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Italie : La victoire de Meloni peut-elle avoir un impact sur l’union des droites en France ?

« Nous gouvernerons pour tous les Italiens ». Sauf surprise, Giorgia Meloni est en passe de devenir la Première ministre de l’Italie, après sa victoire aux législatives dimanche. L’arrivée en tête de la coalition des droites, qui rassemble son parti, Fratelli d’Italia (FdI), la Ligue de Matteo Salvini et Forza Italia, de l’inusable Silvio Berlusconi, a été saluée en France par le Rassemblement national. Et surtout par Reconquête, le parti d’Eric Zemmour. « Comment ne pas regarder cette victoire comme la preuve que oui, arriver au pouvoir est possible ? », s’est enthousiasmé l’ex-candidat à la présidentielle, défendant sa stratégie d’union des droites. Mais la victoire de Giorgia Meloni risque d’avoir peu d’impact en France, et 20 Minutes vous explique pourquoi.

Parce que Les Républicains et le RN n’en veulent (toujours) pas

Depuis son entrée en politique, l’ancien éditorialiste de CNews tente d’attirer à ses côtés des membres des Républicains et du Rassemblement national, persuadé que l’union des droites pourrait le mener à la victoire. Une stratégie peu probante jusqu’ici, comme en témoignent ses échecs à la présidentielle et aux législatives. L’exemple italien n’a d’ailleurs pas fait bouger les lignes, à en croire les rares réactions des élus LR depuis dimanche.

« En regardant l’Italie, certains se disent que le seul avenir de la droite française est de devenir sous-fifre des agités. C’est la fascination morbide de ceux qui, chez nous, n’y croient plus », a ainsi fustigé ce lundi sur Twitter le député du Lot Aurélien Pradié, candidat à la présidence du parti Les Républicains. Ses concurrents Eric Ciotti et Bruno Retailleau ont, eux aussi, balayé à plusieurs reprises toute idée d’alliance. « Zemmour, la première chose qu’il a faite en se disant pour l’union des droites, c’est de créer une nouvelle chapelle pour tirer sur tout le monde et tenter de nous remplacer. Ça n’a aucun rapport avec l’Italie », grince un cadre du mouvement.

Au Rassemblement national, on préfère saluer « la victoire des patriotes » plutôt que la stratégie électorale mise en place par Meloni, tout en rappelant que le RN n’a eu besoin de personne pour faire élire 89 députés en juin dernier.

Parce que le système politique italien est très différent

« Ce succès de Meloni est une victoire des peuples contre la technocratie européenne et madame von der Leyen [la présidente de la Commission européenne]. Cela ne valide en aucune manière la lubie zemmouriste d’union des droites », balaye Gilles Pennelle, cadre RN délégué aux fédérations. « C’est d’ailleurs la victoire d’une coalition des droites où chaque parti présente ses candidats, pas d’une union. Zemmour et ses amis devraient réviser le système politique italien, qui n’a rien à voir avec le nôtre… », ajoute-t-il.

Le mode de scrutin italien, réformé en 2017, combine l’usage du scrutin majoritaire et du scrutin proportionnel. Il pousse les partis à former des coalitions. « Ce système fait primer l’union entre les différents partis. Les droites, malgré leurs divergences, ont réussi à s’allier et raflent donc la mise », assure Paolo Levi, correspondant à Paris de l’agence italienne de presse Ansa. « L’Italie est mordue à l’art du compromis, c’est inscrit dans notre ADN, contrairement à la politique française, qui a davantage une culture politique de la confrontation », ajoute-t-il. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que la droite italienne passe des accords avec l’extrême droite.

Mais au sein de Reconquête, on ne désespère pas de trouver un jour une entente avec les autres formations de droite, à l’image de la Nupes, à gauche, pour les dernières législatives.  « A l’heure où l’on parle […], ni LR, ni le RN ne le souhaitent. Mais je pense que le temps jouera en notre faveur, a indiqué Marion Maréchal ce lundi sur RTL. Ces deux partis finiront par se rendre compte qu’on ne peut pas gagner seul et peut-être se lasseront-ils d’être dans l’opposition ».