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Grippe et Covid-19 : les vaccinations à la peine en France

Menaçant de mettre les hôpitaux à genoux, la montée actuelle de la neuvième vague de Covid-19 ainsi que l’épidémie naissante de grippe rappellent douloureusement l’importance des vaccins dans la lutte contre les virus. D’autant plus à l’approche des fêtes de fin d’année et des rassemblements en famille autour d’un sapin ou d’une bûche de Noël. Si la vaccination est désormais le (seul) pilier de la politique sanitaire du gouvernement face au Covid, le rythme des injections est au plus bas. Celles contre la grippe patinent aussi. Et après deux ans de «doses», «rappels» et «boosters», difficile de suivre les consignes. «Depuis le 3 octobre, la campagne de deuxième rappel est terminée. Désormais, nous sommes entrés dans la campagne d’automne», affirme ce mercredi le ministère de la Santé à Libération. Le point en quatre questions pour y voir plus clair.

Qui doit se faire vacciner contre le Covid ?

Selon le dernier document fourni par le ministère de la Santé aux professionnels le 21 novembre, sont concernés «les résidents d’Ehpad, les personnes âgées de 60 ans et plus, les personnes immunodéprimées, les personnes souffrant d’une ou plusieurs comorbidités, les femmes enceintes et les personnes vivant dans l’entourage ou en contact régulier avec des personnes immunodéprimées ou vulnérables, dont les professionnels des secteurs sanitaire et médico-social». Le texte précise également qu’une «personne jeune, sans comorbidité, qui voit régulièrement des proches dans la cible est éligible».

Quand faire son rappel ? «Dès trois mois après la dernière injection ou infection» pour les personnes âgées de 80 ans et plus, pour les résidents en Ehpad et pour les personnes immunodéprimées de tout âge. Les autres personnes éligibles aux critères du ministère de la Santé peuvent effectuer leur rappel «dès six mois après la dernière injection» ou bien «dès trois mois» après avoir contracté le Covid, «en respectant un délai minimal de six mois après la dernière injection».

Quant à la vaccination contre la grippe, elle a été ouverte dès le 18 octobre pour les personnes fragiles risquant de développer une forme grave, à savoir les plus de 65 ans, les femmes enceintes et les personnes souffrant d’obésité ou de certaines maladies chroniques. Depuis le 15 novembre, elle est ouverte à tous.

Quel pourcentage de la population est à jour de sa piqûre ?

La direction générale de la santé a adopté une nouvelle méthode de calcul pour les injections anti-Covid : «Pour cette campagne et les suivantes, nous avons arrêté de compter le nombre de rappels effectués. Nous préférons dès lors étudier si les personnes éligibles ont bien reçu un rappel.» Selon les statistiques du ministère, 21 % des personnes âgées de plus de 80 ans sont protégées, alors même que 42 % de cette classe d’âge a déjà reçu deux doses. Chez les 60 à 79 ans, ils sont 37 % à être protégés au sens du ministère. De fait, le nombre de doses reçues pour être à jour dépend de chaque cas, souvent quatre mais potentiellement cinq injections pour certains immunodéprimés.

Le ministère de la Santé affirme disposer de «15,2 millions de vaccins bivalents [contre la souche originelle du Covid et les différents variants issus d’omicron, ndlr] en stock ainsi que d’un stock conséquent de vaccins monovalents». De quoi assurer avoir des doses pour «vacciner l’ensemble de la population cible» pour cette campagne.

Pour la grippe, selon les derniers chiffres du ministère de la Santé, au 18 novembre, un peu plus de 7 millions de doses ont été injectées. Un chiffre en recul de 18,3 % par rapport à la même période l’an dernier, qui a poussé la semaine dernière les pharmaciens à alerter sur la faiblesse de la couverture vaccinale.

Pourquoi est-ce insuffisant ?

A défaut d’endiguer la transmission du virus par le port du masque généralisé dans les lieux clos et un plan d’assainissement de l’air intérieur ambitieux, la vaccination est le dernier outil utilisé en France contre le coronavirus. Mais il est de taille : passé six mois, la vaccination protège moins bien. Le risque de contracter une forme grave s’accroît «de l’ordre de 20%», rappelle à Libération le professeur Alain Fischer, président du Conseil d’orientation de la stratégie vaccinale. «Pour les personnes âgées de moins de 60 ans et en bonne santé, la vaccination est recommandée si elles sont amenées à rencontrer des personnes fragiles. Le rappel diminue d’environ 50 % le risque de transmission, ce qui justifie le maintien de la vaccination obligatoire des soignants», martèle-t-il.

Eviter des passages aux urgences ou en réanimation grâce à la vaccination paraît indispensable pour ne pas congestionner encore un peu plus des hôpitaux déjà à bout de souffle. Et aussi, bien sûr, d’éviter des morts. De mars 2020 à décembre 2021, l’Insee a chiffré entre 95 000 et 146 000 le nombre de personnes décédées à cause du Covid. La grippe, elle, cause chaque année «un excès de mortalité de 10 000 à 15 000 décès, principalement chez les sujets fragiles», note l’Institut Pasteur.