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« L’Australie devrait éliminer le cancer du col de l’utérus d’ici à 2035 »

La chercheuse Karen Canfell explique comment la vaccination contre le papillomavirus devrait faire disparaître le cancer du col de l’utérus en Australie.

Par Olivier Hertel
Une dose de vaccin contre le HPV.
Une dose de vaccin contre le HPV. © SERGII IAREMENKO/SCIENCE PHOTO L / SIA / Science Photo Library via AFP

Temps de lecture : 3 min

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L'Australie est devenue un pays modèle dans la lutte contre l'infection au papillomavirus humain, responsable de nombreux cancers (col de l'utérus, vagin, vulve, anus, pénis, cavité orale, oropharynx, amygdales). Son programme de vaccination, lancé dès 2007, pourrait lui permettre de faire quasiment disparaître le cancer du col de l'utérus d'ici à 2035. Mais ces données sont souvent mises en cause par les antivax, notamment en France, qui s'oppose à ce vaccin. Nous avons donc interrogé la professeure Karen Canfell, présidente du comité de dépistage du cancer et d'immunisation du Cancer Council Australia, chargé de coordonner ce programme.

Le Point : Quand et comment le programme de vaccination contre le papillomavirus humain (HPV) a-t-il démarré en Australie ?

Pr Karen Canfell : L'Australie a été le premier pays à déployer un programme national de vaccination contre le HPV, à partir de 2007, introduisant la vaccination en milieu scolaire pour les filles avec un rattrapage scolaire et communautaire jusqu'à l'âge de 26 ans, mené jusqu'en 2009. Les garçons ont été ajoutés au programme en 2013. Un vaccin de nouvelle génération protégeant contre environ 90 % des cancers du col de l'utérus chez les femmes efficacement vaccinées a été introduit en 2018. À partir de février de cette année, le vaccin contre le HPV à deux doses administré aux adolescents âgés de 12 à 13 ans est passé à un calendrier à une dose. Un programme de rattrapage en cours pour les jeunes qui n'ont pas été vaccinés a été étendu pour inclure les personnes âgées de moins de 25 ans.

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Quels sont les principaux résultats ?

Le programme de vaccination réduit non seulement le risque à vie d'avoir cancer du col de l'utérus et d'autres cancers liés au HPV chez les jeunes vaccinés, mais il a également contribué à faire passer le dépistage du cancer du col de l'utérus tous les deux ans à un dépistage quinquennal, mais basé sur la détection du virus. Cette nouvelle approche devrait réduire la mortalité par cancer du col de l'utérus en Australie d'environ 25 %.

Quels signes permettent d'être confiant ?

Au cours des cinq premières années du programme, parmi les premiers indicateurs de succès, on a observé une diminution de 77 % du nombre de femmes de 18 à 24 ans atteintes du HPV. Les anomalies cervicales précancéreuses ont diminué de 34 % chez les 20 à 24 ans, ce qui signifie un risque beaucoup plus faible de développer un cancer du col de l'utérus. Il y a également eu une baisse marquée des verrues anogénitales chez les femmes au début de la vingtaine. De plus, on a constaté une baisse du taux de verrues génitales chez les jeunes hommes hétérosexuels avant même leur inclusion dans le programme de vaccination. Au fil du temps, le programme de vaccination réduira également le fardeau d'autres cancers liés au virus, comme les cancers de la tête, du cou et de l'anus.

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Quand l'Australie deviendra-t-elle le premier pays à éradiquer le cancer du col de l'utérus ?

Selon les tendances actuelles, nous nous attendons à ce que l'Australie élimine le cancer du col de l'utérus (selon l'Organisation mondiale de la santé, avec un taux inférieur à 4 pour 100 000 femmes par an), en tant que problème de santé publique, d'ici à 2035 . Nous avons les preuves que l'objectif est réalisable grâce à une combinaison de vaccination contre le HPV, de dépistage pour traiter les infections précancéreuses et d'autres anomalies, et d'orientation vers un traitement pour les personnes atteintes d'un cancer à un stade précoce.

Nous devons néanmoins faire plus pour réduire les inégalités, notamment dans l'accès au dépistage. Le gouvernement australien élabore actuellement un projet de stratégie nationale dans ce sens. De nouvelles interventions de dépistage, telles que l'accès universel à l'autocollecte d'échantillons de test, se sont déjà révélées efficaces pour atteindre les populations sous-dépistées.

Existe-t-il des mouvements d'opposition à la vaccination contre le HPV en Australie ?

Il n'y a pas eu d'opposition efficace. Les secteurs gouvernemental et non gouvernemental ont mené des campagnes de communication claires et efficaces, soulignant les avantages du vaccin, et se sont engagés auprès des principales parties prenantes pour soutenir l'introduction du vaccin et la transition du programme de dépistage.