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Grève du 28 mars, en direct : Olivier Véran rejette la demande de médiation de Laurent Berger et affirme que le gouvernement est « le rempart à la violence illégitime »

Devant la mairie de Ploërmel (Morbihan), le 28 mars 2023.

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Blocages et manifestations ont débuté en France mardi matin. 500 lycées sont bloqués, selon le syndicat lycéen FIDL. Suivez la dixième journée de mobilisation contre la réforme des retraites avec nos journalistes sur le terrain.

Le point sur les mobilisations partout en France

A Rennes, la circulation sur le périphérique a été perturbée par environ 400 personnes dès 7 heures du matin sur au moins six points de blocages, et par des feux, entraînant 45 km de bouchons à 8 h 30, selon la préfecture et Bison Futé. A Nantes, la circulation était aussi extrêmement perturbée en raison d’actions de protestataires sur le périphérique avec « plusieurs kilomètres de bouchons observés de part et d’autre » et une « tendance à l’aggravation », d’après Bison Futé. A Caen, le périphérique a été coupé dans les deux sens par des manifestants.

Dans le nord de Lille, une centaine de manifestants occupent deux gros ronds-points desservant le centre régional de transport (CRT) de Lesquin, un centre logistique majeur, entraînant des perturbations jusque sur l’A1 reliant Paris à Lille, et l’A23 en direction de Valenciennes, a indiqué Rémy Quéant, secrétaire général FO Transport Lille. « Beaucoup d’entrepôts ne seront pas livrés aujourd’hui », a-t-il expliqué à l’Agence France-Presse (AFP).

A Rennes, des manifestants sur les voies SNCF et un feu sous un pont ont arrêté la circulation des trains sur la ligne Rennes/Saint-Brieuc, selon la préfecture. Le réseau de bus de la métropole est aussi affecté car le dépôt principal est bloqué par des manifestants, selon Star, gestionnaire.

Les aéroports de Montpellier et de Quimper ont vu leur trafic interrompu, mardi matin, en raison de la grève de contrôleurs aériens, selon la Direction générale de l’Aviation civile (DGAC). La plateforme de Montpellier-Méditerranée a rouvert à 9 heures, tandis que celle de Quimper-Pluguffan restera fermée jusqu’à 14 heures, entraînant des retards. L’administration avait demandé aux compagnies aériennes d’annuler préventivement mardi et mercredi 20 % de leurs vols à Paris-Orly, Marseille, Toulouse et Bordeaux.

Au-delà des aéroports, les arrêts de travail des aiguilleurs du ciel touchent les Centres en route de la navigation aérienne (CRNA, gestion des avions qui transitent par l’espace aérien français), entraînant des répercussions sur l’ensemble du trafic européen.

A Marseille, même si les éboueurs ne sont toujours pas officiellement en grève, les déchets s’amoncellent dans plusieurs quartiers, et notamment sur l’avenue du Prado ou le Boulevard Perier, dans les quartiers cossus. « Cette fois ce n’est pas un mouvement frontal (…) nous essayons de nous adapter face aux atteintes à notre droit de grève, les agents sont très créatifs », explique à l’AFP Véronique Dolot, de la CGT à la métropole, en rappelant les réquisitions lors du dernier mouvement contre la pénibilité, à l’automne. Au Havre, environ 50 personnes poursuivaient mardi le blocage du centre dédié à l’épuration de l’eau et à la gestion des déchets, empêchant les employés de prendre leur poste ou de sortir les camions poubelles.

A Lille, avant même la manifestation de 14 h 30, un cortège non déclaré s’est formé dans le centre avant 8 heures, défilant devant le Conseil régional, la gare de Lille, avant de rejoindre un lycée mobilisé, ont indiqué des militants. L’entrée principale de la gare de Lille Flandres a été temporairement fermée a indiqué la SNCF.

Tout le live

La manifestation est partie à Périgueux

Dans une ambiance festive et familiale, sous le soleil, plusieurs milliers de manifestants sont réunis à Périgueux. Tous les syndicats présents - « on ne lâchera pas, 64 c’est non », répète Marcel, 58 ans, militant CFDT -, des jeunes des lycées, et même les Rosies locales ambiancent le cortège.

Périgueux, le 28 mars 2023. Rémi Barroux

« Déplacer le débat sur la violence ne fera pas basculer l’opinion »

Commerçant et « activiste culturel », Stéphane Signoret, 50 ans, a fermé sa boutique pour venir participer à la manifestation marseillaise. Cogérant du disquaire Lollipop, place forte du rock local, il n’a manqué aucun défilé depuis le début de la contestation. « Je suis consterné et en colère qu’il n’y ait pas encore eu de réponse politique à la protestation. Cette réforme n’est ni urgente, ni nécessaire et on est là à tous perdre du temps et de l’argent ».

Chiffre d’affaires à l’arrêt à chaque jour de fermeture, le Marseillais dit voir l’impact de la grève chez ses habitués. « Ils ont moins d’argent pour le loisir… Et donc, on tire la langue. C’est d’autant plus pesant que ça nous semble inutile ». « Beaucoup de commerçants et de restaurateurs autour de nous sont contre cette réforme mais ils ne ferment pas parce qu’ils ont le couteau sous la gorge » poursuit-il. Lui se dit « prêt à payer plus de cotisations sociales plutôt que de travailler deux ans de plus ».

Si le défilé marseillais se passe dans une ambiance paisible, Stéphane Signoret sent malgré tout une montée des tensions. « J’ai peur qu’on se retrouve avec des éborgnés, des blessés… Le gouvernement essaie aujourd’hui de déplacer le débat sur la violence. Mais je ne pense pas que ça fera basculer l’opinion. »

Gilles Rof (Marseille, correspondant)

Les manifestants défilent à Bordeaux

Sur les allées de Tourny à Bordeaux, les manifestants rejoignent le lieu de rendez-vous de cette nouvelle journée de mobilisation. Contrairement à jeudi dernier, la foule est un peu moins dense. Dans le cortège, Souheila, Tom, Ninon et Émilie, tous 17 ans, sont venus « prendre la relève de ceux qui ne peuvent pas forcément se déplacer à chaque fois », leurs premières sessions d’épreuves du bac achevées. « Maintenant qu’on a fini nos révisions, on va pouvoir venir plus souvent » expliquent-ils à l’unisson. Ils se disent encore « choqués » des images de jeudi soir, de la porte de la mairie de Bordeaux, en feu. Un « monument » du XVIIe siècle incendié en marge de la manifestation qui a laissé des traces chez les Bordelais.

Ils sont nombreux, depuis, à venir sur place pour se rendre compte de l’étendue des dégâts. « Déjà, quand on a fini le parcours ça a dégénéré, alors que c’était beau de voir le pays ensemble, uni » déplore Émilie. A ses côtés, son ami Tom renchérit. « La violence, même si je ne la tolère pas, je peux la comprendre. Mais c’est nager à contre-courant, car ça peut être instrumentalisé contre la réforme. La finalité de l’action amène juste à décrédibiliser le mouvement.  » Souheila abonde. « La casse, c’est pas la solution. Les grèves des éboueurs, ça fait bouger les choses. Il faut que Macron se rende compte que sans nous, le pays n’avance pas forcément. »

Claire Mayer (Bordeaux, correspondante)

Les jeunes manifestants marseillais sont les premiers à réveiller l’ambiance

A Marseille, dans un cortège encore en formation en fin de matinée, les jeunes manifestants sont les premiers à réveiller l’ambiance. Délégation d’étudiants de la faculté de lettres et sciences sociales d’Aix-en-Provence, représentants des différents lycées de Marseille, membres des jeunesses communistes ont pris place au milieu d’un défilé moins dense que la semaine précédente.

Emma, Ninon et son frère jumeau Bastien, 17 ans, ont pris le car tôt le matin pour venir de Saint-Maximin (Var). Une heure et demie de trajet pour afficher leur opposition à la réforme des retraites. « On est dans un lycée plutôt reculé dans le Var où nos camarades ne sont pas forcément engagés » expliquent les deux jeunes filles, qui, elles, ont participé à toutes les journées de manifestations à Marseille ou Brignoles (Var). « On est jeunes, mais cette réforme nous concerne aussi. Et on se sent méprisées et humiliées par les réponses du gouvernement. Macron pense-t-il que les gens font grève pour le plaisir ?  » s’indigne Ninon.

Bastien, lui, participe pour la première fois. En terminale en lycée professionnel, il dit regarder « avec inquiétude les conditions de travail se dégrader ». « Si je suis là, ce n’est pas forcément pour moi, mais plutôt pour la génération de mes parents » explique le jeune homme. Le trio a même décidé d’aller manifester dans l’après-midi à Brignoles.

Gilles Rof (Marseille, correspondant)

Olivier Véran affirme que le gouvernement est « le rempart à la violence illégitime »

« Nous sommes et nous resterons le rempart à la violence illégitime et dangereuse », a assuré le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, lors du compte-rendu du conseil des ministres. « Nous respectons les grèves et les manifestations mais nous serons particulièrement vigilants à ce qu’elles ne donnent pas lieu à de nouveaux débordements », a-t-il dit. « La journée de manifestation à Sainte-Soline l’a montré : les violents n’ont pas besoin de la réforme des retraites pour être violents » et « le projet à l’oeuvre c’est celui de la sape de nos institutions, de la fragilisation de la République », a déclaré M. Véran.

A Ploërmel : « Ici, la mobilisation est calme et familiale »