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Interpellations, jets de grenades : que s’est-il passé dans un bar LGBT de la capitale après la manifestation du 28 mars ?

Mardi 28 mars dans la soirée, quelques heures après la fin de la dixième journée de mobilisation contre la réforme des retraites, le député Nupes de l’Essonne Antoine Léaument diffuse sur Twitter une vidéo, récupérée auprès d’un riverain. Filmée en hauteur, elle montre une voiture de police entourée par une dizaine de personnes, qui tentent de l’empêcher de démarrer et crient «Vous faites quoi, là ? Libérez nos camarades !» Deux grenades, lacrymogènes d’abord, puis de désencerclement, explosent sur la chaussée, tandis que le véhicule parvient à partir.

🚨 ALERTE - Alors que des jeunes étaient installés tranquillement dans un bar LGBTQIA+, des policiers sont intervenus et ont arrêté et menotté un jeune homme au hasard sans autre forme de procès.

Ses amis ont essayé d’empêcher la voiture de partir.

Les policiers ont avancé. pic.twitter.com/Z5hIL1ljsn

— Antoine Léaument 🇫🇷 (@ALeaument) March 28, 2023

La scène a lieu aux alentours de 23 h 30 dans un bar LGBTQIA+ du XIe arrondissement de Paris, non loin de la place de la Nation, point d’arrivée de la manifestation. Là se réunissent des manifestants, dont la plupart ont marché avec le Pink bloc, cortège qui vise à rendre visibles «les luttes LGBT au sein de la mobilisation contre la réforme des retraites».

Céline (le prénom a été changé) était sur place. Elle raconte à CheckNews : «Quand la voiture de police est passée, on était nombreux et nombreuses dehors, à parler ou fumer des clopes. Il y avait un petit groupe de gens sur le côté. L’un d’entre eux, qui avait un autocollant, de ceux qu’on distribue en manifestation, collé sur le blouson, était de dos, en train de discuter avec ses amis. Les policiers l’ont attrapé et mis dans la voiture.» Cette personne a-t-elle été prise au hasard par les forces de l’ordre ? «Cela donne cette impression, répond Céline. De ce que j’ai vu, il n’y avait strictement aucune raison pour l’interpeller

Une fois le manifestant dans la voiture, plusieurs d’entre eux se regroupent autour du véhicule, demandant la raison de l’interpellation. «Au début, ils ont démarré doucement, puis ils ont lancé des grenades et la voiture a démarré violemment.» Si les grenades n’ont pas été jetées à l’intérieur de l’établissement, leur effet «a été important», détaille encore Céline. «Il y avait de la fumée dans le bar, deux personnes ont fait un malaise, un sur place, une autre un peu plus tard.» D’après nos informations, dans un second temps, une autre voiture de police est arrivée pour embarquer une femme qui s’était interposée lors de la première interpellation.

«Défi réciproque»

Une autre témoin présente au moment des faits et contactée par CheckNews apporte davantage de précisions, notamment sur le contexte précédant les évènements : «Je suis arrivée au bar vers 20 h 40, les fourgons de police étaient présents massivement dans les rues, je pense qu’ils quittaient la place de la Nation. Dans le quartier, ils se faisaient huer par les gens en terrasse. Devant le bar, notamment, des gens criaient les slogans “Acab” et “Tout le monde déteste la police”.» Elle poursuit : «Les policiers se sont arrêtés une première fois et il y a eu une scène de défi réciproque. Ils sont sortis de la voiture, laissant entendre qu’ils allaient charger, et puis ils sont repartis.» Ils reviennent près de deux heures trente plus tard, afin de procéder à l’interpellation qui a été captée en vidéo et diffusée.

Le collectif Inverti.e.s, à l’origine du Pink bloc, n’a pas répondu à nos sollicitations. Mais a publié, ce mercredi 29 mars, un communiqué sur le club de Mediapart, appelant au rassemblement devant le commissariat du VIIIe arrondissement. Un billet qui corrobore la chronologie du début de soirée rapportée par la témoin. Il indique ainsi : «A plusieurs reprises, plusieurs camions policiers sont passés devant le bar et nous avons chanté des slogans auxquels ils ont répondu par de timides provocations. Deux heures après, alors que la situation était complètement calme, les policiers sont revenus avec la détermination de nous punir. Ils ont menotté une personne du bar prise au hasard.» Dénonçant un «harcèlement policier», le collectif estime que la symbolique de ce geste est forte, leur rappelant la révolte des clients du bar gay Stonewall Inn en juin 1969 à New York, face aux descentes de police. Un évènement qui a conduit à plusieurs nuits d’émeutes et marqué la naissance de la Marche des fiertés.

Dans cette affaire, le parquet de Paris, sollicité par CheckNews, confirme que deux personnes «ont été placées en garde à vue hier soir pour des faits d’“outrages et violences sur personnes dépositaires de l’autorité publique”».