Guerre en Ukraine en direct : à Kiev, Ursula von der Leyen promet un dixième train de sanctions contre la Russie avant le 24 février

Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a accusé jeudi la Russie de préparer ses forces armées pour « se venger » de l’Ukraine et de l’Europe qui soutient Kiev face à l’invasion russe. « La Russie est en train de concentrer ses forces, nous le savons tous. Elle veut se venger non seulement de l’Ukraine mais aussi de l’Europe libre », a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse en compagnie de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen.

L’Union européenne (UE) a l’intention d’imposer un nouveau train de sanctions à la Russie d’ici à l’anniversaire de son intervention militaire en Ukraine, le 24 février, a annoncé jeudi à Kiev la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen.

« D’ici au 24 février, exactement un an après le début de l’invasion, nous avons l’intention de mettre en place le dixième paquet de sanctions », a-t-elle déclaré lors d’une conférence de presse conjointe avec le président ukrainien, Volodymyr Zelensky. « Aujourd’hui, la Russie paie un lourd tribut car nos sanctions érodent son économie et la font reculer d’une génération. »

Le plafonnement du prix du pétrole russe à 60 dollars le baril a été l’une des mesures les plus marquantes. Selon M^me von der Leyen, cette limitation fixée début décembre par l’Union européenne, le G7 et l’Australie « coûte déjà à la Russie environ 160 millions d’euros par jour ». Début décembre, l’UE avait également mis en place un embargo sur le pétrole brut russe transporté par voie maritime. Celui-ci va s’étendre dès dimanche à l’achat de produits pétroliers raffinés russes et les pays du G7 plafonneront également le prix de ces produits.

Interrogée par ailleurs sur les récents efforts de lutte anticorruption en Ukraine, question-clé pour son adhésion à l’UE, Ursula von der Leyen a salué la réaction « rapide au niveau politique » pour obtenir des « résultats tangibles ». « Je suis rassurée de voir les organismes anticorruption en alerte et détectant rapidement les cas de corruption », s’est-elle réjouie.

Mercredi, les autorités ukrainiennes avaient mené des perquisitions chez des personnalités, dont un oligarque connu, et dans des administrations en lien avec des affaires de corruption, un mal qui ronge le pays. Une semaine plus tôt, plusieurs hauts fonctionnaires avaient été limogés dans le cadre de l’enquête sur une affaire de corruption concernant des approvisionnements de l’armée.

Le ministre des affaires étrangères russe a accusé jeudi les puissances occidentales de chercher à faire en sorte que la Moldavie devienne « la prochaine Ukraine ». « L’Occident a désormais les yeux rivés sur la République de Moldavie pour jouer le rôle de la prochaine Ukraine. Maintenant, la Moldavie est considérée pour ce rôle. D’abord, parce qu’ils (les Occidentaux) ont pu mettre une présidente à la tête du pays par des méthodes bien précises, loin d’être librement démocratiques, une présidente qui veut rejoindre l’OTAN, qui a la nationalité roumaine, qui est prête à s’unir à la Roumanie et qui, en général, est prête à presque tout », a déclaré Sergueï Lavrov dans un long entretien accordé à la télévision publique russe.

La présidente moldave, Maia Sandu, ancienne économiste à la Banque mondiale et favorable au rapprochement avec les Vingt-Sept, a été élue en novembre 2020 à la tête de la Moldavie à l’issue d’un scrutin marqué par l’affrontement entre prorusses et proeuropéens.

Un ancien militaire russe envoyé dans le sud de l’Ukraine en février 2022 a témoigné, dans une interview exclusive à la BBC jeudi, d’actes de torture et de mauvais traitements infligés aux prisonniers ukrainiens par l’armée russe. Grâce aux photographies et aux documents militaires fournis par Konstantin Yefremov, la BBC a vérifié qu’il se trouvait au début de la guerre dans la région de Zaporijia et la ville de Melitopol.

Cet ancien officier, qui a fui la Russie aujourd’hui, parle de ses camarades qui pillaient les zones occupées et décrit des séances d’interrogatoire brutales, dirigées par un colonel russe, au cours desquelles des hommes étaient abattus et menacés de viol. Il déclare que « les interrogatoires et la torture ont continué pendant environ une semaine ». « Tous les jours, la nuit, parfois deux fois par jour. » Désormais considéré en Russie comme traître et transfuge, Konstantin Yefremov a tenté de démissionner de l’armée à de nombreuses reprises. Il a fini par en être licencié pour avoir refusé de retourner en Ukraine.

Le Bureau des droits de l’homme des Nations unies a recensé les cas de mauvais traitements infligés aux prisonniers dans le cadre de la guerre en Ukraine. Il a interrogé plus de 400 prisonniers de guerre, tant ukrainiens que russes. « Malheureusement, nous avons constaté que la torture et les mauvais traitements des prisonniers de guerre se produisent des deux côtés », déclare Matilda Bogner, chef de l’équipe de surveillance des Nations unies en Ukraine. « Si nous comparons les violations, la torture ou les mauvais traitements des prisonniers de guerre ukrainiens ont tendance à se produire à presque tous les stades de l’enfermement. Et, pour la plupart, les conditions d’internement sont pires dans de nombreuses régions de Russie ou d’Ukraine occupée. » Les pires formes de torture ou de mauvais traitements pour les prisonniers de guerre ukrainiens se produisent généralement pendant les interrogatoires, confirme M^me Bogner. Ils peuvent être soumis à l’électrocution et à toute une série de méthodes de torture, y compris la pendaison et le passage à tabac.

Les forces ukrainiennes doivent être repoussées plus loin des frontières russes en raison des livraisons occidentales d’armes à plus longue portée, a déclaré jeudi le ministre des affaires étrangères russe. « Plus la portée des armes fournies au régime de Kiev est grande, plus nous devrons les repousser des territoires qui font partie de notre pays », dit Sergueï Lavrov dans un entretien accordé à la télévision publique. « Nous cherchons maintenant à repousser l’artillerie de l’armée ukrainienne à une distance qui ne constituera pas une menace pour nos territoires ». Le chef de la diplomatie promet en outre que la Russie fera le nécessaire pour que les événements organisés par les alliés de l’Ukraine à l’occasion du premier anniversaire du conflit « ne soient pas les seuls à retenir l’attention internationale », sans préciser la nature de ces projets.

Sergueï Lavrov s’en prend par ailleurs à la présidente de la Commission européenne, qui vient d’entamer une visite à Kiev. Ursula von der Leyen « a déclaré que le résultat de la guerre devait être une défaite de la Russie (…) dont elle ne doit pas se relever avant des décennies. N’est-ce pas du racisme, du nazisme et une tentative de résoudre la question russe ? », dit-il, comparant l’engagement occidental aux côtés de l’Ukraine à « la solution finale » des nazis. Les alliés de Kiev n’utilisent « pas de chambres à gaz », mais ils font tout « pour que la Russie cesse d’exister en tant que puissance », affirme Sergueï Lavrov.

Le mauvais état matériel des forces russes va contraindre leur état-major à engager d’importants effectifs dans l’offensive qui semble se profiler, estime Andriy Yusov, membre de la Direction principale du renseignement militaire ukrainien, cité par l’Institute for the Study of War (ISW). Le colonel ukrainien Serhiy Hrabskyi juge par ailleurs que l’armée russe n’a pas les effectifs suffisants pour lancer une offensive sur toute la ligne de front et se focalisera probablement sur les oblasts de Donetsk et Louhansk, ajoute l’ISW.

Un incendie a fait huit morts dans un logement préfabriqué pour ouvriers du bâtiment près de Sébastopol, en Crimée, péninsule ukrainienne annexée par la Russie, rapportent les autorités locales. « L’incendie a eu lieu dans la nuit dans un logement préfabriqué » pour les ouvriers « venus de différentes régions russes » afin d’achever le chantier d’une autoroute passant à travers la péninsule, explique sur Telegram le gouverneur de Sébastopol, Mikhaïl Razvojaïev. Toutes les victimes étaient des ouvriers du bâtiment, précise-t-il. On ignore la cause du sinistre.

Des unités d’élite de l’armée russe ont été déployées aux abords de Bakhmout, épicentre des combats dans l’est de l’Ukraine, où l’offensive était menée depuis l’été par les mercenaires du groupe Wagner, selon un officier ukrainien sur place cité par l’Institute for the Study of War (ISW).

« Denys Yarolavskyi a confirmé que les troupes militaires conventionnelles russes “super qualifiées” renforcent désormais les unités d’assaut de la compagnie militaire privée (PMC) du groupe Wagner dans un effort continu pour encercler Bakhmout. » Volodymyr Nazarenko, commandant d’une autre unité déployée en première ligne, a, par ailleurs, confirmé les observations de l’ISW selon lesquelles le commandement militaire russe a engagé des troupes aéroportées dans l’offensive de Bakhmout.

Le président russe, Vladimir Poutine, a ordonné à ses troupes de s’emparer de l’intégralité des régions ukrainiennes de Donetsk et Louhansk d’ici à mars, annonce un responsable des services renseignement militaire ukrainiens dans un entretien accordé au Kyiv Post.

« Nous avons observé que les forces d’occupation russes sont en train de redéployer des groupes d’assaut, des unités, des armes et des équipements militaires supplémentaires vers l’Est », a déclaré Andrii Cherniak, membre de la direction principale du renseignement du ministère de la défense.

Le ministre de la défense ukrainien a déclaré mercredi sur le plateau de BFM-TV que la Russie se préparait « très sérieusement à l’offensive et à mobiliser 500 000 hommes ». Elle pourrait, selon lui, attaquer le 24 février, à l’occasion du premier anniversaire du conflit.

Les autorités autrichiennes ont ordonné l’expulsion de quatre diplomates russes, dont deux exercent auprès des Nations unies à Vienne. Ils ont agi de « manière incompatible avec leur statut diplomatique », précise le ministère des affaires étrangères, dans un communiqué transmis jeudi à l’Agence France-Presse. « Ces personnes sont invitées à quitter le territoire au plus tard le 8 février », ajoute-t-il, sans préciser ce qui leur est reproché.

La Russie dispose d’un important dispositif diplomatique en Autriche au niveau bilatéral, mais aussi pour la représenter à l’Organisation des Nations unies ainsi qu’auprès de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE). Les experts considèrent depuis la guerre froide que l’Autriche est l’un des points chauds de l’espionnage international. Les expulsions diplomatiques y sont rares.

Quatre habitants de Ieline, dans le nord de l’Ukraine, ont été tués mercredi par un obus de 120 millimètres qui s’est abattu sur la cave où ils avaient trouvé refuge pendant un bombardement, rapporte le gouverneur de l’oblast de Tchernihiv, sur Telegram.

Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, est arrivée jeudi à Kiev avec une quinzaine de commissaires, à la veille d’un sommet Union européenne-Ukraine sans précédent depuis le début de la guerre. « Ravie d’être à nouveau à Kiev, pour la quatrième fois depuis l’invasion russe. Cette fois, avec mon équipe de commissaires. Nous sommes ici ensemble pour montrer que l’UE soutient l’Ukraine plus fermement que jamais. Et pour approfondir encore notre soutien et notre coopération », dit-elle sur Twitter. La délégation européenne doit rencontrer dans la journée plusieurs membres du gouvernement ukrainien.

L’armée ukrainienne s’attend à faire face à court terme à une nouvelle offensive russe, confirme l’état-major dans son point matinal sur la situation militaire. « La menace de frappes aériennes et de missiles russes persiste dans toute l’Ukraine. L’ennemi mène activement des reconnaissances, se préparant à une offensive dans plusieurs secteurs », a déclaré un porte-parole.

« Nous ne sous-estimons pas notre ennemi. Nous voyons qu’il se prépare très sérieusement à l’offensive », avait averti mercredi soir le ministre de la défense, Oleksii Reznikov. « Nous pensons qu’étant donné qu’ils vivent dans la symbolique, ils vont essayer de tenter quelque chose aux alentours du 24 février », a-t-il poursuivi, évoquant le premier anniversaire du conflit. « Ils peuvent tenter une offensive sur deux axes », dans le Donbass et le Sud.

Un tir de missile russe a fait trois morts et une vingtaine blessées mercredi soir dans un quartier résidentiel de Kramatorsk, dans l’est de l’Ukraine, selon les autorités ukrainiennes. « Au moins huit immeubles d’habitation ont été endommagés, dont un complètement détruit. Des personnes pourraient se trouver sous les décombres », a expliqué la police de Donetsk.

La Russie célèbre jeudi les 80 ans de la victoire soviétique dans la bataille de Stalingrad, tournant majeur de la seconde guerre mondiale. Le président russe, Vladimir Poutine, se déplacera à Volgograd, ainsi qu’a été rebaptisée Stalingrad, pour participer aux célébrations, selon le Kremlin.

Considérée comme l’une des plus sanglantes de l’histoire, avec environ deux millions de morts dans les deux camps, la bataille de Stalingrad (1942-1943) a changé le cours du conflit en Union soviétique. Elle est toujours glorifiée par la Russie comme l’événement qui sauva l’Europe du nazisme.

La victoire dans cette bataille prend une importance symbolique accrue à l’approche du premier anniversaire du déclenchement, le 24 février 2022, de l’opération russe en Ukraine, où Moscou intensifie ses actions après la prise récente de Soledar, une bourgade de l’Est ukrainien. Un premier succès pour les forces russes depuis de longs mois et une série de revers.

Contre toute vraisemblance, M. Poutine n’hésite pas à dresser un parallèle entre la résistance contre Hitler et l’offensive en Ukraine. « Oublier les leçons de l’histoire conduit à la répétition de terribles tragédies. La preuve en est les crimes contre les civils, le nettoyage ethnique [et] les actions punitives organisées par les néonazis en Ukraine », a-t-il ainsi osé vendredi dernier, à l’occasion de la journée internationale des victimes de la Shoah. « C’est contre ce mal que nos soldats se battent courageusement », avait-il ajouté.

Ces déclarations ont suscité de vives réactions. La cheffe de la diplomatie française, Catherine Colonna, les a qualifiées de « consternantes » et « choquantes », et de « provocation indigne » le jour des commémorations de la Shoah.

Envoyer un signal politique. C’est l’objectif numéro un du déplacement en Ukraine, jeudi 2 et vendredi 3 février, des plus hauts représentants des institutions communautaires. Le premier jour, Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, et une quinzaine de commissaires devraient rencontrer à Kiev des ministres du gouvernement de Volodymyr Zelensky, afin d’étudier ensemble les coopérations actuelles et à venir. Le lendemain, un sommet Union européenne (UE)-Ukraine est prévu, auquel participeront le président ukrainien, M^me Von der Leyen et le président du Conseil européen, Charles Michel.

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