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Insécurité : « Nantes n’est plus la ville hyper-cool d’il y a quelques années »

En ce vendredi, attablées place du Commerce, elles profitent de la pause déjeuner pour engloutir un burger. Les problèmes d’insécurité à Nantes, qui font les gros titres de la presse depuis une semaine, ces quatre lycéennes en ont bien évidemment entendu parler. Comme tout le monde. Sans vraiment être surprises. Quand l’une d’elles sort, en journée ou le soir, « ce n’est jamais seule », explique Léonore, citant particulièrement deux quartiers : Commerce et l’Île-de-Nantes. « Tout est compliqué, et c’est de pire en pire », ajoute sa copine Eva.

Une insécurité qui dépasse le simple sentiment

Ce sentiment d’insécurité n’est sans doute pas partagé par tous les habitants d’une ville qui bénéficiait, jusqu’alors, d’une solide réputation de cité avenante, festive et accueillante. Avec une attractivité qui ne fléchit pas. La métropole accueille encore quelque 9 000 nouveaux habitants par an.

Pour autant, depuis ces dernières années, la question sécuritaire est au cœur des discussions. En famille ou chez des amis, tous racontent leurs mésaventures. Doulon, quartiers Est, des coups de genou dans la tête pour récupérer des écouteurs sans fils vissés dans les oreilles d’un lycéen, tout en ayant montré ostensiblement un couteau au préalable. Guist’hau, centre-ville, une course-poursuite avec un collégien dont les parents ne veulent plus désormais qu’il aille seul à son entraînement de basket. Zola, quartier ouest, braqué par-derrière pour lui dérober son portable. Chantenay, toujours à l’ouest, une sacoche arrachée à l’arrêt de bus. À Nantes, l’insécurité n’est pas seulement un sentiment. Elle se vit.

Arrêt de tramway Commerce, à Nantes, quartier qui concentre une partie des problèmes d'insécurité.
Arrêt de tramway Commerce, à Nantes, quartier qui concentre une partie des problèmes d’insécurité. (Le Télégramme/Philippe Créhange)
Quand une ville est attractive, elle ne l’est pas que pour les cols blancs

Premiers témoins de ce phénomène, les commerçants ne cachent plus leur ras-le-bol. « Pendant des années, Nantes était la petite ville de province, la belle endormie. Puis elle a commencé à bouger et devenir attractive. Et quand une ville est attractive, elle ne l’est pas que pour les cols blancs », raconte ce patron de bar, dans le quartier Bouffay, ayant 20 ans de métier. « La ville n’est plus la ville hyper-cool d’il y a quelques années. Il y a dix ans, on était vraiment dans l’insouciance. On est passé d’un extrême à l’autre. »

Même discours chez ce confrère de Graslin, quartier qui était pourtant la vitrine du chic à la nantaise. « C’était la ville la plus agréable de France. Mais j’ai arrêté les fermetures à 4 h. Je ferme à 2 h. Mercredi soir, une de mes employés s’est fait agresser pour la troisième fois. »

Rencontre mardi entre Rolland et Darmanin

Raison de cette insécurité ? Les deux patrons n’y vont pas par quatre chemins : ils pointent du doigt les jeunes migrants - mineurs ou non - qui zonent jour et nuit. « S’il y a un lien entre immigration et violence ? Il n’y a que dans le monde des bisounours que l’on se pose la question », s’insurge l’un d’eux. « Ils n’ont plus rien à perdre, ils sont alcoolisés ou drogués. Et ils n’ont pas peur car ils ne risquent rien. » Son collègue est d’accord. « Nantes a la réputation d’être cool côté justice comparée à Angers ».

Une stigmatisation insupportable aux yeux de Johanna Rolland. Lors d’un point presse ce vendredi, la maire a ainsi réaffirmé que les problèmes provenaient exclusivement du trafic de stupéfiants, qui gangrène les quartiers et la ville entière. Pas de l’immigration. Elle abordera d’ailleurs, mardi prochain, le sujet avec le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, lors d’un rendez-vous à Paris. Pour, espère-t-elle, obtenir des renforts de la Police nationale. En jeu : 80 nouveaux fonctionnaires.

Quartier Commerce, à Nantes, qui concentre une partie des problèmes d'insécurité.
Quartier Commerce, à Nantes, qui concentre une partie des problèmes d’insécurité. (Le Télégramme/Philippe Créhange)

« C’est pas Chicago »

Alors ? Les guerres entre bandes rivales pour le marché de la drogue à l’origine de tous les maux nantais ? Du côté des forces de l’ordre, on ne partage pas vraiment le point de vue de la maire. « Nantes est une ville bien pensante qui accueille beaucoup d’associations et de personnes favorables à l’accueil de migrants mais sans mettre les moyens qui vont en face pour les accueillir… », souligne un fonctionnaire sous couvert d’anonymat « Notre maire n’a pas arrêté de dire qu’elle voulait accueillir toute la misère humaine, mais sans ouvrir assez de structures pour la recevoir », complète ce commerçant. ?

Hyper-attachés à leur ville, ces Nantais ont bien conscience qu’en témoignant de la sorte, ils participent à la dégradation de l’image de leur cité. Mais, paradoxe, ils fustigent certains médias ou personnalités, comme CNews et Pascal Praud - un Nantais - qui participent à créer cette atmosphère. « Car ce qui se passe n’est pas propre à Nantes », relève l’un d’eux. « Toutes les grandes villes ont ces problèmes. Et puis il n’y a pas des mecs qui t’attendent à chaque coin de rue avec des couteaux ou des machettes. C’est pas Chicago. »

Quartier Commerce, à Nantes, qui concentre une partie des problèmes d'insécurité.
Quartier Commerce, à Nantes, qui concentre une partie des problèmes d’insécurité. (Le Télégramme/Philippe Créhange)