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Guerre en Ukraine : encerclés à Lyman dans l'Est, les Russes en très mauvaise posture

Une manœuvre d'encerclement ukrainienne accompagnée de combats meurtriers a lieu dans l'Est depuis quelques jours. Kiev mène les batailles décisives de Lyman et Koupiansk.

L'armée ukrainienne est sur le point de chasser définitivement les soldats russes de l'oblast de Kharkiv, et d'enfoncer sérieusement la ligne de front tenue par les Russes le long des rivières Oskil et Donets dans l'est du pays.

Autour de Lyman, bastion de l'autre côté de la Donets, défendu avec acharnement par les forces russes, les Ukrainiens ont entamé une astucieuse manœuvre d'encerclement avec deux têtes de ponts au nord et au sud-est. Plus au nord, la bataille meurtrière pour la maîtrise de Koupiansk, ville traversée par l'Oskil, est engagée. Acculées, les troupes russes sont en grande difficulté, épuisées et démoralisées.

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Trois semaines après la spectaculaire contre-offensive ukrainienne dans l'est de l'Ukraine, Kiev continue d'avancer en exploitant la reconquête victorieuse de plusieurs villes clés, comme Izyoum. «D'après les informations qui remontent, les batailles sont d'une extrême violence, et particulièrement meurtrières», indique Cédric Mas, historien militaire. «Il y a des images de dizaines de cadavres dans la boue depuis 48h, les pertes sont très lourdes».

Légion cosaque

Les forces russes sont «partiellement encerclées», a reconnu un haut responsable séparatiste ce vendredi matin. «À l'heure actuelle, Lyman est partiellement encerclée. La route de Svatové est sous notre contrôle, mais sous le feu périodiquement. C'est une nouvelle très désagréable, mais nous devons regarder la situation avec sobriété et tirer les conclusions de nos erreurs», a indiqué sur Telegram Denis Pouchiline, à la tête du bastion séparatiste de Donetsk. «Nos gars se battent, nous reconstituons des réserves, nous devons tenir, mais l'ennemi a également lancé de sérieuses forces» dans la bataille.

Les Ukrainiens utilisent parfaitement «les coupures humides», indique Édouard Jolly, chercheur à l'Irsem en théorie des conflits armés, «c'est-à-dire les rivières, les marais et point d'eau pour rendre difficile la retraite de l'occupant». En grande difficulté, Moscou jette donc désespérément et en urgence toutes les unités disponibles sur ce front Est et pour dégager l'encerclement de Lyman.

L'effort russe est donc intense, et «le saillant peut encore résister», estime Cédric Mas. «Les unités piégées sont des bataillons de réservistes volontaires avec entre autres une légion cosaque d'anciens combattants», précise-t-il. Un facteur important qui jouera sur le moral des combattants au moment de la rupture, quand il faudra pour eux choisir entre se rendre, ou de se battre jusqu'au bout.

«Faire danser l'ennemi»

Si la ville peut tomber d'un moment à l'autre, rien n'est donc encore acquis. En plus, Lyman est une localité très proche de la ligne de front, et donc à portée de l'artillerie russe et d'une contre-attaque rapide. Mais ce qui est certain, c'est que l'armée ukrainienne est toujours à l'initiative, partout ailleurs sur le front, et notamment autour de Koupiansk plus au nord. «Ils appliquent ce que recommandait le général de Montgomery : à savoir, 'faire danser l'ennemi sur son rythme'», illustre Cédric Mas. «À chaque fois que l'armée russe colmate une brèche, une autre s'ouvre ailleurs», explique le spécialiste.

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Kiev exploite ses succès tactiques, mais pour Édouard Jolly, «toute attaque s'affaiblit dans la durée, et énormément de facteurs entrent en jeu pour exploiter une offensive, notamment la capacité ukrainienne à faire des relèves et assurer les rotations des troupes». Et dans ces manœuvres, l'hiver va s'inviter. Les récents épisodes de boue ralentissent les opérations en général, surtout pour les Ukrainiens qui grignotent du terrain et doivent faire suivre rapidement leur artillerie. En attendant la mauvaise saison, les combats s'intensifient.