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Kosovo : que se passe-t-il ? Pourquoi une recrudescence des violences ?

Kosovo : que se passe-t-il ? Pourquoi une recrudescence des violences ? La tension réapparaît au Kosovo. Des affrontements ont éclaté entre Serbes et Kosovars depuis l'élection de maires kosovars albanais dans des villes à majorité serbe.

Novak Djokovic a déclenché la première polémique du tournoi de tennis de Roland-Garros : "Le Kosovo, c'est le cœur de la Serbie ! Stop à la violence", voici le message qu'il a inscrit sur la caméra au moment de quitter le court du Philippe Chatrier lundi 29 mai. Le tennisman serbe s'exprime ainsi alors que les tensions gagnent en intensité depuis le mois d'avril dans ce petit pays des Balkans.

Une élection a mis le feu aux poudres : les municipales. Les Serbes les ont boycottées suite à l'appel de la Srpska Lista, principal parti serbe au Kosovo étroitement lié à Belgrade. Des élus albanais ont alors été élus dans des villes majoritairement serbes avec des taux de participation ne dépassant pas les 3,5% selon France 24

Des blessures par balles recensées dans les affrontements

Ces nouveaux édiles ont été officiellement investis de leurs fonctions la semaine dernière, ce qui a déclenché de spectaculaires protestations serbes. Des rassemblements devant les mairies des quatre grandes villes à majorité serbe ont dégénéré. L'ONU est intervenu via l'OTAN : les forces de cette alliance militaire ont alors séparé les deux belligérants. La violence est ensuite montée d'un cran avec les manifestants avec des jets de pierres, de bouteilles et de cocktails Molotov. 

30 soldats ont été blessés dans les heurts, a indiqué la KFOR (Force internationale au Kosovo emmenée par l'Alliance atlantique) sur Twitter. Le communiqué avance même que "trois soldats hongrois ont été blessés par des armes à feu". Le président serbe, Aleksandar Vucic, a déploré les blessures de 52 manifestants serbes, dont trois grièvement.

Pourquoi les élections au Kosovo ont-elles été boycottées ?

Ces élections se sont déroulées dans un contexte particulier : en novembre 2022, les Serbes employés dans l'administration kosovare ont pour la plupart tous démissionné. Ils contestaient alors une décision du gouvernement de Pristina visant à interdire aux Serbes vivant au Kosovo d'utiliser des plaques d'immatriculation serbes sur le territoire kosovar.

Selon Alexis Troude, professeur de géopolitique à l'Université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines (UVSQ) et spécialiste des Balkans, l'explique auprès de France 24 : "À chaque fois, c'est le même coup : le Kosovo multiplie les vexations à l'encontre des Serbes. Pristina n'a jamais respecté les accords de 2013 et tente régulièrement d'asseoir son autorité sur le nord du Kosovo, provoquant des tensions avec la population serbe." Ces accords de 2013 devaient graver dans le marbre la création d'une association de dix municipalités à majorité serbe. Mais le Kosovo n'a pas respecté ses engagements par crainte de voir la Serbie prendre possession de ces territoires.

La Russie et les États-Unis soutiennent chacun l'un des deux pays

Le secrétaire d'État américain, Anthony Blinken, a blâmé Albin Kurti, Premier ministre du Kosovo, sur ces décisions ayant engendré ces frictions : "Il a fortement et inutilement aggravé les tensions". Les États-Unis ont également exclu le pays du Defender 23, un programme d'exercices militaires conjoints entre 20 alliés occidentaux.

L'OTAN est présent au Kosovo depuis 1999 pour gérer une mission de maintien de la paix. Cette présence militaire était intervenue en pleine guerre ayant coûté la vie à près de 13 000 personnes. Le Kosovo avait alors officiellement déclaré son indépendance en 2008, ce que Belgrade refuse toujours de reconnaître. Cela n'est ni reconnu par l'ONU, ni par l'Union européenne même si les États-Unis et ses alliés occidentaux, comme la France, reconnaissent le pays.

Des divergences religieuses et ethniques à la source du conflit

Le pays est peuplé à 90% par des albanophones musulmans et à 10% par des serbes orthodoxes selon le JDD. La région est touchée par des conflits ethniques et religieux depuis l'éclatement de la Yougoslavie en 1992. La Serbie ne reconnaît pas son indépendance, car cette région est considérée comme le berceau national et religieux des Serbes.

Moscou et Washington sont une nouvelle fois opposés sur ce dossier : les Russes soutiennent les Serbes et les États-uniens soutiennent les Kosovars. Le spécialiste des Balkans, Alexis Troude estime que : "Ces tensions vont finir un jour par déboucher sur une guerre en Europe. Les grandes puissances actionnent les rivalités locales depuis 20 ans et jouent avec le feu. D'un côté, les États-Unis confortent l'autorité de Pristina, de l'autre, la Russie soutient Belgrade. L'Europe doit se réveiller pour éviter le pire."