France
This article was added by the user . TheWorldNews is not responsible for the content of the platform.

Julien Bayou : il clame son innocence, Rousseau "est allée trop loin"

Julien Bayou : il clame son innocence, Rousseau "est allée trop loin" BAYOU. Accusé de violences psychologiques sur son ex-compagne, Julien Bayou sort du silence ce mardi 4 octobre et se défend des faits qu'on lui reproche. Il juge aussi la députée Sandrine Rousseau est "allée trop loin" dans ses accusations.

[Mis à jour le 4 octobre 2022 à 8h14] "Il n'y a pas d'affaire Bayou. [...] Je suis dans la situation de quelqu'un innocent des faits dont on ne l'accuse pas." Dès les premières lignes de son entretien avec Le Monde publié le 4 octobre, Julien Bayou se défend d'être l'auteur de violences psychologiques sur son ex-compagne. Des accusations qui portent sur lui et l'ont poussé à démissionner de la coprésidence d'Europe-Ecologie-Les Verts après la sortie de Sandrine Rousseau sur le plateau de France 5 le 19 septembre. Deux semaines après l'affaire qui a secoué le parti de gauche, le député sort du silence et clame son innocence. Plutôt que des violences psychologiques, l'élu écologiste évoque "une rupture très douloureuse avec des souffrances partagées" dans laquelle il n'est pas "l'auteur intentionnel des souffrances, réelles, de [son] ex-compagne". Et si l'homme a mis du temps à s'exprimer sur le sujet laissant d'abord le soin à son avocate de le défendre, il "compte bien démontrer" qu'il n'a "jamais commis de violence psychologique" à l'égard de son ancienne compagne.

Julien Bayou a pourtant, après les accusations de sa collègue Sandrine Rousseau quitté ses fonctions au sein du parti sans renoncer à son rôle de député. L'élu explique au journal que dire au revoir à la présidence d'EELV était nécessaire "pour parler librement sans engager le collectif" en revanche face à "une accusation qui n'est pas portée, une rumeur qui est colportée" il entend poursuivre son rôle de député : "Je n'ai pas quitté mon parti. [...] Je suis investi d'un mandat, je compte bien le mener".

Bayou accuse Rousseau d'être "allée trop loin"

Le séisme qui bouscule la gauche et le parti écologiste est d'autant plus fort que tout se passe en interne. C'est la députée écologiste et féministe Sandrine Rousseau qui a fait l'étalage de la vie privée de l'ex-compagne de Julien Bayou et par ricochet du député. Dans Le Monde, l'ancien co-président d'EELV juge que l'élue "est allée trop loin" et l'accuse de "confondre féminisme et maccarthysme" en s'adonnant à une chasse à l'homme et portant "des accusations que vous ne pouvez contredire, car il n'y a pas d'enquête". L'écologiste pèse toutefois la mesure de ses mots et s'il assure que "le mouvement #metoo est une révolution nécessaire et inachevée" il nuance et dénonce ici non "pas un excès du féminisme [mais] un dévoiement. 

La démission de Julien Bayou de la direction d'EELV

Julien Bayou sait depuis des semaines qu'il fait l'objet d'un signalement pour violences faites aux femmes, effectué au début de l'été par une ancienne compagne, à une commission interne de EELV. Le député n'a manifestement pas obtenu d'information sur la nature de cette plainte. "Vous le savez peut-être, je suis accusé de faits qui ne me sont pas présentés, dont mes accusateurs.ices disent qu'ils ne sont pas pénalement répréhensibles, et dont je ne peux pour autant pas me défendre puisqu'on refuse de m'entendre. C'est Kafka à l'heure des réseaux sociaux", écrit Julien Bayou. Et d'ajouter : "Cette situation est intenable et le contexte délétère semble empêcher tout discernement, dans un moment où la société bascule et cherche le point d'équilibre pour cette si nécessaire révolution féministe."

Visé par une enquête interne diligentée par le parti EELV, mais sans avoir été entendu par la commission, Julien Bayou avait déjà décidé de quitter la co-présidence du groupe des écologistes à l'Assemblée nationale. L'audition devrait avoir lieu prochainement après que les investigations auront permis de faire "un état des lieux pour comprendre le contexte", selon la députée Sandra Regol, interrogée le 21 septembre sur le sujet. La justice ne s'est, quant à elle, pas emparée de l'affaire concernant Julien Bayou puisqu'aucune plainte n'a été déposée. Du moins, pas à la connaissance du parti.

En juillet dernier, le député écologiste avait été interrogé sur un signalement le concernant, effectué auprès d'une commission interne d'EELV, par une femme l'accusant de violences conjugales. Le jeune député indiquait alors au Figaro, qui le questionnait sur ce fait, attendre d'être "interrogé dans les meilleurs délais sur ce qui ne constitue en rien des violences sexistes ou sexuelles ni des comportements inappropriés envers quiconque". L'élu écologiste estimait par ailleurs que cette plainte résultait d'une "rupture douloureuse et difficile" avec son ancienne compagne, dont il mettait en avant la "rancœur" et de supposées velléités de lui nuire.

Ces accusations ont pris une dimension médiatique nouvelle le lundi 19 septembre, avec la diffusion de C à Vous en fin d'après-midi. Lors de l'émission, tournée en direct, la présentatrice a tenu à faire réagir son invitée Sandrine Rousseau sur une série de tweets, publiés dans l'après-midi, demandant quelle était l'avancée des mesures déployées chez EELV à la suite de ces allégations.

Sandrine Rousseau, également députée EELV, a fait savoir sur le plateau qu'elle avait rencontré "longuement" ladite plaignante. L'élue a même indiqué l'avoir reçue chez elle et avoir recueilli son témoignage. Elle a clairement entendu, a-t-elle dit, un récit pointant "des comportements qui sont de nature à briser la santé morale des femmes", ajoutant, au sujet de la vie sentimentale de Julien Bayou : "Elles sont manifestement plusieurs, moi je n'ai entendu qu'un seul témoignage. Visiblement, une enquête journalistique est en cours." La députée a indiqué avoir reçu une femme "vraiment très mal [et] dans un état très déprimé", qui lui a confié avoir "fait une tentative de suicide quelques semaines après" avoir effectué ce signalement aux instances du parti.

Lorsque la journaliste sur le plateau lui a demandé si Julien Bayou devait se mettre en retrait de ses responsabilités politiques, Sandrine Rousseau a souligné qu'il était trop tôt pour se prononcer. "On verra, step by step", a-t-elle réagi.

La nature des faits reprochés à Julien Bayou n'a pas été rendue publique. Sandrine Rousseau n'a pas livré le contenu de son échange avec l'ancienne compagne du député, pointant seulement la détresse psychologique de celle-ci, tout en la liant au "comportement" de son ancien compagnon.

Outre ses récentes déclarations dans un communiqué et la prise de parole de son avocate lundi 26 septembre, en juillet, Julien Bayou avait insisté auprès du Figaro sur les motivations, selon lui malhonnêtes, qui ont mené à cette plainte. "Elle m'a clairement écrit, trois jours après avoir saisi la commission interne d'EELV : 'Inquiète-toi. Je vais revenir et en force. (…) La chute va être douloureuse.'". Julien Bayou commentait la tournure que prenaient les événements ainsi : "Il s'agit malheureusement d'une histoire qui se termine dans la souffrance, et d'une rupture qui s'accompagne de menaces à peine voilées à mon endroit et d'une forme d'instrumentalisation que je ne peux que déplorer."

Quelles réactions du côté d'EELV ?

Mardi 20 septembre, au lendemain des accusations de Sandrine Rousseau, Europe Écologie-Les Verts s'est fendu d'un communiqué dans lequel le parti a réaffirmé être "pleinement mobilisé dans la lutte contre les violences faites aux femmes". EELV y explique que "ces violences sont systémiques, elles existent dans l'ensemble des cercles de la société, y compris dans la sphère politique" et rappelle s'être doté de lui-même d'une cellule d'écoute "dès 2016, puis d'une cellule d'enquête et de sanction sur le harcèlement et les violences sexuelles et sexistes début 2017". Cellule dont le seul souci est "la recherche de la vérité". Réagissant au tumulte médiatique suscité par les propos de Sandrine Rousseau lundi soir, EELV a indiqué que la "cellule travaille à son rythme" et qu'elle "doit continuer son travail en toute indépendance et sérénité". La direction du parti a également rappelé la procédure à suivre si d'autres faits devaient être portés à la connaissance de la cellule.

Dimanche 25 septembre, l'ex-candidat écologiste à la présidentielle, Yannick Jadot, avait appelé Julien Bayou à se mettre en retrait du secrétariat national d'EELV, "pour la sérénité de l'enquête". L'eurodéputé avait aussi considéré que les propos de Sandrine Rousseau avaient été malvenus. "Je ne suis pas favorable à ces prises de position personnelles qui viennent abîmer un processus qu'on doit toutes et tous respecter", avait-il dit sur le plateau du Grand Jury RTL.