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Inflation : l’autre plongée dans le noir [Le point de vue de CL]

Inflation : l’autre plongée dans le noir [Le point de vue de CL]

photo illustration archive CL

Par Maurice BONTINCK - m.bontinck@charentelibre.fr, publié le 1 décembre 2022 à 21h48.

Retrouvez notre éditorial du vendredi 2 décembre.

Pendant que le pays a les yeux rivés sur les conséquences d’éventuelles coupures d’électricité cet hiver, un autre big-bang se prépare sur la liste. Celle de nos provisions. Et là, ce n’est pas l’hypothèse d’un scénario noir : les prix alimentaires vont bel et bien...

Pendant que le pays a les yeux rivés sur les conséquences d’éventuelles coupures d’électricité cet hiver, un autre big-bang se prépare sur la liste. Celle de nos provisions. Et là, ce n’est pas l’hypothèse d’un scénario noir : les prix alimentaires vont bel et bien continuer de s’envoler et dans des proportions telles que l’inflation des produits alimentaires sera nettement au-dessus de 10 %.

Si la France fait encore figure de bon élève européen pour l’inflation générale - +7,1 % en novembre, seule l’Espagne fait mieux - les ménages français ont déjà bien compris que le pire était à venir. Ils ont bien senti dans les supermarchés que l’inflation atteignait déjà les 12 % avec des pointes terribles pour certains produits élémentaires. Les coquillettes ou les bâtonnets de poisson surgelé ont augmenté en un an de… 30 %.

Résultat, en octobre, la consommation globale des ménages a nettement reculé : 2,8 %, soit la baisse la plus importante depuis avril 2021 alors que le pays était en plein dans son troisième confinement. Comment va se passer ce mois de décembre, celui des fêtes et celui si capital pour nombre de commerces ?

En prévision des mois terribles annoncés, la liste de Noël risque bien de pâtir préventivement de l’inflation galopant partout dans les rayons en 2023. Des patrons comme Michel-Édouard Leclerc évoquent même un « tsunami ». Il suffit pour s’en convaincre de se pencher sur les négociations actuelles entre les industriels de l’agroalimentaire et les distributeurs.

Ces négociations annuelles voient les demandes des premiers s’envoler littéralement, poussés par les coûts de l’énergie mais aussi par la très grande majorité des matières premières agricoles ou des emballages. Si ces négociations viennent seulement de débuter et doivent se poursuivre jusqu’au 1er mars, certains industriels arrivent avec des demandes d’augmentation allant jusqu’à 25 ou 30 %, factures d’énergie à l’appui. Et même si ce n’est qu’un point haut de départ, à l’arrivée, la demande de hausse n’est jamais divisée par plus de deux.

On en arrive à des situations où certains distributeurs, eux-mêmes concernés par des augmentations de leurs charges, préfèrent retirer des produits de leur propre marque de premier prix. Avec en tête de gondole des premiers menacés, les PME qui sont en plein brouillard duquel sort une seule certitude : leurs factures énergétiques vont s’envoler dans des proportions insoutenables sans encore savoir à quel niveau exactement.

Dans ce tableau très sombre pour les consommateurs comme les entreprises, on en est presque à se dire que pour le gouvernement, des coupures d’électricité seront plus faciles à gérer que ce « tsunami » qui vient.