France
This article was added by the user . TheWorldNews is not responsible for the content of the platform.

«Je verrai toujours vos visages», gavé de bonnes intentions

Dans la continuité de Pupille, film choral sur les rouages d’une adoption sous X, Jeanne Herry recrute une brochette d’acteurs connus (Leïla Bekhti, Gilles Lellouche, Miou-Miou…) pour mettre en fiction les mécanismes d’une institution sociale. Il s’agit ici du travail très méconnu de la «justice restaurative», porté par des associations du champ socio-judiciaire, qui offre un espace de dialogue entre victimes et auteurs d’infractions violentes, dans l’intéressante et belle idée de panser les traumas des uns et favoriser la réinsertion des autres. Ode aux héros d’une société civile réconciliée (les professionnels et bénévoles formés à l’orfèvrerie de la médiation), le film déroule une série d’entretiens feutrés, cercles de bienveillance et tours de table, qui consistent souvent à ce qu’un personnage expose les modalités d’un dispositif à un autre qui l’interroge.

Un tel saut dans la procédure, dopé aux plans de visages illuminés de compréhension, s’éprouve comme une prise en charge draconienne du spectateur, la tête bientôt farcie de dialogues qui font traverser toutes les nuances de l’angoisse : «accueillir la parole», «entrer dans une démarche», «faciliter un quotidien». La finesse d’Adèle Exarchopoulos aidant, l’arc consacré aux retrouvailles entre une rescapée d’inceste et son frère sorti de prison échappe assez adroitement au régime de sensiblerie général. Pour le reste, un épais sirop feel good sert à huiler la machinerie – en plus d’une lourde obsession pâtissière, la création des liens entre victimes et détenus passant par un engouement marqué pour les cakes aux olives maison. La pédagogie se substitue tant à la libre incarnation dans ce spot de sensibilisation, voire de recrutement, qu’on s’étonne, à la fin, de ne pas voir un numéro vert s’inscrire sur l’écran.

Je verrai toujours vos visages de Jeanne Herry, avec Adèle Exarchopoulos, Dali Benssalah, Leïla Bekhti… 1 h 58.