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L’amie Colette a 150 ans

Le 28 janvier, on célèbre les 150 ans de la naissance de l’autrice du « Blé en herbe ». La réédition du « Cahier de l’Herne » consacré à cette écrivaine familière est l’occasion d’évoquer quelques-uns des traits de son art et de sa vie qui nous la rendent chère.

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« Colette », sous la direction de Gérard Bonal et Frédéric Maget, « Cahier de l’Herne », 256 p., 33 €, numérique 27 €.

« Paris, je t’aime ! et autres textes », de Colette, édité par Gérard Bonal et Frédéric Maget, L’Herne, 160 p., 14 €, numérique 10 €.

Que fêtons-nous avec la republication du « Cahier de l’Herne » Colette de 2011, qu’accompagne Paris, je t’aime !, recueil de ses textes sur la capitale ? La naissance, le 28 janvier 1873, de la petite Sidonie­-Gabrielle Colette à Saint-Sauveur-en-Puisaye (Yonne) – théâtre d’une enfance bienheureuse souvent ressuscitée ? Ou ne s’agit-il pas plutôt du centenaire de sa naissance à l’écriture, elle dont le patronyme (devenu à la fois un prénom et un pseudonyme) n’est apparu sur une couverture qu’en 1923, avec Le Blé en herbe ?

Depuis Claudine à l’école (1900), Colette avait fait jusque-là ses « apprentissages », s’effaçant derrière la signature de son proli­fique époux, le romancier Willy (1859-1931). L’enfantement n’avait pas été sans douleur. Peu après sa rencontre avec Missy (Mathilde de Morny), la jeune femme s’était séparée de Willy et, remariée en 1912 avec le journaliste et diplomate Henry de Jouvenel (1876-1935), s’était à demi révélée en signant « Colette Willy » ou même « Colette (Colette Willy) ». Il lui fallut plus longtemps encore pour échapper à la réputation sulfureuse que lui avaient valu ses ­apparitions fort dénudées sur scène, sa bisexualité affichée ou sa liaison avec le fils de son second mari, Bertrand de Jouvenel, qui n’avait alors que 16 ans…

Fêtée, Colette le fut de son vivant, et plus encore à sa mort. Quatre jours après son décès, le 3 août 1954, elle eut l’honneur de funérailles nationales. A sa manière, l’Eglise rendit aussi hommage à son passé d’actrice en lui refusant des obsèques religieuses. Certes, ni action historique, ni services rendus à l’humanité reconnaissante, ni œuvres complètes « pléiadisées » à l’avance ou dans la foulée (il lui fallut attendre trente ans). Mais Colette était, et reste, une écrivaine familière. Elle sculpta sa personnalité aux multiples facettes, tout en se refusant à servir de modèle, et incarna une certaine idée de la France, mais sans combats ni idéaux ­universels.

Aujourd’hui, elle se tient, avec Beauvoir ou Duras, au sommet d’une histoire littéraire où les femmes trouvent enfin la place qui leur avait été refusée, même si ses foucades antiféministes continuent à gêner – en 1927, elle s’indignait, lors d’un entretien sur l’entrée des femmes en politique, que l’on puisse inculquer aux femmes « le goût de la virilité, dans tous les domaines, et surtout la volonté de pouvoir » : « Une fois ses passions éveillées, la femme ne connaît plus de limites. » Les privilèges dont Colette avait su se doter n’en firent jamais une militante.

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