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Jardinage: les secrets d’une bonne greffe dévoilés par une association de Garat

Ce samedi, sur ce site « mosaïque de milieux naturels intéressants » bichonné par l’Eschalou, dixit Thomas Gaudair-Thore, prof d’agronomie et membre de l’association, cinq personnes ont pointé le bout de leur nez pour tenter d’appréhender cet art. « On a toujours des gens attirés par ce savoir-faire lié au monde paysan, un savoir rural, écologique, environnemental issu de la connaissance paysanne. Avec la greffe, on reproduit du paysage comestible. C’est important à transmettre ! »

Avec la greffe, on reproduit du paysage comestible. C’est important à transmettre !

Désinfecter ses outils !

Alors entre deux averses, les curieux se sont réunis autour de Marc-Antoine Deprat, près d’un poirier afin d’apprendre les gestes. C’est la saison en ce mois de mars, au moment du démarrage des bourgeons. Il existe plusieurs techniques de greffes : en couronne, à l’anglaise, en fente… C’est la première que choisit Marc-Antoine Deprat pour greffer ce poirier. L’idée est très précisément d’insérer le greffon « derrière l’écorce, à l’endroit où la sève circule. Quand on va greffer, on va chercher le maximum de points de contacts entre les deux cambiums. Marco détaille les outils nécessaires : « D’abord, une scie à branches pour couper le plus finement possible » et éviter les aspérités.

« Et on travaille avec des outils désinfectés. » Lui, nettoie ses lames avec du gel hydroalcoolique ou de la biseptine. « Cela permet d’éviter le feu bactérien. Les bourgeons peuvent devenir noirâtres ou rougeâtres… dans ce cas-là, il faudra enlever 30 cm de branche avant la maladie et cela peut se propager d’un arbre à l’autre. Nécessaire aussi : un greffoir : « Une lame très courte, bien affûtée pour faire la coupe la plus propre et précise possible. » Objectif : éviter le moindre espace entre le porte-greffe et l’arbre. « On peut aussi utiliser un cutter », dit Marco. Utile également, un écussonnoir, sorte de lame ronde permettant de creuser une fente et d’y insérer le greffon. Marche aussi avec un couteau à bout rond. À prévoir aussi, des étiquettes, des élastiques biodégradables pour ligaturer et du mastic pour cicatriser !

Photo Renaud Joubert

Sur le poirier en question, Marco scie d’abord les plus petites branches avant de réaliser une coupe nette au tronc. Il sort ensuite ses greffons, ramassés en janvier. À une extrémité, il y opère une petite entaille en enlevant le peu d’écorce. Ce qui permet de révéler le cambium, une mince couche de cellules comprises entre l’écorce et le bois.

Les greffons sont implantés tout autour du tronc. Marco installe un arceau avec une petite branche pour éviter que des oiseaux ne s’y posent.
Les greffons sont implantés tout autour du tronc. Marco installe un arceau avec une petite branche pour éviter que des oiseaux ne s’y posent.

Photo CL

« Un arbre, c’est du temps »

Dans le tronc, il s’agit ensuite de réaliser une légère incise. Puis d’écarter l’écorce en douceur à l’aide d’un écussonnoir. Une fois ce petit trou réalisé, le greffon est inséré dans le tronc. Pas n’importe comment « On va laisser trois bourgeons et le premier sera tourné vers l’extérieur », détaille Marco. Avec beaucoup d’application, les cinq stagiaires du jour l’imiteront ensuite pour une greffe « en couronne ». C’est-à-dire avec des greffons implantés tout autour du tronc de l’arbre. « Ce n’est pas fini ! Maintenant il faut éviter que de l’air n’entre dans tout ça », prévient Marc-Antoine Deprat. Alors il dégaine son mastic à greffer Pelton. « Je conseille qu’il y ait 20 % de cire d’abeille dedans. »

Cette pâte, qu’il faut légèrement faire chauffer, favorisera la cicatrisation et évitera un dessèchement. « Toute partie de l’arbre qui a été blessée doit être recouverte », glisse Marco, en appliquant le produit avec minutie. Avant-dernière étape : nouer un élastique autour des différents greffons afin de les maintenir. Et petite astuce du chef pour empêcher les oiseaux de les déchausser : Marco installe une sorte d’arceau autour du tronc pour empêcher les volatiles de se poser dessus. Évidemment le résultat de la greffe n’est pas visible de suite. « Un arbre, c’est du temps. […] Si au bout de six mois, les feuilles sont sorties, c’est gagné ! »

À noter qu’un nouvel atelier est organisé à Garat ce mercredi 29 mars de 14h à 17h. Contact : 06 11 32 84 30.