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Grève à Stellantis : la direction propose 5,3 % d’augmentation, insuffisant pour les syndicats

Le conflit social en cours chez Stellantis ne devrait pas s’arrêter dans l’immédiat. La direction de Stellantis a mis sur la table une proposition d’augmentation de salaire de 5,3 % pour l’année 2023 lors des négociations annuelles obligatoires (NAO) qui se sont terminées tard dans la nuit de jeudi à vendredi. Et les premières déclarations des organisations syndicales, qui ont jusqu’à mercredi pour signer ou non l’accord, montrent un fort rejet.

D’après la direction, un ouvrier de ligne de montage verrait son salaire augmenter de 4,4 %, assorti éventuellement d’une augmentation individuelle. Selon les calculs de la CGT, il s’agirait de 66 euros de salaire en plus par mois pour un salarié à 1 500 euros. «Avec 21,4 milliards d’euros de bénéfices en dix-huit mois, c’est honteux ! a réagi Jean-Pierre Mercier, porte-parole de CGT PSA /Stellantis. Préparons les conditions de la grève sur le groupe pour imposer les 400 euros pour tous !» Le syndicat réclame également l’indexation des salaires sur l’inflation et une égalité de traitement entre les salariés et les intérimaires.

«La colère ne va pas retomber dans les usines»

La CFDT a de son côté jugé la proposition décevante «au regard des bénéfices du groupe et des revenus faramineux de notre PDG», selon la déléguée syndicale centrale Christine Virassamy. Pour le seul premier semestre 2022, Stellantis a dégagé un bénéfice net de 8 milliards d’euros, avec une marge opérationnelle record de 14,1 %. «Avec une augmentation générale à 4,4 % pour les plus bas salaires, on est loin de compenser l’inflation à 6,3 %. La colère ne va pas retomber dans les usines», a dénoncé la CFDT dans son communiqué.

La direction a accepté d’octroyer cette augmentation dès le mois de janvier alors qu’elle souhaitait auparavant l’étaler sur l’année. Elle a également concédé une clause de revoyure au mois de juin. «Nous avons négocié avec les syndicats dans un climat constructif pour aboutir à une proposition équilibrée répondant aux attentes des salariés tout en préservant la performance de nos sites en France», a pourtant assuré le DRH France de Stellantis, Bruno Bertin.

Stellantis a rappelé avoir augmenté les salaires de 2,8 % en 2022 avec un intéressement de 4 000 euros en moyenne plus une prime de partage de la valeur de 1 000 euros versée en octobre pour les salariés gagnant jusqu’à environ deux fois le Smic. La direction a aussi rappelé qu’entre 2019 et 2021, elle avait toujours accordé des augmentations de salaires supérieures à l’inflation.

Salaire mirobolant de Carlos Tavares

En octobre, de nombreux sites français de Stellantis avaient déjà débrayé pour demander des mesures d’aide au pouvoir d’achat. Ce mouvement avait débouché sur cette prime de 1 000 euros, qui avait difficilement calmé la colère.

Comme pour Patrick Pouyanné lors du conflit de TotalEnergies, la différence entre les augmentations de salaire proposés par la direction et celle de la rémunération de Carlos Tavares est également devenue un élément catalyseur du mouvement. Alors que le PDG de Stellantis a empoché 66,7 millions d’euros en 2021, la CGT de PSA-Stellantis Rennes fustige que «ce dernier ose affirmer dans la presse qu’il est un salarié comme un autre». Selon les Echos, en 2021, il a été le patron le mieux payé du SBF 120, indice de 120 entreprises qui inclut notamment toutes celles du CAC 40. Les rémunérations des patrons des 40 plus grandes entreprises françaises ont d’ailleurs progressé en moyenne de 52 % par rapport à 2019.