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Jusqu'à 1 500 € en 2023 pour les enseignants qui "innovent" : quelle est cette prime qui fait bondir les syndicats ?

Le ministère dévoile la création d'une prime de 250 à 1 500 € pour les enseignants qui participent aux ateliers d'innovation pédagogiques dans le cadre du CNR éducation. Une annonce précipitée et qui ne répond pas aux attentes des syndicats.

C'est une annonce un peu précipitée qui a jeté un nouveau trouble dans les rangs des enseignants. Le ministère de l'Education a dévoilé cette semaine un projet de prime à l'innovation pédagogique qui sera présenté aux syndicats d'enseignants en janvier, révèle le site Les Echos. Après une tentative de concertation express (convocation lundi pour une réunion mardi...) qui a provoqué un tollé parmi ceux-ci, le ministère a décidé de différer l'annonce de la mesure et de prendre le temps de l'expliquer.

Écoles, collèges et lycées concernés

Selon le ministère, il s'agit d'une "mesure technique" visant à rémunérer les enseignants qui s'investiront dans les projets pédagogiques financés par le fonds d'innovation pédagogique (FIP), voulu par Emmanuel Macron dans le cadre de la déclinaison du CNR éducation (Conseil national de la refondation). 150 millions d'euros sont prévus dès 2023 et 500 millions sur le quinquennat. Ce CNR invite les équipes pédagogiques à mener une réflexion pour adapter localement les organisations en lien avec élèves, parents, entreprises, associations et élus.

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Ces primes à l'innovation pédagogique sont destinées à reconnaître le temps passé sur les projets et concerneront les personnels des écoles, collèges et lycées, y compris dans les établissements privés sous contrat, mais pas les personnels d'encadrement. Selon le ministère, elles s'inscrivent dans la philosophie de dispositifs déjà existants comme les indemnités pour missions particulières (coordination des éco-délégués, référent culturel, numérique, etc.).

D'un montant annuel de 250 à 1 500 euros, cette prime serait versée en début d'année prochaine, préfigurant le futur "pacte" enseignant promis par Emmanuel Macron. La notion de rémunération au mérite fait toujours tiquer les syndicats alors même que le problème de la revalorisation d'ensemble de la grille des salaires n'est pas réglé. D'autant que l'attribution de cette prime serait décidée par les recteurs.

"Sur quels critères ? Il y a des risques d'inégalités"

"Sur le principe, toute rémunération nouvelle est intéressante mais on va récompenser des missions supplémentaires alors que ceux qui sont à bloc dans leur mission essentielle et n'ont pas de temps pour cela ne le seront pas, soulève Sophie Gal, secrétaire académique du SE-UNSA. Sur quoi seront basés les critères d'attribution ? Il y a des risques d'inégalités."

20% de perte de pouvoir d'achat à rattraper

"Cela fait des années qu'ils essaient de rémunérer des missions supplémentaires, on le voit venir mais ce n'est pas ce qu'attendent les enseignants", renchérit Nicolas Ribo, secrétaire académique de la CGT Educ'action. "Pour l'heure les 2 000 euros de salaire pour les débutants restent une promesse et on ne parle de revaloriser la grille que pour les 20 premières années. Ceux qui sont au-delà de cette ancienneté risquent de passer au travers et c'est injuste. Notre priorité c'est cette revalorisation pour rattraper les 20 % de pouvoir d'achat perdus en raison du gel des indices."

Pénurie de candidats au concours d'enseignants

Ces primes constitueront "de l'argent en plus", appuie l'entourage de Pap Ndiaye en assurant qu'elles ne viendront pas amputer l'enveloppe catégorielle prévue dans la loi de Finances pour la revalorisation des salaires. Ces annonces de rémunération supplémentaires surviennent au moment où les inscriptions aux concours de recrutement des professeurs pour 2023 ne font pas recette. Le ministre a annoncé un "léger mieux" par rapport à 2022 mais le nombre de candidats reste insuffisant et la clôture des inscriptions a été une nouvelle fois reportée de quinze jours.