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Harcèlement de rue : Gérald Darmanin sort des flyers de son chapeau

Selon le dernier rapport du Haut-Commissariat à l’Égalité, huit femmes sur dix ont peur de rentrer seules chez elles le soir. Des statistiques affolantes auxquelles le ministère de l’Intérieur a décidé de donner une première réponse… en distribuant cinq millions de flyers.

Grande opération sur la sécurité des femmes dans l’espace public 👇

👉5 millions de flyers distribués à partir du 30 mai et tout au long de l’été par les policiers et les gendarmes.
👉partout en France, lors de patrouilles dans les transports en commun, dans la rue, etc.
👉pour… pic.twitter.com/ldz0DCrWFL

— Gérald DARMANIN (@GDarmanin) May 15, 2023

« Une mesure gadget »

Distribués par les forces de l’ordre dans l’espace public, ces flyers sont donc la première mesure concrète depuis l’annonce de la réforme de la procédure d’ordonnance de protection en mars par Élisabeth Borne.

Une opération de « féminisme washing » que dénonce le collectif Osez le féminisme. « C’est une mesure gadget, coûteuse qui ne règle en rien le problème. C’est aussi très audacieux que ces flyers soient distribués par les forces de l’ordre qui s’illustrent bien souvent par leurs entraves au bon déroulement d’une plainte lorsqu’une femme parle des violences subies  » .

Pour Boris Habert, secrétaire général à l’antenne parisienne de l’association Stop harcèlement de rue, cette opération est problématique car injonctive et sélective pour les victimes. « Le harcèlement de rue ne concerne malheureusement pas que les femmes mais aussi toutes les minorités et aucune mention n’est faite de celles-ci » et d’ajouter « Dire de porter plainte aux femmes c’est bien, rappeler aux personnes de ne pas agresser c’est mieux. Détailler les peines encourues ne serait pas superflu quitte à informer les gens »

Investir dans la formation et l’éducation

Au-delà de déclencher les moqueries des internautes et l’incompréhension des associations, ce qui pose problème dans le choix de cette opération de communication c’est bien que celle-ci, n’aborde pas le problème de fond à savoir mieux former les agents qui enregistrent les plaintes et responsabiliser davantage les agresseurs ou potentiels agresseurs.

« Quand on voit lors d’un dépôt de plainte que les agents ne respectent pas trop la confidentialité de la procédure, qu’il ne se passe rien lorsqu’un conjoint ne respecte pas une ordonnance de protection, on se dit qu’il faudrait peut-être les former avant de d’imprimer cinq millions de flyers qui vont finir à la poubelle  », s’indigne Violaine de Filippis-Abate, porte parole du collectif Osez le féminisme !

Dans certaines villes les collectifs n’ont pas attendu que le premier flic de France distribue des prospectus pour apporter une solution au harcèlement de rue. Inspirée d’une initiative anglaise, des associations féministes ont mis en place le dispositif « Angela » qui invite chaque personne se sentant en situation de danger imminent à se rendre dans un commerce et à demander à parler à Angela, soit un mot de passe pour prévenir du risque.

Certains enseignants bénévoles de l’association Stop harcèlement de rue ont aussi décidé de proposer des ateliers de sensibilisation dans lesmilieux scolaires afin d’expliquer concrètement ce qu’est une agression, et de détailler toutes les nuances du harcèlement de rue, là ou le flyer reste plus qu’évasif. « Harceler ce n’est pas juste insulter ou frotter, c’est aussi siffler ou faire des sous-entendus et bien plus encore et ça tout le monde ne le sait pas encore », conclut Boris Habert.