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JO 2024 : l’avenir de la Cité du cinéma suscite des inquiétudes

Installée depuis 2012 dans une ancienne usine électrique en bord de Seine, la Cité du cinéma, créée à l’initiative du réalisateur Luc Besson, est appelée à devenir l’année prochaine le cœur du village olympique actuellement en construction. La réquisition des lieux, annoncée dans le cadre de la loi de 2018 sur l’organisation des Jeux Olympiques de 2024, devrait être effective à partir du début de l’année prochaine. Ce qui suppose que la plupart de ses occupants aient quitté les lieux au plus tard le 15 décembre.

Mais ce déménagement, à l’origine transitoire, est en train de prendre des allures de bérézina pour le projet de Hollywood-sur-Seine conçu par le cinéaste, suscitant des interrogations sur l’avenir d’un lieu jusque-là entièrement dédié au cinéma. L’École nationale supérieure Louis-Lumière, qui forme aux métiers de l’image et du son et occupait une partie du bâtiment, a annoncé au début de l’année son départ définitif et provoqué la colère des enseignants et des étudiants. Elle s’installera dans un premier temps sur le Campus Condorcet à Aubervilliers dans la perspective de rejoindre ensuite la Cité Descartes à Champs-sur-Marne.

Un « coup mortel » pour EuropaCorp, la société de Luc Besson

L’autre occupant est EuropaCorp, la société crée par Luc Besson (dont il n’est plus aujourd’hui qu’un actionnaire minoritaire). Elle sous-loue une partie de ses locaux à d’autres entreprises liées au cinéma (sociétés de production, loueur de matériel, postproduction, armurerie et décors pour les tournages). Mais elle n’a pour l’instant obtenu aucune garantie du propriétaire des lieux, La Nef Lumière, détenue en majorité par la Caisse des dépôts et consignations, en matière d’indemnisations et de renouvellement du bail au-delà de 2024.

Une situation d’autant plus inquiétante qu’EuropaCorp, en difficultés financières depuis plusieurs années, fait l’objet d’une procédure de sauvegarde. « Une situation catastrophique », selon son avocat, Arnaud de Senilhes, qui pourrait entraîner, selon lui, la liquidation pure et simple de la société.

L’avocat a donc engagé devant le tribunal une procédure d’urgence pour réclamer en son nom et pour ses sous-locataires les 14 millions d’euros d’indemnisations réclamés pour financer leur relocalisation temporaire. « Le silence que nous oppose le propriétaire est une forme de mépris à notre égard et nous place dans une situation inextricable. C’est un coup mortel porté à EuropaCorp et à la Cité du cinéma », déplore-t-il.

Un projet qui a connu de nombreux déboires

Dès l’origine, ce projet ambitieux lancé par Luc Besson pour attirer des productions étrangères n’a connu que des déboires. À l’époque, Nicolas Sarkozy a dû intervenir pour amener la Caisse des dépôts et consignations, réticente, à acheter et rénover le bâtiment. C’est lui qui a également fait venir dans les lieux l’École Louis-Lumière pour boucler le tour de table financier.

Or, les loyers payés par cette dernière – 3,5 millions d’euros par an – sont astronomiques et l’ont conduit dès lors à prendre la décision de partir. « Nous payons la facture d’un choix fait il y a dix ans, explique son directeur Vincent Lowy. Nous avons bien essayé de négocier le loyer à la baisse mais nous avons échoué. Dès lors, notre tutelle a fait le choix d’une solution plus pérenne à long terme. »

La question se pose de ce que vont devenir les locaux ainsi libérés. Si l’activité des studios de cinéma, revendus l’année dernière par Luc Besson au producteur tunisien Tarak Ben Ammar, tourne bien et ne semble pas être remise en cause, les autres sociétés présentes s’interrogent sur leur avenir.

Trois d’entre elles ont déjà quitté les lieux, deux se sont retournées contre EuropaCorp pour obtenir une indemnisation et les autres attendent le résultat de la procédure en cours. « Il y a manifestement une volonté de casser cet outil », regrette Arnaud de Senilhes qui soupçonne le propriétaire de vouloir les faire partir et de louer les locaux de manière plus profitables après les Jeux olympiques.

Un choix surprenant pour un acteur public d’autant qu’il serait en complète contradiction avec la volonté d’Emmanuel Macron, dans le cadre de son projet France 2030, de développer les structures de tournages en France et de créer tout un écosystème autour de ces installations. Ce qu’était bel et bien à l’origine le projet de Luc Besson. « Un beau projet qui finit mal, confirme Vincent Lowy. Quand sa société a commencé à avoir des difficultés, cela a précipité le déclin. »