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L’albicidine, une molécule antibiotique prometteuse

L’antibiorésistance est sans doute le phénomène naturel le plus compliqué à contrecarrer. C’est dans ce contexte tendu, en termes sanitaires, que s’inscrivent les travaux d’une équipe de chercheurs européens.

Publiés dans Nature Catalysis, leurs résultats font référence à une molécule antibiotique connue des spécialistes et dont le mode de fonctionnement n’était pas totalement compris. L’albicidine, c’est son nom, est “produite par une bactérie pathogène, Xanthomonas albilineans, connue pour s’attaquer à la canne à sucre”, rappelle The Guardian.

“Nous n’avons observé aucune résistance à l’albicidine, s’enthousiasme Dmitry Ghilarov, chercheur au Centre John Innes à Norwich, au Royaume-Uni. Nous pensons qu’il sera très compliqué pour les bactéries de développer des résistances à des antibiotiques dérivés de l’albicidine.” La raison de cet emballement est simple : Dmitry Ghilarov et ses collègues viennent de comprendre comment l’albicidine agit.

“Puissante face aux bactéries pathogènes”

Comme tous les êtres vivants, les bactéries contiennent de l’ADN plus ou moins enroulé sur lui-même. À chaque fois qu’une bactérie a besoin de se diviser, elle doit ouvrir son ADN pour le répliquer. Ce processus se fait à l’aide de protéines appelées gyrases, qui peuvent ouvrir et fermer l’ADN, en somme l’enrouler ou le dérouler. L’albicidine inhibe l’action de ces gyrases et par conséquent provoque la mort de la bactérie.

“Maintenant que nous connaissons la structure de la molécule, nous pouvons modifier l’albicidine pour améliorer son efficacité et ses propriétés pharmacologiques, déclare Dmitry Ghilarov dans les colonnes du quotidien britannique. Nous pensons que [l’albicidine] est l’un des meilleurs nouveaux antibiotiques depuis des années. Elle est efficace à de faibles concentrations et est puissante face aux bactéries pathogènes, même celles qui sont résistantes aux fluoroquinolones [une classe d’antibiotiques qui inhibent les mêmes protéines que l’albicidine].”

Cette découverte est de bon augure, sachant que l’antibiorésistance provoque un nombre de morts toujours plus grand chaque année. En 2022, la revue médicale The Lancet a publié une analyse de grande ampleur, signalant que l’antibiorésistance associée aux bactéries, à travers le monde, a tué en 2019 plus de 1,27 million de personnes. De son côté, l’Organisation mondiale de la santé répète que ce sujet doit devenir le cheval de bataille de toutes les nations, après avoir estimé à près de 10 millions le nombre de décès d’ici à 2050 qui, chaque année, seraient directement associés à l’antibiorésistance.