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Guerre en Ukraine : à Kiev, vivre avec la routine des attaques nocturnes russes

Quand la sirène d’alarme a retenti dans les rues de Kiev, vers une heure du matin, Bohdana s’est levée en soupirant et a pris son sac à dos qu’elle dépose chaque soir au pied de son lit. À l’intérieur, une bouteille d’eau, un duvet léger, et un tapis de sol, de quoi passer la nuit dans le métro. Sur le chemin de la station, la jeune femme a croisé les Kiéviens qui refusent de rester chez eux lorsque les Russes bombardent la capitale ukrainienne. La plupart des marcheurs pressés sont des mères de famille, parfois courant avec leur poussette, accompagnés de jeunes enfants.

Une fois à l’abri sous terre, chacun a retrouvé sa place habituelle. Rassurée, Bohdana s’est endormie pendant quatre heures, puis est rentrée chez elle, l’alerte passée. Avant de commencer une nouvelle et fatigante journée de travail.

La scène se répète environ trois fois par semaine, au gré des bombardements de l’armée russe, depuis le début du mois de mai. La nuit du samedi 27 au dimanche 28 mai par exemple, la défense aérienne ukrainienne dit avoir abattu 52 des 54 drones kamikazes de fabrication iranienne lancés sur l’ensemble du pays – dont plus de 40 sur la capitale. À Kiev, la chute de débris sur une station-service a coûté la vie à un homme de 41 ans et blessé deux autres personnes.

Mais les victimes sont devenues plus rares au fil des semaines, du fait du renforcement des défenses sol-air. Malgré la faible efficacité de ces raids nocturnes, les Russes poursuivent leur campagne de bombardement contre les grands centres urbains afin de maintenir la pression sur une population fatiguée, mais toujours déterminée.

Des salariés qui dorment au bureau

« Oui, c’est usant au quotidien », confie Bohdana. Elle ne s’est jamais vraiment habituée à ces attaques, à la différence de la majorité de ses compatriotes. «Il existe trois manières de réagir, poursuit cette activiste qui collecte des fonds pour les soldats. Une petite minorité continue de se rendre dans le métro, une autre s’installe dans un couloir loin des fenêtres, et un troisième groupe, de loin le plus important, reste dans son lit en essayant de trouver le sommeil malgré les déflagrations.» Mais lorsque les batteries antimissiles s’activent pendant près d’une heure contre les projectiles mortels, même les gros dormeurs sont obligés d’ouvrir les yeux en écoutant le bruit des explosions.

Les entreprises ont pris l’habitude de voir leurs employés se rendre un peu plus tard au bureau, au sortir de ces courtes nuits. « Chez nous, on voit souvent des gens dormir sur les canapés en journée », raconte une sociologue de l’institut de sondage Kantar, dont les locaux sont situés près d’objectifs sensibles.

À l’en croire, il en faudra bien davantage pour briser le moral de la population qui pense avoir vécu le pire, l’hiver dernier, lors de la campagne de bombardements massifs contre les installations électriques des grandes villes. «Je voyais les obus passer dans le ciel à travers ma fenêtre, poursuit l’un de ses collègues. C’est beaucoup plus calme aujourd’hui. Je dors mieux et je fais confiance à notre défense sol-air pour nous défendre.»

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