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Ivan Ljubicic : «Les joueurs de tennis français devraient s’inspirer de la mentalité des joueuses»

Sa mission s’appelle «Ambition 2024». On peut difficilement faire plus clair. Avec les JO de Paris en ligne de mire, la fédération française de tennis (FFT) a recruté en début de l’année un grand nom du tennis. Ivan Ljubicic, numéro 3 mondial dans les années 2000, coach de Roger Federer de 2016 jusqu’à sa retraite l’an dernier. Concrètement, le Croate de 44 ans doit superviser le haut niveau des plus de 14 ans en France au côté de Paul-Henri Mathieu, directeur du haut niveau à la FFT. Malgré l’embellie Caroline Garcia (5e mondiale), le tennis hexagonal est à la peine. Les hommes souffrent d’un manque criant de résultats en Grand Chelem alors que la génération dorée de Jo-Wilfried Tsonga, Gaël Monfils, Gilles Simon et Richard Gasquet passe le flambeau. On dénombre bien 11 tricolores dans le top 100 mais le premier, Ugo Humbert, ne pointe qu’au 40e rang mondial. Pour Ivan Ljubicic, «on ne peut pas se satisfaire de tels résultats».

Quels sont vos objectifs à la fédération ?

Nous avons trois grands objectifs : la place de numéro un mondial, remporter des Grand Chelem, et les Jeux olympiques. On ne peut pas se satisfaire de moins. Maintenant, combien de temps cela prendra-t-il ? Je ne sais pas. Mais je suis convaincu qu’en travaillant dur, les résultats viendront et qu’il ne faudra pas attendre quarante ans de plus [la dernière victoire d’un Français en Grand Chelem remonte à celle de Yannick Noah à Roland-Garros en 1983, ndlr]. Les filles ont fait beaucoup mieux à ce niveau. Entre Mary Pierce [vainqueure de l’Open d’Australie en 1995 et Roland-Garros en 2000], Amélie Mauresmo [ancienne numéro une mondiale, vainqueure de l’Open d’Australie et de Wimbledon en 2006], Marion Bartoli [vainqueure de Wimbledon en 2013] et aujourd’hui Caroline Garcia, les résultats ont été fantastiques. Les hommes devraient s’inspirer de leur mentalité.

Vous avez passé trois mois d’observation au sein des structures fédérales. Vos premières impressions ?

Le but est évidemment d’améliorer les résultats et d’aider à faire sortir les meilleurs joueurs possibles. Or, il n’est pas possible d’avoir des résultats incroyables avec des méthodes normales. J’interviens auprès des entraîneurs, en essayant de leur apporter mon expérience de coach et en tant que joueur. Du côté des filles, Caroline [Garcia] fait un travail fantastique mais il y a beaucoup de boulot. On est en difficulté, ce n’est pas un secret. Je sais que ce n’est pas populaire à dire mais ça va prendre du temps. On ne pourra pas faire la différence en seulement un an. Du côté des hommes, c’est aussi compliqué. On ne peut pas se satisfaire des résultats récents. On a Arthur Fils (18 ans, 63e mondial) et Luca Van Assche (19 ans, 79e mondial) qui font des progrès intéressants, c’est très positif. Ils sont talentueux, avec des jeux et des tempéraments bien différents. Ils se tirent vers le haut. Ils ont un bel avenir devant eux. On sera là pour les aider à atteindre leur rêve.

Avez-vous été surpris par le fonctionnement «à la française» ?

C’est difficile de me surprendre après tant d’années dans le monde du tennis. Ce que les joueurs français obtiennent de la fédération est incroyable. J’ai l’impression qu’ils ne s’en rendent pas compte. Pour eux, c’est normal. Mais toutes les fédérations du monde sont jalouses. Tellement de joueurs étrangers rêveraient d’être Français pour avoir accès à ce genre d’aide. Les Français, vous êtes très forts dans beaucoup de domaines, en particulier dans les sports d’équipe. Pour les sports individuels et le tennis, c’est différent. J’aimerais voir un état d’esprit plus combatif. Quand vous regardez jouer les Français à Roland-Garros, on sent qu’ils sont prêts à laisser leur peau sur le terrain. Mais le reste de l’année, la motivation n’est pas la même. Ils doivent gagner en constance et maintenir cet état d’esprit sur toute une saison.

Pour y parvenir, que doit faire la FFT ?

Nous avons des réunions prévues dans les jours et semaines à venir. Je ne vais pas donner les détails des changements à venir à la presse avant d’en avoir parler avec mes collègues. Mais je ne pense pas que nous avons besoin d’une révolution. Nous devons plutôt faire évoluer certaines choses par-ci par-là pour être plus efficaces.

Et pour Roland-Garros cette année ?

Ces dix-huit dernières années, Roland-Garros était synonyme de Rafael Nadal. Cette année, nous aurons un vainqueur différent ce qui sera historique. Certains joueurs vont y voir une opportunité, d’autres le vivent plutôt comme une pression. Côté français, on espère de bons résultats mais il ne serait pas réaliste de miser sur un potentiel quart de finale ou une demie. A part Caroline [Garcia], je pense qu’aucun autre tricolore ne se projette comme vainqueur ici cette année. Mais on ne sait jamais, le tennis est un sport tellement imprévisible !