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Jörg Alt, un jésuite allemand au service de la cause climatique

Jörg Alt a encore des cloques sur la paume. Il y a un mois, le 28 octobre, ce jésuite de 61 ans s’est collé la main au macadam, devant le ministère bavarois de la justice, à Munich. Accompagné des activistes du mouvement Scientist Rebellion (« Scientifiques en rébellion »), il a bloqué la circulation dans le centre de cette grande ville du sud de l’Allemagne pour alerter sur l’urgence climatique, au grand dam des automobilistes.

Après avoir tout essayé

Basé à Nuremberg, ce religieux travaille depuis trente-cinq ans sur les thèmes de la migration et du climat, mais constate les limites de l’engagement classique. « Le Groupe intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) dit qu’il ne nous reste que trois ans pour que les émissions de CO2 commencent définitivement à baisser si on veut limiter la hausse des températures à 1,5 °C. Cela fait réfléchir. En trente-cinq ans, j’ai fait des discours, écrit des livres, j’ai débattu, participé à des campagnes, signé de pétitions. Cela n’a aidé en rien ! Nous devons donc nous mettre en travers de la route, de manière incontournable, pour alerter l’opinion publique », lance-t-il avec passion.

Bloquer la circulation durant plusieurs heures comme l’a fait Jörg Alt à deux reprises, ou jeter de la purée sur des tableaux, les actions coups-de-poing se multiplient ces dernières semaines, non sans polémiques. À Berlin, les activistes du groupe Letzte Generation (« Dernière rénovation », en français) ont vu se déchaîner les passions lors de la mort d’une cycliste, percutée par un camion. Coincée dans les embouteillages causés par une action de blocage d’autoroute, l’ambulance avait perdu de précieuses minutes. Depuis, certains médias liés au groupe Springer et certains hommes politiques de droite qualifient ces militants climatiques d’extrémistes, voire de terroristes. C’est le cas du député Alexander Dobrindt, du parti chrétien-social bavarois, qui les qualifie de « RAF verte », en référence au mouvement terroriste Fraction armée rouge.

Des méthodes très clivantes

« Nous ne sommes pas surpris par ces attaques, reconnaît Jörg Alt. Les actions de désobéissance civile sont toujours critiquées avant que leurs auteurs ne deviennent des héros. » « Mais dans cette affaire, il faut se demander qui enfreint les lois. Ce sont les États qui n’appliquent pas l’Accord de Paris », estime ce religieux. Lui-même est poursuivi par la justice pour quatre délits, dont blocage de route, mais pas placé en détention préventive, contrairement à une dizaine de militants du groupe Letzte Generation en Bavière.

Sa participation à ce genre d’actions n’est pas du goût de tous parmi les frères jésuites. « Certains me trouvent trop radical, mais mes supérieurs me soutiennent », note-t-il, en regrettant le « manque de radicalité des catholiques, dans les paroisses et parmi les groupes de jeunes ». Il prend à témoin les actualités récentes. « En Inde, des milliers de personnes sont mortes car les températures ont dépassé les 50 °C. Au Pakistan, 30 millions de personnes ont perdu leurs maisons à cause d’inondations. Nous, chrétiens, ne pouvons pas y être indifférents. C’est bien le Nord qui a engendré ces problèmes. Nous avons la responsabilité et le devoir de les résoudre ! »