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"J'étais un danger public" : les confessions du chimiste qui fabriquait des drogues de synthèse à Monpellier

Eder Boesch, 35 ans, surnommé "Le Docteur" dans le milieu des accros du "chemsex", est incarcéré depuis 2021, pour avoir cherché à fabriquer des produits stupéfiants dans son appartement, non loin du commissariat central.

Il est en prison depuis près d'un an, et risque de passer en cours d'assises. Son crime ? Avoir fabriqué, selon la police, des drogues de synthèse dans un laboratoire artisanal installé dans la cuisine de son appartement, situé tout près du commissariat de police de Montpellier. Crystal Meth, MDMA, 3MCC, des produits particulièrement prisés dans un certain milieu gay, adepte du "chemsex", ces orgies en groupe entre accros de ces poudres et pilules aux puissants effets.

Une consommation acharnée pendant le confinement

"Je réalise que j'ai été extrêmement dangereux, pour moi et pour les autres. Cela aurait pu être dramatique, je ne pensais qu'aux produits jour et nuit. Pendant le confinement, je me suis senti coupé du monde complètement, et j'ai dévissé dans une consommation acharnée"  explique Eder Boesch, 35 ans, devant la cour d'appel de Montpellier, qui doit décider de son sort judiciaire. Le juge des libertés a décidé de le libérer, mais le parquet s'y oppose.

Phosphore rouge et kérosène pur

Repéré pour avoir commandé des produits chimiques, au nom d'une société qui n'était plus en activité, et avec une ligne téléphonique déclarée au nom de Brigitte Macron, ce scientifique, très bon élève, qui a fait deux années de médecine avant de choisir la profession d'orthoptiste, avait vu gros : acide sulfurique, chlorure de méthylène, éther, phosphore rouge et kérosène pur.

Pour les enquêteurs, son objectif était financier : "Il explique fabriquer de la 3MCC à 3 € le gramme, pour le revendre à 20 €, ce qui fait quand même une petite culbute sympathique" souligne le président. Eder Boesch a reconnu avoir voulu fabriquer et vendre "en gros et au détail", et avoir cherché un local plus grand pour son laboratoire. "Nous ne sommes pas sur une petite expérience sur un coin de cuisine, mais sur une plus grande échelle". 

Son client raconte avoir frôlé la mort

Eder Boesch le reconnaît : "Le labo était lié à une idée fantasmagorique, pour créer de la méthamphétamine, dont le gramme coûte 100 €. J'étais dans la fuite en avant, j'ai fait du mal autour de moi, à ma famille, à mon conjoint." L'enquête s'efforce de déterminer ce qu'il a véritablement produit: l'un de ses clients, à qui il a proposé "un remontant chimique" a raconté aux policiers avoir "vécu un calvaire et avoir frôlé la mort";

Activité criminelle florissante, peine de prison encourue "très importante" : le parquet général s'oppose à sa libération. "On parle d'un docteur, mais c'est un apprenti sorcier qui n'est arrivé à rien" rétorque Me Florine Datessen, son avocate.

"J'ai tout perdu et je n'ai rien gagné à cette vente de stupéfiants" insiste Eder Boesch. "Aujourd'hui, je n'ai plus envie de drogue. J'étais un danger public, je ne le suis plus", jure-t-il. Sans convaincre les juges : le chimiste reste en prison.