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Hôpital de Saint-Denis : Des bébés qui « pleurent dans le vide », des infirmières épuisées après un mois de grève

Un mois de grève, et un personnel épuisé. Les 39 infirmières du service de réanimation néonatale de l’hôpital Delafontaine à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) n’en peuvent plus. La grève a débuté le 29 décembre, mais les infirmières n’ont quasiment jamais arrêté de travailler, réquisitionnées pour assurer un service minimum. Houria*, infirmière, décrit des conditions de travail difficiles. En plus d’avoir en moyenne trois bébés à gérer, elle doit accomplir une multitude de tâches à côté. Laver les incubateurs, installer les perfusions, répondre aux questions des parents… Il arrive, raconte-t-elle, qu’il ne reste plus que deux infirmières dans le service pour gérer une quinzaine d’enfants.

« C’est notre quotidien de laisser pleurer des bébés »

Les bébés peuvent rester longtemps à pleurer sans personne pour venir les soulager. « Ils peuvent pleurer dans le vide pendant plus de 10 minutes », dit Houria*, meurtrie. « Cela fait partie de notre quotidien de laisser pleurer des bébés, s’il y a un bébé dont le taux d’oxygène diminue et d’autres qui pleurent nous ne pouvons pas aller les voir pendant parfois des dizaines de minutes sans même qu’on sache qu’ils pleurent », confirme Asia*, une autre infirmière.

A cause de la surcharge de travail, certains enfants et parents ne peuvent tout simplement pas obtenir les soins promis. « Par exemple, une maman que l’on devait aider à changer la couche et donner le biberon, nous lui avions dit que nous reviendrions vers 20 heures, mais à 20h30, il n’y avait toujours personne, alors elle est repartie chez elle. » Houria* se souvient aussi d’une mère, équipée d’un cathéter, qui attendait qu’on lui retire pour pouvoir aller aux toilettes, et qui a fini par uriner sur elle-même. Et les infirmières disent aujourd’hui avoir « peur » pour les bébés.

Caisse de grève

Une première réunion a eu lieu avec la direction le 27 décembre. Les infirmières demandaient, outre du personnel en plus, la majoration de leurs heures supplémentaires à 100 % et qu’un pneumatique soit installé dans le service pour descendre les bilans des petits patients et petites patientes. Sans succès. Alors, pour maintenir leur lutte, les infirmières ont mis en place une caisse de grève sur ces deux dernières semaines.

Mais une réunion la semaine dernière a eu plus de succès, et il semblerait que la sortie de grève se profile. Selon Sandra*, une infirmière présente à la réunion, la direction aurait accepté la majoration des heures supplémentaires à 100 % à partir du 1er novembre 2022, et la création de quatre postes d’auxiliaires de puériculture de jour et deux de nuit, correspondant à environ dix nouvelles embauches. Et surtout, le respect des ratios d’encadrement. Soit pas plus de deux bébés pour une infirmière en réanimation, trois pour une infirmière en soins intensifs et six pour une infirmière s’occupant de bébés ni en soins intensifs, ni en réanimation.

Sandra se félicite du tour que prennent les négociations : ​​« On est en attente, on ne sait pas encore si on va signer encore ce protocole de sortie de grève, mais si tout se passe bien, on signera. C’est déjà une grosse avancée, en comparaison des premiers échanges avec la direction. » Contacté par 20 Minutes, l’hôpital confirme : « La direction a accepté un certain nombre de revendications formulées à travers un protocole qui est en cours de finalisation en vue nous l’espérons d’une sortie de grève dans les prochains jours. »

*Les prénoms ont été changés