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L’architecture en prise avec l’identité taïwanaise

Des professionnels s’efforcent, dans leurs constructions ou leurs travaux de réhabilitation, de composer avec l’histoire du pays.

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Un portail en métal barré par une poutrelle en bois sur laquelle on peut lire « JCA Living Lab ». Pour entrer, il faut la faire pivoter. On se retrouve alors dans un microjardin saturé de plantes tropicales, au seuil d’une maison en bois d’allure japonisante. C’est là que Johnny Chiu, fondateur de l’agence J.C. Architecture, vit avec sa famille. Nous sommes au cœur de Taipei, dans un lotissement datant de la fin de la période d’occupation japonaise (qui s’est étendue de 1895 à 1945). Lorsqu’il a repéré cette maison, c’était une ruine. « Il n’y avait même plus de sol », dit-il.

Pour la reconstruire, il a fait appel à de vieux charpentiers rompus aux techniques traditionnelles et fait venir du cèdre de Hiroki, un bois très dense, sacré dans la culture japonaise. Il voulait « que l’on sente le poids de l’histoire ». Il a aussi utilisé des parpaings, des grillages, et même un toit ouvrant de voiture, qui permet de voir le ciel depuis la salle de bains. Parti des plans d’origine, l’architecte a reconfiguré la maison à son goût pour faire entrer le plus de lumière possible, un arbre, aussi, qui pousse dans la salle à manger, imbriquant intérieur et extérieur de manière intimiste et ludique.

Formé aux Etats-Unis, à Columbia et au MIT, puis au Japon dans l’agence de Kisho Kurokawa (1934-2007), le père du mouvement métaboliste et des célèbres capsules de Nakagin, à Tokyo, Johnny Chiu était bien décidé, en ouvrant son agence à Taipei, en 2010, à « embellir la ville », en y développant une architecture à l’occidentale. Mais, après quelques années, il a déchanté. « Il n’y avait pas d’âme dans ce qu’on construisait. »

Johnny Chiu, architecte : « Rien n’est pensé pour être pérenne, tout est bon marché, mobile »

L’approche bricoleuse qu’il développe aujourd’hui est en prise, selon lui, avec l’identité taïwanaise. « Taïwan est un pays dangereux – on entend régulièrement les missiles voler au-dessus de nos têtes… On a l’impression que les gens sont prêts à lever le camp n’importe quand. Et la ville reflète cela : les arcades, ces stands sur roulettes, les scooters qui filent partout… Rien n’est pensé pour être pérenne, tout est bon marché, mobile. J’ai fini par me dire qu’il fallait assumer, qu’il y avait moyen de forger notre propre langue avec ça. »

Notion de patrimoine

Ce pragmatisme s’accorde avec un engouement pour la préservation des bâtiments anciens qu’il partage avec beaucoup d’architectes de sa génération, reflet d’un désir très fort dans la société de célébrer une identité complexe, que Tchang Kaï-chek (1887-1975) et ses successeurs voulaient dissoudre de force dans une pureté chinoise fantasmée. Les héritages des aborigènes, de la colonisation hollandaise, des Chinois du Sud, des Japonais sont autant de couches du millefeuille culturel taïwanais que la société se réapproprie fièrement aujourd’hui, et que l’instance de justice transitionnelle mise en place en 2018 contribue à revaloriser.

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