne ne voudra nous remplacer », prédit, inquiète, une aide-soignante de 36 ans. On croise pourtant quelques aspirants venus grossir la masse des manifestants, telle Maëlys, 21 ans, étudiante en infirmerie, stagiaire au CHU… et gréviste. « J’ai beau être passionnée par mon métier, je pense qu’il y a des limites. Ce n’est pas parce que c’est un métier du soin qu’on doit tout accepter », souffle-t-elle.