Sept titres pour découvrir, ou approfondir la connaissance, d’artistes et de créateurs, d’un lieu – le Montparnasse bohème – ou d’une matière – la terre crue. Et de quelques autres livres…
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Beaux-arts 1
« Käthe Kollwitz. L’œuvre 1888-1942 »
Qui, en France, connaît Käthe Kollwitz (1867-1945) ? Les visiteurs, en 2012, du Musée Georges de La Tour, à Vic-sur-Seille (Moselle), qui lui consacra une petite exposition, ou ceux, en 2019, du Musée d’art moderne de Strasbourg, qui en montra une plus grande. L’artiste allemande a été plus et mieux vue en Chine ! Et de son vivant, grâce à l’un des plus grands intellectuels et écrivains de son temps, Lu Xun (1881-1936), qui prisait ses créations. Elle eut aussi là-bas, bien plus tard, à Pékin, en 1979, une exposition qui eut un fort impact sur le mouvement dissident Les Etoiles, et une autre, en 2009, qui soulignait son influence sur l’art moderne chinois.
C’est que la dissidence était dans sa nature : trois jours après l’accession d’Adolf Hitler à la chancellerie, en 1933, elle cosigne avec Heinrich Mann un appel invitant à la fondation d’un front uni des socialistes et des communistes contre le NSDAP, le parti nazi. Elle est interdite d’exposition par le régime, mais, contrairement à Heinrich Mann, qui s’exile, choisit de rester en Allemagne. Elle fait ce qu’elle a toujours fait, dessiner, graver, sculpter, pleurer ses morts (son petit-fils est tombé sur le front de l’Est, comme son fils, en 1914, dans une tranchée en Belgique) et leur ériger, à sa manière, des monuments.
C’est ce que montre la très belle, rigoureuse et nécessaire monographie que lui consacrent, en collaboration avec le Musée Käthe Kollwitz de Cologne, les Editions Martin de Halleux. A 26 ans déjà, elle est attirée par les thèmes sociaux : après avoir tenté d’illustrer Germinal, de Zola, elle se concentre sur une série inspirée de la « révolte de la faim » qui fut celle des tisserands silésiens en 1844. Quatre ans de travail pour six planches en taille-douce et un résultat déjà magistral.
Suivront, entre autres, un cycle sur la guerre des paysans allemands de 1524-1525 – la première révolte populaire à s’appuyer sur des revendications précises (inspirées de Luther, qui les renia) –, des affiches qui déplaisent (l’impératrice refusa de visiter l’exposition de 1906 sur le travail à domicile, tant que son dessin montrant une ouvrière épuisée n’en serait pas retiré), un autre cycle de bois gravés, appelé « Guerre » (en 1918), mais aussi des sculptures, technique qu’elle a apprise, entre autres, auprès de Rodin. Au début des années 1930, elle est célèbre. D’où la volonté des nazis d’oblitérer son travail : ses œuvres sont retirées des musées, détruites ou vendues à l’encan. Elle est morte le 22 avril 1945, quelques jours avant la fin de la seconde guerre mondiale. Ha. B.
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