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Iran : le procureur général annonce la dissolution de la police des mœurs

Le procureur général iranien a annoncé samedi l'abolition de la police des mœurs à l'origine de l'arrestation de Mahsa Amini, dont la mort en détention a provoqué trois mois de contestation populaire. Cette annonce, qui intervient à la veille de trois jours de mobilisation et de grèves anti-régime, n'a pas été confirmée par le gouvernement.

La police des mœurs iranienne a-t-elle vraiment été dissoute ? Mohammad Jafar Montazeri, le procureur général iranien, a annoncé samedi 3 décembre la dissolution de la police des mœurs à l'origine de l'arrestation pour "tenue indécente" de Mahsa Amini le 13 septembre à Téhéran.

"La police des mœurs (...) a été abolie par ceux qui l'ont créée", a indiqué samedi soir à Qoms, Mohammad Jafar Montazeri, selon des propos rapportés par l'agence de presse Isna.

Une information pour l'heure non confirmée par les autorités iraniennes d'où une certaine prudence de nombre d'observateurs, spécialistes de l'Iran.

ATTENTION avec le procureur général de l'#Iran, Mohammad Jafar Montazari, qui aurait annoncé l'abolition de la police des moeurs. Comme il le dit lui même, elle n'a rien à voir avec le pouvoir judiciaire. Il faut attendre une confirmation du gouvernement. https://t.co/hXDX3kaiKt

— Armin Arefi (@arminarefi) December 4, 2022

Cette annonce, considérée comme un geste envers les manifestants, est intervenue après la décision samedi des autorités de réviser une loi de 1983 sur le port du voile obligatoire en Iran, imposé quatre ans après la révolution islamique de 1979.

"(Le procureur général) a aussi affirmé que cette police n’avait aucun lien avec la justice et que la justice allait continuer son travail de surveillance des activités dans la société", a précisé Siavosh Ghazi, correspondant pour France 24 et RFI en Iran.

Même si la police des mœurs est abolie dans sa forme actuelle, le voile est toujours obligatoire en #Iran donc le régime doit toujours l’appliquer. Cela semble être une opération de diversion en amont des grandes mobilisations prévues en Iran la semaine prochaine. https://t.co/IVruP4Xcp6

— Farid Vahid (@FaridVahiid) December 4, 2022

C'est la police des mœurs qui avait arrêté le 13 septembre Mahsa Amini, une Kurde iranienne de 22 ans, à Téhéran en l'accusant de ne pas respecter le code vestimentaire strict en République islamique, qui impose aux femmes le port du voile en public.  Sa mort a été annoncée trois jours plus tard. Selon des militants et sa famille, Mahsa Amini a succombé après avoir été battue, mais les autorités ont lié son décès à des problèmes de santé, démentis par ses parents. Son décès a déclenché une vague de manifestations durant lesquelles des femmes, fer de lance de la contestation, ont enlevé et brûlé leur foulard, en criant "Femme, vie, liberté".

Une unité de police très contestée

Cette police, connue sous le nom de Gasht-e Ershad (patrouilles d'orientation), a été créée sous le président ultraconservateur Mahmoud Ahmadinejad, pour "répandre la culture de la décence et du hijab". Elle est formée d'hommes en uniforme vert et de femmes portant le tchador noir, qui couvre la tête et le haut du corps.

Cette unité a commencé ses premières patrouilles en 2006.

Le rôle de la police des mœurs a évolué au fil des années, mais il a toujours divisé, même parmi les candidats à la présidentielle.

Sous le mandat du président modéré Hassan Rohani, on pouvait croiser des femmes en jeans serrés portant des voiles colorés.

Mais en juillet dernier, son successeur, l'ultraconservateur Ebrahim Raïssi, a appelé à la mobilisation de "toutes les institutions pour renforcer la loi sur le voile", déclarant que "les ennemis de l'Iran et de l'islam voulaient saper les valeurs culturelles et religieuses de la société en répandant la corruption".

Les femmes qui enfreignent le strict code vestimentaire de la République islamique d'Iran risquaient d'être embarquées par cette unité.

Samedi, le même procureur, Mohammad Jafar Montazeri, a également annoncé que "le Parlement et le pouvoir judiciaire travaillaient" sur la question du port du voile obligatoire, sans préciser ce qui pourrait être modifié dans la loi.

Avec AFP