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Jacques Ellul, Edgar Allan Poe, Emile Zola : la chronique « poches » de François Angelier

François Angelier

Collaborateur du « Monde des livres »

Le journal des lectures en poche du journaliste.

Temps de Lecture 2 min.

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« Sans feu ni lieu. Signification biblique de la Grande Ville », de Jacques Ellul, La Table ronde, « La petite vermillon », 406 p., 10,50 €.

« Les Crimes de la rue Morgue et autres nouvelles. Intégrale des nouvelles, tome II » (The Murders in the Rue Morgue), d’Edgar Allan Poe, traduit de l’anglais (Etats-Unis) et édité par Thierry Gillybœuf et Christian Garcin, Libretto, 416 p., 11,70 €.

« Le Ventre de Paris », d’Emile Zola, édité par Marie-Ange Fougère, GF, 476 p., 7,20 €.

D’Hénoch à Dubaï, de la première enceinte close par Caïn en l’honneur de son fils (Gen. 4, 17) à la scintillante technopole émiratie ivre de sa Burj Khalifa, Babel projetée à 828 mètres de hauteur, la ville s’affirme tel un signe de contradiction, tout à tour protectrice et destructrice.

Si l’édification des villes rythme et ponctue l’histoire, leur décadence et leurs ruines apportent à ce faste un contrepoint tragique. Un cycle maudit que seule la ­Bible a pensé dans sa profondeur. D’où l’intérêt de Sans feu ni lieu. Signification ­biblique de la Grande Ville, l’essai pionnier du théologien, juriste et philosophe protestant Jacques Ellul (1912-1994). Paru en France l’année 1975, il fut rédigé entre 1947 et 1951, période où bien des métropoles européennes ou asiatiques, fracassées par les bombes ou soufflées par le feu, réémergeaient d’un désert de gravats.

Avec une discipline de pèlerin, Ellul procède à une patiente remontée citadine de la Bible, analysant ce qui constitue la nature, le mystère, de chaque cité biblique, décryptant ainsi, de la Genèse à l’Apocalypse, l’évolution théologique de l’univers urbain. Inventée par le premier meurtrier pour être « le signe matériel de sa sécurité », la proclamation de l’autonomie humaine, la ville portera ­désormais la marque de ce défi. La ville initiale fait bloc contre Dieu, et toutes ­celles qui suivront, Babel, Ninive, Babylone, Sodome et Gomorrhe, Tyr, Sidon se camperont, avec leurs richesses et leur ­puissance guerrière, face à la figure divine. Un enchaînement, et comme un endur­cissement, que viendra accomplir Jérusalem, cité sainte et pécheresse, mais lieu d’alliance.

Lire aussi (1976) : Article réservé à nos abonnés

Si c’est à Jérusalem que Jésus prêche avec « compassion » les foules, là qu’il « disperse la foule parce qu’il reprend chaque homme dans la foule », écrit Ellul, c’est à Londres qu’Edgar Poe (1809-1849) a choisi de peindre son « homme des foules ». Londres, nouvelle Babylone, génère un type de damné d’un genre atypique : l’homme qui ne peut s’empêcher de faire nombre, de fusionner, qui endure comme un supplice la solitude et l’individuation. Paru en 1840, trouvant avec cette nouvelle traduction une acuité et une tension tout électrique, Les Crimes de la rue Morgue et autres nouvelles, dont la plupart des ­textes se déroulent à Londres, est conté par un entomologiste urbain qui savoure l’analyse typologique des citadins, décomposant le flux en autant de physionomies, de physiologies particulières.

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