Il y a 40 ans, la Charente sort de son lit et déclenche « la crue du siècle »

5 décembre 1982. Il pleut à torrent sur la Charente. Deux mois que ça dure, presque sans discontinuer. Les terres sont saturées d’eau. Mais pour la première fois, le fleuve sort de son lit. Toute la région est en alerte. Pendant 17 jours, il va pleuvoir trois fois...

5 décembre 1982. Il pleut à torrent sur la Charente. Deux mois que ça dure, presque sans discontinuer. Les terres sont saturées d’eau. Mais pour la première fois, le fleuve sort de son lit. Toute la région est en alerte. Pendant 17 jours, il va pleuvoir trois fois plus qu’au cours d’un mois de décembre normal. Avec trois phases de crues, à Mansle, Angoulême, puis Jarnac.

Le premier épisode, entre le 5 et le 12 décembre, entraîne une montée générale de tous les cours d’eau. Le 10, la cote d’alerte est franchie à Angoulême. On annonce des montées d’eau de 40 à 50 cm en 24 heures. Le 13, Charente Libre titre « la situation devient préoccupante ». « À Angoulême, la piscine de Bourgine est inaccessible. Les berges de Port L’Houmeau sont inondées ».

Le 17, les bas quartiers de Cognac sont touchés. « Rue de Crouin, c’est Venise », titre CL. Le 20, le sujet continue de faire la Une: « L’Houmeau, Saint-Cybard et Besson Bey sont noyés ».

Le 21, le préfet déclenche le Plan Orsec. Le 23 décembre, la crue atteint son plus fort niveau et pulvérise tous les records enregistrés depuis un siècle. La veille de Noël, CL raconte : « Place de la Croix, une vieille dame accoudée à sa fenêtre regarde tranquillement. Ses meubles baignent dans près de 40 centimètres d’eau, elle se déplace en bottes dans la salle de séjour ».

Avant la décrue, le fleuve Charente a atteint 6,84 mètres au niveau du pont Palissy de Saintes, établi comme un point de repère. C’est la crue du siècle. Celle de janvier 1994, très importante également a été mesurée à 6,67 mètres, au même endroit. La plus récente, en février 2021, a atteint 6,18 mètres.

Le bilan de ce triste et très humide mois de décembre 1982 : 3.000 maisons sinistrées, des centres économiques fortement touchés, des réseaux de transport, d’approvisionnement en eau et en électricité dégradés.

Des conséquences sanitaires aussi avec un regain de maladie et des troubles psychologiques pour des sinistrés. Selon la Direction départementale du travail en Charente, le coût financier des dommages directs de cette crue exceptionnelle est estimé à environ 100 millions d’euros. Et pour terminer sur une note positive : l’épisode n’a provoqué aucun décès direct.

Dans les archives de l’INA, un reportage télé raconte l’événement, à Poitiers mais pas en Charente. La vidéo est à découvrir en cliquant sur ce lien.