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«Je ferai Paris sans lumière»: quand le syndicat d'électriciens en grève coupait le courant en 1907

GRAND RÉCIT - Dans les années qui ont précédé la guerre 14-18, le leader syndical des électriciens parisiens, Émile Pataud, a plongé Paris dans l'obscurité. Une affaire qui illustre le rôle des coupures d'électricité dans l'imaginaire du syndicalisme révolutionnaire.

«On va aller voir ceux qui veulent la réforme, qui la soutiennent, ceux-là, on va s'occuper d'eux, a menacé le patron de la CGT Mines-Énergies, Sébastien Menesplier, le 16 janvier. On va aller les voir dans leurs permanences, on va aller discuter avec eux, et puis si d'aventure ils ne comprennent pas le monde du travail, on les ciblera dans les coupures qu'on saura organiser». Le syndicaliste s'est ensuite rétracté, mais quelques coupures d'électricité accréditant sa menace initiale ont émaillé la « journée d'action » du 19 janvier. Prenant la parole à son tour, le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, a assuré que les parlementaires ne seraient pas visés par des coupures de courant, tout en envisageant, pour donner une satisfaction à sa base, de plonger dans le noir les « milliardaires ».

Incidents isolés à ce jour, donc. Martinez semble s'efforcer de contenir l'ardeur belliqueuse des électriciens grévistes car il sait que viser les élus ferait basculer dans le camp du gouvernement la part légitimiste de l'opinion, qui n'accepterait pas de tels procédés. Mais ce rappel à l'ordre -ou ce jeu de rôle- entre la direction de la CGT et sa fédération de l'énergie prouve que la tentation de couper le courant est bel et bien présente et son usage discuté parmi les militants CGT d'EDF.

Massive et spectaculaire

En effet, lors des premiers grands conflits du travail des électriciens, à Paris, entre 1905 et 1910, la coupure de courant a été utilisée de façon massive et spectaculaire par les grévistes. Cet épisode fut emblématique du syndicalisme révolutionnaire en faveur dans les années qui ont précédé la grande Guerre. Et sa mémoire a perduré dans le milieu très particulier que constituent les électriciens CGT d'EDF, singuliers même au sein de leur confédération syndicale.

À l'aube du XXe siècle, l'électricité est déjà omniprésente à Paris et indispensable à sa vie. La fée électricité permet aux usines -alors nombreuses dans la capitale- de fonctionner, aux tramways et aux premiers métros de rouler. À la nuit tombée, les réverbères des rues, jadis éclairées au gaz, sont désormais électriques. Les autorités françaises de l'époque sont si fières d'une telle modernité que, pour l'Exposition Universelle de 1900, un « Palais de l'Électricité » est construit sur le Champ de Mars. Dans ce bâtiment, illuminé le soir par des milliers de lampes à incandescence, on présente au public tout ce que cette source d'énergie va changer dans l'économie du pays et la vie quotidienne.

Or les ouvriers électriciens sont mécontents…

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Le Figaro

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