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Internet « étranglé » par les autorités iraniennes, les États-Unis contre-attaquent

Après Facebook, Twitter ou encore TikTok, ce sont WhatsApp et Instagram qui ont été bloqués en Iran ces derniers jours. En effet, alors que les manifestations dans le pays ont débuté le 16 septembre à la suite du décès de Mahsa Amini, trois jours après avoir été arrêtée et battue par la police des mœurs iranienne pour port « inapproprié » du voile islamique, les autorités iraniennes imposent des restrictions drastiques sur l'accès à internet.

Les manifestations, qui ont éclaté dans plus de 80 villes à travers le pays, sont durement réprimées. « Au moins 76 manifestants ont été tués par les forces de l'ordre, dont au moins six femmes et quatre enfants » annonçait dans un communiqué l'ONG Iran Human Rights le 26 septembre 2022.

Ainsi, le Quai d'Orsay a appelé l'Iran à mettre fin à la répression des manifestations anti-gouvernementales organisées dans le pays. « La France appelle l'Iran à cesser cette répression brutale, à respecter pleinement ses engagements internationaux en matière de droits de l'homme (...) et à garantir la liberté de réunion pacifique et d'association ainsi que la liberté d'opinion et d'expression, notamment sur internet » était-il écrit dans un communiqué du ministère des Affaires étrangères publié le 26 septembre dernier.

« Une apparente tentative de limiter la diffusion d'images des manifestations »

« Ce n'est toujours pas un blocage d'internet (...), le terme le plus simple pour décrire ce qui se passe est un étranglement extrême », a déclaré le 28 septembre à l'AFP Mahsa Alimardani, chercheuse de l'association Article 19, engagée dans la défense de la liberté d'expression. Avec le blocage des plateformes comme YouTube, Facebook, Telegram, Twitter et TikTok ces dernières années, WhatsApp et Instagram étaient les applications les plus utilisées en Iran.

Même si les autorités iraniennes n'ont pas complètement coupé le réseau, de nombreux manifestants dénoncent aujourd'hui une « apparente tentative de limiter la diffusion d'images des manifestations qui ont éclaté à travers le pays ». Les perturbations sont très fortes sur internet et Mahsa Alimardani précise que les déconnexions étaient les plus intenses à partir de la fin de l'après-midi jusqu'à minuit, lorsque se déroulent la majorité des manifestations.

En conséquence, des militants et chaînes de télévision basés en dehors des frontières iraniennes ont remarqué une nette diminution de vidéos de manifestations en ligne, preuve que ces restrictions ont un effet important et permettent au gouvernement de filtrer les informations.

De plus, le recours aux réseaux privés virtuels (VPN), service permettant de naviguer sur le web en contournant le blocage grâce à la dissimulation de l'adresse IP, est également rendu plus complexe. Ainsi, sans ces logiciels évitant la censure, la majorité des pages web hébergées hors du pays sont inaccessibles, surtout quand « le gouvernement bloque également les serveurs DNS (système de nom de domaine) du pays, dont le bon fonctionnement est essentiel pour assurer la connexion au réseau mondial » signale Reporters sans frontières.

Levée américaine d'interdictions de commerce avec l'Iran

Si ces restrictions ne sont pas comparables à la fermeture totale d'internet en novembre 2019, lors de la répression des manifestations qui avait fait au moins 321 morts selon l'ONG Amnesty International, elles sont toutefois les plus sévères depuis cet épisode. Les États-Unis ont annoncé le 23 septembre la levée de quelques interdictions de commerce avec l'Iran dans le but de permettre aux entreprises technologiques de fournir des plateformes et services permettant aux Iraniens d'accéder à internet.

« Les États-Unis prennent des mesures pour soutenir la libre circulation de l'information et l'accès à des informations factuelles au peuple iranien » a annoncé le département américain au Trésor dans un communiqué. Cette décision américaine appuie alors l'engagement du pays en faveur de la population iranienne. Dès le 22 septembre, le département du Trésor des États-Unis a émis des sanctions économiques à l'encontre de « la police des mœurs d'Iran et de sept hauts dirigeants de la sécurité iranienne responsables de cette oppression ».

« Starlink fera une demande d'exemption aux sanctions contre l'Iran » annonçait également Elon Musk le 19 septembre. En effet, le fondateur de l'entreprise aérospatiale SpaceX entend proposer des services de connexion à internet via ses satellites Starlink. Ce service, lancé fin 2020, permet d'accéder à internet dans les zones mal desservies par les réseaux fixes et mobiles terrestres, à condition d'acheter une antenne, un modem et un abonnement dont les prix varient selon les pays. Certains élus du Congrès américain ont demandé, dans une lettre adressée à la secrétaire au Trésor Janet Yellen, l'accélération de « toutes les demandes de licence connexes des entreprises (...), y compris de Starlink » afin de rétablir la connexion en Iran.

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Les hacktivistes, des acteurs mobilisés

D'autres opérations, plus offensives, se multiplient afin de permettre aux Iraniens de naviguer librement sur le web. Dès le 21 septembre, le journaliste Jeff Stone mentionnait que des attaques par déni de service distribuées (DDoS), attaques informatiques visant à rendre indisponible un service, auraient touché des agences d'État et les sites des dirigeants iraniens.

De plus, Check Point Research, fournisseur d'informations sur les cyber menaces à l'ensemble de la communauté du renseignement, observait que des groupes de pirates usent de Telegram, Signal ou du « dark web » pour soutenir les manifestants anti-gouvernementaux en Iran et les aider à contourner les restrictions du régime. L'action de ces hackers ne vise donc pas à rétablir internet, comme le font les États-Unis, mais bien à attaquer les cadres du régime islamique.

(Avec AFP)