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Inde : l’ascension et la débâcle boursière de Gautam Adani, milliardaire indien

C’est tout un empire qui s’effondre. Le conglomérat du magnat indien Gautam Adani a perdu plus de 100 milliards de dollars (plus de 95 milliards d’euros) en valeur en moins de dix jours, et le cours de plusieurs de ses titres a continué de plonger jeudi 2 février. Les échanges d’actions de plusieurs entreprises de l’empire Adani ont même été suspendus après un plongeon dès l’ouverture de la Bourse de Bombay.

Un revers de fortune colossale pour la plus grande fortune d’Asie qui voit son empire désormais menacé de faillite.

►L’avènement

Gautam Adani est né en 1962 à Ahmedabad (État du Gujarat dans l’ouest de l’Inde), dans une famille de la classe moyenne. Il abandonne ses études et passe son adolescence à Bombay dans l’industrie du diamant, avant de lancer en 1988 son entreprise d’import-export.

Alors qu’il cherche à diversifier ses activités, l’homme d’affaires parvient en 1995 à remporter le contrat de construction et d’exploitation du port de commerce de Mundra, devenu depuis le plus grand port du pays, au moment où l’économie indienne commençait à s’épanouir. En parallèle, Gautam Adani se lance dans le commerce des matières premières.

► L’heure de gloire

Le milliardaire indien voit son empire se développer à toute vitesse. Le cours d’Adani Enterprises, le fleuron du conglomérat, s’était envolé de plus de 1.000 % ces cinq dernières années. Il dirige aujourd’hui le troisième plus grand conglomérat de l’Inde avec des intérêts allant de la production d’énergie thermique à l’exploitation du charbon, en passant par les huiles comestibles, les aéroports et les médias. Ces dernières années, le groupe fait une percée dans la pétrochimie, le ciment, les centres de gestion de données ou encore le raffinage du cuivre.

► Une ascension éclair mais entaché

Le développement de ces activités s’est toutefois accompagné des controverses, notamment autour de son rachat d’un bassin houiller en Australie qui a entraîné des années de manifestations en raison des inquiétudes suscitées par l’impact environnemental monumental du projet.

Ses projets d’exploitation du charbon dans le centre de l’Inde ont aussi conduit à la destruction de forêts abritant des communautés tribales. En accord avec les politiques énergétiques du gouvernement, le milliardaire investit également dans les énergies vertes.

► Un milliardaire proche du pouvoir

Gautam Adani est considéré comme un proche soutien du premier ministre nationaliste hindou Narendra Modi. Natifs du Gujarat, les deux hommes ont de nombreux points communs, souligne L’Express en novembre 2022.

Leur rencontre remonte à 2002, lorsque le nationaliste hindou dirigeait cet État, explique le magazine. Malgré les accusations de passivité à l’encontre de Narendra Modi lors du pogrom anti-musulmans, Gautam Adani lui apporte son soutien. Les liens personnels entre les deux hommes vont favoriser l’ascension éclair du groupe notamment dans le secteur des infrastructures stratégiques.

En août 2022, Gautam Adani lance une offre d’achat hostile visant le radiodiffuseur New Delhi Television (NDTV). La manœuvre suscite de vives craintes en matière de liberté de la presse, NTDV étant considéré jusqu’alors comme la dernière grande voix « quasi indépendante » du paysage audiovisuel indien. Une situation inquiétante pour l’Inde, déjà classée au 150e rang sur 180 pays au classement 2022 sur la liberté de la presse de Reporters sans frontières.

► Un rapport alarmiste

Le recours fréquent aux emprunts devient rapidement le talon d’Achille de l’empire et de son expansion rapide dans des activités exigeant énormément de capital.

Le coup fatal est porté par un rapport de la société d’investissement américaine Hindenburg Research, publié le 24 janvier dernier. Celui-ci accuse le groupe Adani d’avoir eu recours à des transactions non divulguées et à des manipulations comptables pour « maintenir l’apparence de bonne santé financière et de solvabilité » de ses filiales cotées en Bourse.

► De lourdes conséquences

Le rapport a conduit les investisseurs à tourner le dos au groupe. Le conglomérat Adani a perdu 104 milliards de dollars de capitalisation boursière depuis la publication du rapport, bien que son fondateur ait insisté jeudi 2 février sur le fait que les fondamentaux de la société étaient « très solides » et que son bilan était sain.

En quelques jours, le milliardaire a perdu près de 60 milliards de dollars, le faisant passer du troisième au quinzième rang dans le classement des plus grandes fortunes mondiales établi par Forbes.

L’affaire secoue également le Parlement indien. Celui-ci a dû être ajourné jeudi 2 février matin après des éclats répétés de députés exigeant du gouvernement un débat sur Adani et le niveau d’exposition des banques du secteur public et des institutions financières.