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Iran: le vent de colère ne retombe pas

Iran: le vent de colère ne retombe pas
La mort de Mahsa Amini, arrêtée par la police des mœurs et de la vertu, a suscité un immense mouvement de colère en Iran et ailleurs dans le monde.

Photo AFP

publié le 6 octobre 2022 à 20h40.

Ce sont les plus importantes manifs depuis celles de 2019 contre la hausse du prix de l’essence. Engagée depuis deux semaines, la lutte des femmes iraniennes s’inscrit dans la durée malgré la répression croissante.

L’Iran est secoué depuis plus de deux semaines par une vague de manifestations dans tout le pays après la mort de Mahsa Amini, une Iranienne kurde de 22 ans, décédée trois jours après son arrestation pour infraction au code vestimentaire strict de la République islamique, qui oblige notamment les femmes à porter le voile dans l’espace public.

Les manifestations sont devenues les plus importantes en Iran depuis celles de 2019 contre la hausse du prix de l’essence.

En descendant chaque soir dans les rues de Téhéran aux cris de « Femme, vie et liberté », des Iraniennes ont le sentiment d’avoir pris leur vie en main et sont fières aussi d’avoir entraîné des hommes dans leur sillage. Pour Farideh, 64 ans, pas de doute, « les femmes obtiendront ce qu’elles demandent », notamment le droit de porter les vêtements qu’elles veulent, notamment le voile. Reste à savoir « quand et comment ». « Je ne peux pas le dire avec certitude », concède-t-elle.

Au moins 92 personnes ont été tuées depuis le 16 septembre, selon l’ONG Iran Human Rights, basée à Oslo, tandis que les autorités avancent un bilan d’environ 60 morts parmi lesquels 12 membres des forces de sécurité. Plus d’un millier de personnes ont été arrêtées et plus de 620 relâchées dans la seule province de Téhéran, selon les autorités. Des étudiants se sont rassemblés le week-end dernier avant d’être confrontés à la police antiémeute qui les a coincés dans un parking souterrain de l’université de technologie Sharif de Téhéran avant de les interpeller.

Au moins 82 personnes ont par ailleurs été tuées depuis vendredi dernier dans la répression des manifestations qui ont éclaté à Zahédan, dans le sud-est de l’Iran, a affirmé jeudi l’ONG Amnesty International. après des accusations selon lesquelles un chef de police de la ville portuaire de Chabahar, également située dans la province du Sistan-Baloutchistan, aurait violé une adolescente de 15 ans appartenant à la minorité sunnite baloutche (lire en encadré).

Les manifestations de soutien au peuple iranien se multiplient par ailleurs à l’international depuis deux semaines.

Que s’est-il passé à Zahédan?

Les forces de sécurité iraniennes ont tiré sur des manifestants et tué 82 personnes (dont des enfants) la semaine dernière à Zahédan, ville de la province du Sistan-Baloutchistan dans le sud-est de l’Iran.
Les médias proches du pouvoir iranien ont pour leur part décrit les affrontements de Zahédan, ayant commencé le 30 septembre après la prière du vendredi, comme un « incident terroriste » dirigé contre un poste de police et ayant conduit à la mort de cinq membres des Gardiens de la Révolution, l’armée idéologique de la République islamique.
Mais au cours du « vendredi sanglant de Zahédan », les forces de sécurité ont « réprimé dans le sang » une manifestation qui avait éclaté après la fin de la prière, affirment plusieurs ONG, selon qui les images de blessés par balle gisant dans la rue à même le sol après des heurts avec les forces de sécurité sont révélatrices de la politique de discrimination et de répression de Téhéran dans cette région.
Le Président iranien Ebrahim Raïssi a ordonné jeudi l’ouverture d’une enquête sur ces violences.

Le Parlement européen veut des sanctions

Dans un texte voté à main levée, les eurodéputés réunis à Strasbourg ont demandé à ajouter à la liste noire de l’UE « des responsables iraniens, notamment toutes les personnes associées à la police des mœurs dont la complicité ou la responsabilité dans la mort de Mahsa Jina Amini et les violences contre des manifestants est prouvée ». Cette liste concerne « des personnes faisant l’objet de mesures restrictives pour de graves violations des droits de l’Homme en Iran ».
Lors d’un débat au sujet de la situation en Iran, mardi soir dans l’hémicycle du Parlement européen, le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell avait annoncé que « toutes les options, y compris des mesures restrictives » étaient examinées. La question devrait être au menu de la réunion des ministres des Affaires étrangères des Vingt-Sept prévue le 17 octobre.
L’UE avait mis en place des mesures restrictives pour sanctionner les violations graves des droits de l’Homme en Iran le 12 avril 2011. Des mesures supplémentaires ont été ajoutées le 23 mars 2012, notamment un embargo sur les équipements pouvant être utilisés pour la répression interne et sur les équipements pouvant être utilisés pour surveiller ou intercepter l’Internet et les communications téléphoniques sur les réseaux mobiles ou fixes. Ces sanctions sont en vigueur jusqu’en 2023.