France
This article was added by the user . TheWorldNews is not responsible for the content of the platform.

Jeux vidéo, thé et attaques de drones : la drôle de guerre d’attente des Ukrainiens

Reportage.

Dans le Donbass, les unités d’artillerie et d’infanterie ukrainiennes patientent pendant des heures en attendant les ordres de leur hiérarchie et les mouvements de l’ennemi russe. Le quotidien espagnol “El País” est allé à leur rencontre. “Ici, tous les jours se ressemblent”, lui a confié un soldat.

Des soldats ukrainiens préparant une opération dans un bunker, près de Bakhmout, en novembre 2022.
Des soldats ukrainiens préparant une opération dans un bunker, près de Bakhmout, en novembre 2022. PHOTO FINBARR O'REILLY / THE NEW YORK TIMES

Les hommes s’abritent du froid à l’intérieur de la “boukhanka” [en russe, “miche de pain”]. De son vrai nom UAZ-452, cette camionnette de l’époque soviétique possède un chauffage capable de transformer un habitacle en petit paradis semi-tropical. Dehors, c’est le front de Bakhmout, il pleut, et la température ne dépasse pas les 8 °C. La compagnie d’artillerie affectée aux lance-roquettes Grad de la 17e brigade blindée ukrainienne attend des heures les ordres de son commandement. Le meilleur ami de ces hommes ? Le téléphone portable, et sa connexion Internet assurée par des satellites de Starlink.

“La guerre, c’est surtout du temps passé à attendre”, résume le commandant de la compagnie, Volodymyr. Début mai, nous avons pu accompagner deux de ses trois unités d’artillerie postées à couvert en deuxième ligne du front, à 12 km de Bakhmout. Les lance-roquettes de la compagnie “Benjamin”, ainsi baptisée du nom de code de son commandant, peuvent être déployés en cinquante minutes à quelques kilomètres de l’objectif qui leur est donné. Ils ne resteront pas plus de quatre minutes à leur poste d’attaque : une fois les tirs effectués, les hommes repartiront en trombe pour ne pas se faire repérer par les radars de l’artillerie russe.

En attendant les ordres, les six hommes à la manœuvre des deux véhicules lance-roquettes passent le emps comme ils peuvent. Sur une table de fortune – des caisses d’explosifs –, ils jouent aux cartes ou aux dominos. Le chauffeur de la camionnette taille une cuillère dans un bout de bois à l’aide de son couteau. Yevgen, 24 ans, ancien barman à Kiev, énumère ses meilleurs cocktails. Dans la camionnette, Danil, 22 ans, joue sur son téléphone à World of Tanks, un jeu de guerre à la mode : dans le jeu, son char préféré c’est le Kranvagn, un prototype de blindés des années 1950 conçu par la Suède contre une éventuelle invasion soviétique de la Scandinavie.

Le commandant enchaîne les tasses de thé en attendant les ordres. Sur des groupes de messagerie, lui et d’autres officiers de la brigade partagent les coordonnées des positions possibles de l’ennemi et des images satellite. Volodymyr ne se sépare pas de la tablette numérique qui rassemble toutes les informations confidentielles sur le front, rangées par couleur – bleu pour les unités ukrainiennes, rouge pour les russes.

Sur la rive d’en face, c’est la zone grise

Les rotations se font tous les trois jours – trois jours durant lesquels les soldats dorment en journée à côté de leurs Grad, dans des trous creus

Mónica Ceberio Belaza , Luis de Vega, Cristian Segura, Carlos Martínez

Lire l’article original

Sur le même sujet

Source de l’article

Logo El País (Madrid)

Fondé en 1976, six mois après la mort de Franco, “Le Pays” est le journal le plus lu en Espagne. Quotidien de centre gauche, il appartient au groupe éditorial espagnol Prisa. 
À la fin de 2013, elpais.com a lancé deux nouvelles éditions pour ses lecteurs d’Amérique latine, dotées de leurs propres rédactions. La première, El País Brasil, a été développée en portugais pour son lectorat brésilien et dispose d’un site à part entière. La seconde, El País América, offre un contenu différencié pour ses lecteurs du continent américain. Depuis 2020, El País México a également son propre site et sa propre rédaction. 

Lire la suite

Nos services