France
This article was added by the user . TheWorldNews is not responsible for the content of the platform.

INEDIT - «Si je perdais, elle était malade» : Yannick Noah revient sur le rôle déterminant de sa mère

Yannick Noah

Yannick Noah en 1980, lors de ses débuts professionnels. © GABRIEL DUVAL / AFP

Gauthier Delomez (propos recueillis par Jacques Vendroux) / Crédits photo : GABRIEL DUVAL / AFP 06h00, le 31 mai 2023

Dans un podcast exceptionnel réalisé par Europe 1 Studio, Yannick Noah se confie à Jacques Vendroux 40 ans après sa victoire mythique à Roland-Garros. L'ex-champion de tennis revient sur ses débuts, difficiles sur le plan personnel, marqués par un éloignement avec sa famille et notamment sa mère, qui a accepté de le laisser partir en pension.

"On parle souvent des sacrifices des joueurs, mais on oublie l'entourage, on oublie les sacrifices, les rêves, la torture des parents qui se séparent de leurs gamins pendant des années, et qui sont les plus belles années de la vie." C'est en ces mots que Yannick Noah se souvient de la difficulté sur le plan de la vie personnelle, de débuter une carrière dans le tennis. À l'occasion des 40 ans de sa victoire à Roland-Garros, Jacques Vendroux s'est entretenu avec celui qui reste, encore à ce jour, le dernier vainqueur français en Grand Chelem, dans un podcast exceptionnel.

"Ce n'est pas ordinaire d'avoir ton enfant qui part si jeune"

L'ancien joueur relate le moment où il a dû quitter sa famille pour la première fois. "Maman a été une maman. Ce n'était pas ordinaire d'avoir ton enfant qui part si jeune", affirme-t-il au micro d'Europe 1, expliquant qu'elle avait accepté de le laisser partir en pension. "Je lui ai demandé 'mais comment tu as fait ?'. Ce n'est pas comme si j'allais en pension parce que j'étais puni, parce que j'avais déconné... Non, j'y allais parce que je voulais jouer au tennis qui est quelque chose de complètement abstrait, avec très peu de chances de réussite en plus", souligne-t-il.

Ce n'est que plus tard que sa mère a répondu à son interrogation, quand il a été confronté à la même situation avec son fils Joakim devenu une star du basket. "Elle m'a dit 'écoute, je ne vais pas te mettre de pression particulière, mais je pense que pendant cinq ou six ans avant que je rentre en France, j'ai pleuré tous les soirs'".

Le soutien affirmé de sa maman

Yannick Noah partage ce vide qu'il a vécu étant plus jeune. "L'enfance, l'adolescence, je n'ai pas vécu ça avec mes parents. Je l'ai ressenti après, quand j'ai dû me construire en tant qu'homme. Mes parents n'ont jamais eu ça, ils ont eu leur fils aîné avec lequel ils n'ont jamais vécu. Donc quand on se voyait, c'était toujours très intense mais trop court", se remémore l'ancien champion français, qui salue les sacrifices de sa mère : "Maman était sportive, du coup cette énergie et cette frustration, elle l'a mis dans l'encouragement. Donc quand je jouais, si je perdais, elle était malade".

Une remarque que sa maman confirme au micro d'Europe 1... "S'il y avait un gars qui sifflait contre Yannick, je pouvais descendre ! Je me rappelle pendant la Coupe Davis, je m'étais disputée avec un mec dont la fille était amoureuse de (Pete) Sampras. Je dis 'mais comment elle peut encourager Sampras ! Mais ce n'est pas possible, c'est Yannick qui joue !'. Et c'était sincère", raconte-t-elle.

"Si je gagnais un tournoi, je savais qu'elle était heureuse, et sans l'exprimer. 'Je t'aime', on ne se parlait pas comme ça, mais c'était dans le ressenti", poursuit Yannick Noah auprès de Jacques Vendroux. "Je sais qu'il y a certains joueurs français qui étaient mes adversaires, et même après que j'ai arrêté, je pense que maman mettait des pics dans des poupées pour qu'ils perdent", relate l'ancien numéro 3 mondial, affirmant que sa mère était "effondrée" quand d'autres joueurs tricolores jouaient mieux que son fils. Un sentiment que sa maman n'a pas connu lors de la demi-finale de Roland-Garros 1983, lorsque Yannick Noah défait avec brio son compatriote Christophe Roger-Vasselin pour se hisser en finale.