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Grève du 28 mars à Nantes : « Ils y vont parfois un peu fort »

Plus de 30 000 personnes ont défilé dans les rues de Nantes ce mardi, même si la répression policière n’était pas sans inquiéter les manifestants.

De notre correspondant à Nantes, Charles Guyard
La repression etait au centre des conversations des manifestants a Nantes.
La répression était au centre des conversations des manifestants à Nantes. © Charles Guyard

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De nouveaux tags ont fleuri ici et là dans les rues de Nantes et cela faisait craindre le pire. Au milieu des habituelles allusions à Emmanuel Macron, Élisabeth Borne ou Gérald Darmanin, c'est en effet un rappel aux événements de ce week-end dans les Deux-Sèvres qui s'est cette fois invité sur les murs du centre-ville : « Vengeance pour Sainte-Soline », pouvait-on ainsi lire à quelques mètres d'une agence bancaire incendiée ce midi et d'un poste de police visé par des jets de peinture. Il faut dire que les images des violents affrontements autour de la bassine étaient encore dans tous les esprits, d'autant que deux activistes étaient toujours, hier soir, entre la vie et la mort (le pronostic vital de l'un n'est désormais plus engagé). Conséquence, les autorités avaient mobilisé un imposant dispositif de forces de l'ordre en prévision d'un possible « match retour » en Loire-Atlantique.

Un déploiement qui, fatalement, a encore nourri le sentiment d'une répression de plus en plus marquée chez nombre de manifestants. Répression qui, au passage, a été épinglée par le Conseil de l'Europe en fin de semaine dernière… « On est passé juste devant des CRS et on voyait bien qu'ils étaient préparés à tirer, on ne se sentait pas très sereins », admet Julien, qui, du haut de ses 20 ans, participe à sa première journée de mobilisation contre la réforme.

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« Se dire que la police risque de nous charger avec les lacrymogènes ou les Flash-Ball, ça nous fait un peu stresser, c'est vrai, reconnaissent de leurs côtés Samy et Mickaël, 15 ans. Ils y vont parfois un peu fort en fonçant sur des personnes âgées ou des enfants pour pas grand-chose ! »

L'autorisation des parents

Après avoir obtenu l'aval de leurs parents pour aller battre le pavé en prenant toutes les précautions (« on ne doit pas se mettre devant et partir dès que la manifestation se termine »), les deux adolescents sont venus équipés de lunettes et de masques pour se protéger des gaz irritants. Un attirail que Sébastien a également emporté, contre son gré. « C'est utile, mais ce n'est pas normal de devoir les avoir avec soi pour manifester, regrette le quadragénaire. Car, si ça se durcit, c'est la faute des casseurs, certes, mais surtout du gouvernement qui ne veut pas écouter. »

En tout cas, pour tous, pas question de lâcher. « C'est intimidant, mais, si on a peur de manifester, qui le fera ? Ça donnera juste raison à l'extrême droite qui répète que les black blocs ou l'extrême gauche sont juste là pour tout casser, alors que nous, on est là pour défendre une cause, et la démocratie ! »

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Ce refus d'une retraite à 64 ans et l'usage du fameux 49.3 pour faire passer la réforme, ils étaient encore plus de 30 000 à le crier à Nantes à l'occasion de ce dixième acte. Et, une fois encore, la jeunesse était fortement représentée en marge des bannières syndicales. « Si la retraite ne va pas m'impacter tout de suite, c'est par solidarité avec tous ceux qui travaillent aujourd'hui que je suis là, mais aussi pour ce passage en force et le déni de Macron », indique Anatole, 18 ans.

Les événements de Sainte-Soline le week-end dernier ont largement alimenté la colère des manifestants ce mardi. © Charles Guyard
Même si cette nouvelle journée de mobilisation semble avoir été globalement moins violente que la précédente, durant laquelle l'entrée du tribunal administratif avait été incendiée, une odeur âcre de lacrymogène et de brûlé continuait de « parfumer » la ville en fin d'après-midi. En plus d'une agence bancaire, de nombreuses poubelles et des éléments de chantier ont été calcinés à divers endroits. Au moins un manifestant a été hospitalisé après avoir été touché à la tête par un projectile, sans savoir s'il provenait des forces de l'ordre, quarante-neuf personnes ont été interpellées et douze placées en garde à vue.