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JO 2024 : « On pensait être recalés »… A quel prix la mascotte des JO sera-t-elle produite en France ?

Des petites mains fines et agiles, le dos légèrement courbé et les yeux rivés sur le tissu rouge. Un pied d’appui pour activer la machine et faire sauter le fil blanc sur les flancs de celle que l’on appelle « Phryge ». Ce mardi, Mélanie a le sourire. La jeune femme travaille depuis près d’un an au sein de la manufacture de Doudou et Compagnie. Depuis quelques jours, la couturière a le privilège de concevoir la mascotte des Jeux olympiques de Paris 2024. Dévoilée il y a une dizaine de jours, la peluche rouge en forme de bonnet phrygien avait autant suscité l’approbation que les moqueries. Mais elle avait surtout réveillé les défenseurs du made in France quand on a appris que seules 15 % des mascottes révolutionnaires seraient produites dans l’Hexagone. « Fabriquer deux millions de peluches en quelques mois, le constat c’est qu’aujourd’hui on ne sait pas faire », déplorait le porte-parole du gouvernement Olivier Véran.

La vérité, c’est que ce serait surtout beaucoup trop cher. Mais il y aura bien des peluches fabriquées en France à la gloire des Jeux olympiques. Sous la pression populaire, l’entreprise parisienne Doudou et Compagnie a même rehaussé ses ambitions tricolores en promettant de fabriquer 50 % des mascottes dans son nouvel atelier français. Ce mardi, 20 Minutes a pu le visiter pour comprendre combien le challenge était relevé.

Président du comité olympique, Tony Estanguet a visité la manufacture de Doudou et Compagnie à La Guerche-de-Bretagne, en Ille-et-Vilaine, où seront fabriquées une partie des mascottes.
Président du comité olympique, Tony Estanguet a visité la manufacture de Doudou et Compagnie à La Guerche-de-Bretagne, en Ille-et-Vilaine, où seront fabriquées une partie des mascottes. - C. Allain/20 Minutes

« Il faut encore se roder »

Elle a pris quelques minutes de pause pour un selfie avec le président du comité olympique Tony Estanguet. Mais même pendant l’inauguration de la manufacture de La Guerche-de-Bretagne, Mélanie, notre couturière aux doigts de fée, n’a pas arrêté de coudre les morceaux de la mascotte. « Nous faisons nos premières pièces donc il faut encore se roder. Ce n’est pas très compliqué mais il y a plusieurs petites étapes à respecter ». Pour cette ancienne fleuriste reconvertie à la couture, participer à la création de la mascotte est une immense fierté. « C’est un honneur même. On les fait avec nos petites mains. Ça montre que l’on sait encore faire en France ».

Recrutée par Doudou et Compagnie en janvier, elle a pu se former aux techniques de la peluche avant de se frotter à la mascotte. Comme elle, une cinquantaine de couturières seront recrutées pour répondre à la commande exceptionnelle. Et à entendre son patron, il n’y a pas une minute à perdre. « Quand on a répondu à l’appel d’offres du comité olympique, on était sûrs d’être recalés. Mais ils ont aimé le dossier de ce petit atelier en Bretagne. C’est un vrai challenge que nous relevons puisqu’il faudra produire environ 600.000 mascottes en quatre cents jours. En Europe, il n’y a personne capable de faire ça », résume le PDG Alain Joly. A La Guerche-de-Bretagne, 1.000 à 1.500 pièces devront être produites au quotidien pour satisfaire l’appétit du comité olympique. Colossal pour une si petite structure fraîchement installée dans cette ancienne jardinerie abandonnée. En plus des nouvelles recrues, la société a déjà fait appel à des couturières à leur compte et se réserve la possibilité de sous traiter certaines missions pour accélérer la cadence.

Une partie des mascottes des Jeux olympiques de Paris 2024 sera fabriquée par la société Doudou et Compagnie, qui a installé un atelier de manufacture à La Guerche-de-Bretagne, en Ille-et-Vilaine.
Une partie des mascottes des Jeux olympiques de Paris 2024 sera fabriquée par la société Doudou et Compagnie, qui a installé un atelier de manufacture à La Guerche-de-Bretagne, en Ille-et-Vilaine. - C. Allain/20 Minutes

39 euros la Française, 30 euros la Chinoise

Face au tollé provoqué par l’annonce de la production de masse en Chine, l’entreprise dont le siège est basé en région parisienne a annoncé qu’elle produirait la moitié de ses mascottes en Bretagne. Un choix qui a un prix. « Le coût de production en France est cinq à six fois plus élevé qu’en Chine », assure le patron. Pour trouver un équilibre, Alain Joly et son équipe comptent sur le réseau de distribution : « On va impliquer toute la chaîne, y compris les distributeurs. Si tout le monde fait un effort sur la marge bénéficiaire, on y arrivera », promet-il. « Relocaliser en France, c’est braver de nombreuses contraintes car les charges ne sont pas du tout les mêmes. Mais aujourd’hui, les clients ont des attentes différentes, ils achètent de manière réfléchie », assure le responsable régional de La Grande Récré, qui fait partie des revendeurs agréés. « Chacun a fait un effort. Nous au comité olympique mais aussi les distributeurs… Tout le monde a réduit sa marge », explique Tony Estanguet.

Ce mardi, le triple champion olympique a envoyé quelques selfies au milieu de la manufacture de La Guerche-de-Bretagne. Il en a profité pour rappeler que le prix de vente de départ avait été fixé à 50 euros par mascotte. Il a finalement été ramené à 39 euros pour les peluches « premium » fabriquées en France et s’affichera à 30 euros pour celles cousues à l’autre bout du monde. Pour quelle différence ? « Un meilleur rembourrage, une finition plus soignée. Et surtout la promesse d’une fabrication française ! », lance avec fierté le patron de Doudou et Compagnie. « Nous allons montrer à la France et à l’Europe qu’une peluche produite en France, ça marche ».