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« Je pensais qu’il ne serait pas possible d’adapter “Comptine Mortelle” », confie Anthony Horovitz

Une enquête en mode poupées russes ! Comptine mortelle, minisérie en 6 épisodes diffusée ce vendredi à 21 heures sur Paris Première et réalisée par Peter Cattaneo (The Full Monty), suit une double enquête : celle de l’inspecteur Atticus Pünd (Tim McMullan), le héros du dernier roman d’Alan Conway (Conleth Hill), et celle de son éditrice, Susan Ryeland (Lesley Manville, qui joue la Princesse Margaret dans la saison 5 de The Crown), devenue détective malgré elle, afin de retrouver l’ultime chapitre (et le meurtrier !) de son auteur fétiche.

L’écrivain et scénariste prolifique Anthony Horovitz adapte une nouvelle fois son propre roman et signe avec cette mise en abyme une habile variation des whodunit, parsemée de références qui raviront les fans des récits d’Agatha Christie. 20 Minutes a rencontré le prolifique auteur à succès Anthony Horovitz au festival CanneSeries, alors qu’il présidait le jury de la compétition des formats courts.

Lorsque vous avez écrit le roman « Comptine mortelle », pensiez-vous déjà à son adaptation pour le petit écran ?

Pas du tout ! Le roman fait 650 pages et l’intrigue est très compliquée. Je pensais qu’il ne serait pas possible de l’adapter pour la télévision. Quand ma femme, qui est productrice, a décidé de faire l’adaptation. La BBC a tout de suite dit « non, c’est impossible à faire ». J’ai mis deux ans à écrire l’adaptation. Normalement, adapter un livre prend de trois à six mois. Mais, je n’arrivais pas à trouver comment commencer… L’héroïne n’apparaît pas au début, et ça, ce n’est pas possible. Il a fallu trouver un moyen de mettre les deux histoires l’une à côté de l’autre. On a des temporalités différentes… Et d’un coup, tout s’est débloqué ! Je ne pense jamais à la vie future d’un projet quand je l’écris. Pour moi, un livre est livre, la télévision, de la télévision. Ce serait une erreur de penser à l’adaptation trop tôt, cela briserait le mur qui maintient à l’intérieur le monde des livres.

« Comptine mortelle », c’est une histoire qui en cache une autre, comme des poupées russes…

Exactement ! C’est comme cela que je décris ce livre. Il y a trois poupées russes : le monde d’Atticus Pünd, le cœur du livre créé par un autre écrivain Alan Conway, superbement joué dans la série par Conleth Hill ; celui de l’éditrice Susan Ryeland qui sait que le monde d’Atticus n’est pas réel, et il y a une troisième strate, ma vie… Toute ma vie est contenue dans ce livre. Il y a plein de petits indices disséminés : par exemple, à la fin du roman, Susan Ryeland part pour la Crète, c’est là où je passe la moitié de mon temps.

Vous avez écrit deux romans sur Sherlock Holmes, de nombreux épisodes d'« Inspecteur Barnaby », créé des séries policières comme « Foyle’s War » pour la BBC, porté à l’écran des romans d’Agatha Christie, etc. Qu’est-ce qui plaît toujours dans ces histoires de meurtres ?

Je ne suis pas intéressé par les meurtres, mais par ceux qui commettent les meurtres. Quand quelqu’un comment un meurtre, les émotions sont à leur paroxysme. On ne tue pas quelqu’un parce qu’on est fâché ou un peu jaloux ! J’aime donc le fait que dans une histoire de meurtre, les émotions sont très fortes. D’autre part, qu’est-ce qu’une histoire de meurtre ? C’est la poursuite de la vérité. Nous vivons dans un monde où il est presque impossible de connaître la vérité avec les infos en continu, qui changent à chaque minute, les fake news. Nous sommes presque trois ans en pleine pandémie de Covid-19. Quelle est la cause de cette pandémie ? Comment cela a commencé ? Personne ne le sait en réalité. Un roman policier donne au lecteur une vérité complète. A la fin de l’histoire, le détective a fait son travail, le crime est résolu, la communauté endommagée, guérie. Tout le monde peut se détendre. C’est l’un des grands paradoxes de notre vie, aujourd’hui, la fiction est le seul endroit où l’on trouve la vérité.

Comment trouve-t-on du plaisir dans un genre si codé qu’est le roman policier ?

J’essaye d’éviter les clichés. J’ai peur des clichés. C’est la même chose avec ma série de romans Alex Rider. Après 14 aventures avec ce jeune espion, comment écrire la 15e sans refaire ce que j’ai déjà fait. Je n’ai pas envie de refaire ce qu’Agatha Christie a déjà fait. Donc, je suis toujours à la recherche d’une façon originale de changer le « whodunit ». Foyle’s War - ma série télé de longue date qui n’a jamais été diffusée en France, c’est fou - ne traite pas vraiment de crimes, mais de la guerre… J’ai pu raconter des histoires sur la chirurgie plastique, l’antisémitisme, l’homophobie pendant la guerre, qui étaient bien plus importantes que le meurtre, les indices et les suspects. Dans ma série de romans Hawthorne et Horowitz, je suis l’acolyte du détective. Normalement, l’auteur est celui qui sait tout, là, je ne sais rien. Cela m’amuse beaucoup de me retrouver perdu dans mon propre roman. Mon travail consiste à prendre le « whodunit », et à essayer de faire des choses que personne n’a jamais faites auparavant, c’est cela le challenge ;

Avez-vous collaboré avec Guy Burt sur l’adaptation sérielle d’Alex Rider ?

J’admire beaucoup Guy Burt, il a fait un travail superbe. Nous avons beaucoup échangé en ligne, c’est lui qui a fait le travail, mais je suis l’auteur. J’admire beaucoup ce qu’a fait l’adaptateur Guy Bird, il a fait un travail superbe. Nous avons échangé. J’ai été impliqué dans le développement, le casting… La productrice Jill Green est ma femme, donc elle est très proche de moi… Je ne m’attribue aucun mérite, mais je suis fier que nous ayons si bien travaillé ensemble et que cette collaboration ait été très créative et fructueuse. On discute de maintenant de la saison 3 !