France
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Grève contre la réforme des retraites : à Montmartre, «la semaine s’annonce très compliquée»

Devant la basilique du Sacré-Cœur, en haut de la butte Montmartre, les touristes enchaînent les selfies en ce lundi matin. D’autres se reposent à l’ombre d’une tourelle en avalant un sandwich. En contrebas du square Louise-Michel, une patrouille de la voirie nettoie la rue. Les allées sont briquées par les petits hommes en tenue fluo. Tout est bien net sous le soleil printanier. Pas de poubelles entassées comme dans d’autres quartiers touristiques de la capitale, stigmates de la mobilisation contre la réforme des retraites.

Etape «obligatoire»

Annoncé dimanche, le préavis de grève des éboueurs qui toucherait cette fois le XVIIIe arrondissement – levé ce lundi matin en attendant une assemblée générale des grévistes dans l’après-midi – inquiète les commerçants craignant pour l’image de la butte. Sur la place du Tertre, un couple d’Américains envoie paître un dessinateur ambulant du quartier. «Les gens du coin sont un peu préoccupés par les manifestations. Et les touristes aussi», raconte l’homme chapeauté, toile et pinceaux calés sous les bras, qui semble habitué à collectionner les râteaux.

Pour Paulina et sa fille venues d’Autriche pour une dizaine de jours, Montmartre était une étape «obligatoire» de leur séjour parisien. Quand on leur glisse les mots «grève», «manifestation», «poubelles en feu» et «barricades», la mère, élégante dame blonde, agite sa main, façon de dire «ça ne me concerne pas», et s’enveloppe dans son châle frappé des initiales LV : «On s’est aventurées samedi vers les grands magasins, pas sûr qu’on y retournera.»

«On s’adapte»

La Vie en rose s’élève d’un accordéon, image sonore d’un Paris de naphtaline. Luc et une collègue, chevalets sous le bras, se dirigent vers la place du Tertre. «Si je n’étais pas sorti de chez moi je serais resté dans mon canapé à écouter les débats à la télé», confie le premier emmitouflé dans sa doudoune, la mine inquiète. Il y a une semaine, le gouvernement remportait une victoire à la Pyrrhus au Parlement : les motions de censure du gouvernement Borne échouaient – à neuf voix près – mais la réforme des retraites passait sans vote. Depuis, l’ambiance est inflammable en France, des plateaux télés aux piquets de grève.

Christophe trône fièrement devant l’entrée du restaurant Au clairon des chasseurs, son tablier bien calé dans la ceinture. Avec la nouvelle journée de mobilisation nationale contre la réforme mardi, «la semaine s’annonce compliquée, souffle l’homme aux cheveux poivre et sel. Nous, on s’adapte. C’est pour les collègues et les équipes que c’est le plus compliqué, surtout ceux qui habitent loin d’ici et qui prennent les transports pour venir travailler». Il n’avait pas entendu parler de la menace de grève du ramassage des ordures et des négociations en cours entre la direction de Derichebourg – l’entreprise d’éboueurs qui opère dans l’arrondissement – et les organisations syndicales. S’il le faut, «on entassera les poubelles dans la basilique, sourit le patron, en désignant d’un coup de menton l’édifice religieux. Et on y allumera un cierge».