France
This article was added by the user . TheWorldNews is not responsible for the content of the platform.

« Je veux des chiennes, des chieuses » : à Marseille, le procès des méthodes d’entraînement de la gymnastique de haut niveau

Le directeur technique du Pôle France de gymnastique de Marseille a contesté, vendredi, devant le tribunal correctionnel, le harcèlement moral pour lequel il était jugé, même s’il a reconnu avoir parfois tenu des propos inadaptés aux enfants.

Article réservé aux abonnés

« T’as déjà vu un éléphant faire un double tendu au sol », « Je veux des putes sur les poutres ou les agrès », « T’es une faible, t’es pas une guerrière », « T’es tellement lourde, tu vas faire un trou dans le praticable »… Ces insultes lancées à l’entraînement de jeunes gymnastes du Pôle France et Espoir de gymnastique de Marseille, l’un des lieux de formation de haut niveau de la gym française, Vincent Pateau, 44 ans, directeur technique, les a contestés, vendredi 31 mars devant le tribunal correctionnel. Cet entraîneur de renom a reconnu avoir parfois usé de vulgarité dans ses méthodes d’entraînement ou tenu des propos inadaptés aux enfants âgés de 11, 12 et 13 ans qu’il encadrait. Mais il a contesté le harcèlement moral pour lequel il était jugé.

La procureure Véronique Fabron, qui a requis contre lui quinze mois de prison avec sursis et une interdiction d’exercer son activité professionnelle pendant une durée laissée à l’appréciation du tribunal, s’est félicitée que « les méthodes d’entraînement des gymnastes fassent leur entrée dans le prétoire car le harcèlement dans le sport de haut niveau reste un tabou ».

Une longue journée durant, Vincent Pateau a été confronté à trois jeunes filles aux rêves évanouis de Jeux olympiques, venues expliquer au tribunal la dureté d’un entraînement de cinq heures quotidiennes, la tyrannie d’un poids de forme à ne pas dépasser de 300 grammes, les blessures qu’il faut dissimuler. Deux versions d’un monde impitoyable et un enjeu de justice complexe que la présidente du tribunal, Julie Lacombe, a résumé d’emblée : « Il ne faut pas confondre les exigences, les sacrifices du sport de haut niveau et les comportements qui peuvent atteindre la santé des gymnastes. »

Agée aujourd’hui de 17 ans, Coline allait au Pôle avec la boule au ventre, tous les matins en pleurs dans la voiture de sa mère. « Le plus dur, c’est les mots répétés pendant un an et demi », lance-t-elle. « J’ai jamais vu d’aussi grosses merdes dans ma carrière, on va recommencer jusqu’à 21 heures s’il le faut », leur lançait l’entraîneur. Mais « c’est aussi des attitudes comme quand on vous laisse à l’agrès en vous regardant sans rien dire, les bras croisés. On comprend que ce qu’on fait, ça ne vaut rien ».

La mère d’Ines, une autre jeune gymnaste, raconte comment sa fille s’entourait de cellophane la nuit pour transpirer afin de perdre les grammes en trop. Hantée par son poids, Ines évoque des humiliations : « Regarde-toi, j’ai jamais eu un cochon comme toi. » Vincent Pateau recontextualise. « Oui, j’ai dit : “le travail que tu fais, on dirait un petit cochon”. » S’il reconnaît des cris, des gros mots ou avoir lancé à des enfants « Je veux des chiennes, des chieuses », il veut surtout convaincre qu’il n’a « jamais injurié en face » une jeune gymnaste.

Il vous reste 45.27% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

Découvrir les offres multicomptes
  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.