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Heureux comme un salarié de Ferrari

Tout va bien à Maranello. Les voitures du constructeur italien s’arrachent. Et l’entreprise récompense ses salariés avec une prime à faire rougir d’envie.

Par Beatrice Parrino
Un ouvrier debutant chez Ferrari en bas de l'echelle gagne en moyenne 22 000 euros bruts annuel. (Photo d'illustration)
Un ouvrier débutant chez Ferrari en bas de l’échelle gagne en moyenne 22 000 euros bruts annuel. (Photo d'illustration) © The New York Times-REDUX-REA / Federico Borella/NYT-REDUX-REA

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La ville dans la ville qui s'étire sous nos yeux a hérité d'un petit nom de ses habitués : « l'usine ». Ce n'est pas tout à fait cela, ou que cela. En plein cœur de la petite cité italienne de Maranello, située à une heure de Bologne, s'étale la puissante Ferrari. S'y activent 4 571 salariés. Que l'on repère sans effort dans les rues de la bourgade. Les ouvriers et les ingénieurs déambulent dans leur rouge de travail, plus ou moins comme ceux portés par les membres de la Scuderia Ferrari, engagée sur les circuits de Formule 1. Quant aux employés, aux designers…, ils se baladent flanqués de leur passe autour du cou. On les voit heureux passer les tourniquets de l'« usine ». Depuis la première voiture lancée en 1947 par le fondateur, Enzo Ferrari, rien, ou presque, n'est élaboré hors de ces murs. Un mythe.

Qui a de quoi donner le sourire aux collaborateurs de la société. Qui ne ferait pas de même ? Leur entreprise va leur verser une prime record de compétitivité. Êtes-vous bien assis ? Son montant s'élève à 12 614 euros bruts pour chaque salarié au titre des performances obtenues l'année dernière. Oui, oui… Mais la générosité de Ferrari ne s'arrête pas là. Aux salariés qui ne se sont pas absentés, même pas un jour, hors période de vacances évidemment, l'industriel versera un chèque plus élevé : 13 497 euros bruts. Jusqu'à 64 heures d'absence, la somme est donc de 12 614 euros. Puis une petite pénalité s'impose. À titre de comparaison, un ouvrier débutant chez Ferrari, en bas de l'échelle, gagne en moyenne 22 000 euros bruts annuel, en début de carrière. 

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Le syndicat Cisl, qui a adoubé l'accord, précise que les jours d'absence liés au Covid-19 ne sont pas comptabilisés dans les éventuelles pénalités. D'obédience catholique, l'organisation indique aussi une petite différence de traitement entre les deux grandes familles Ferrari, celle regroupant les salariés dédiés à la production de voiture pour les particuliers, et celle œuvrant sur les circuits de F1. Parce que la seconde n'a pas décroché le titre de champion du monde constructeurs dans la discipline reine du sport automobile, ses membres percevront 64 euros en moins que leurs collègues affiliés à la gestion dite technique. 

34,8 % de rentabilité

Ce niveau de prime constitue un record pour les salariés de Ferrari, meilleur encore que celui de 2021, déjà atteignant un sommet à 11 535,45 euros. Il est surtout le reflet des performances étourdissantes enregistrées par le constructeur l'année dernière. De Maranello sont sortis 13 221 exemplaires, qui lui ont permis d'engranger l'essentiel de son chiffre d'affaires de 5,09 milliards d'euros. Et surtout un enviable résultat net de 939 millions. Soit 71 023 euros par voiture vendue ! Contre 47 000 pour une Lamborghini et 15 000 pour une Porsche (chiffres 2021).

Peu sensible aux crises, Ferrari mène ainsi la course en tête dans l'industrie automobile de luxe, et s'approche piano piano de l'objectif fixé par Sergio Marchionne lors de son introduction en Bourse, en 2015. L'ex-patron de Fiat Chrysler, actionnaire de la marque au cheval cabré, affirmait que celle-ci devait atteindre la rentabilité du sellier Hermès (environ 42 %, contre 34,8 % pour l'italien). 

À LIRE AUSSIFerrari accélère dans l'électriqueDans son communiqué, le Cisl souligne que Ferrari continue de « dégager des records de quantité et de qualité, et représente le savoir-faire et le made in Italy par excellence. Nous souhaitons ainsi que l'entreprise en tienne compte pour la prochaine prime de compétitivité que nous allons négocier d'ici à la fin de l'année ». Il n'y a pas de petites discussions. Et de petits combats.

Le syndicat des métallos Fiom-CGIL, équivalent de la CGT, en est le spécialiste maison. Cette organisation regrette que le calcul de la prime ne tienne pas compte de toute la production, et elle n'a donc pas donné son feu vert... Soit. Qu'importe, Ferrari, une des marques les plus appréciées au monde, devrait encore arracher bien des sourires.

L'équipage Agnelli-Ferrari. La famille Agnelli, déjà actionnaire de Stellantis, détient 24,21 % de Ferrari, à travers sa holding Exor. Elle est liée à Piero Ferrari, fils du fondateur qui, lui, possède 10,23 % des actions. C'est à la demande d'Enzo Ferrari que les Piémontais, à l'origine de Fiat, sont entrés au capital de Ferrari, en 1969.