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PortraitL’artiste danois aux intentions vertueuses est devenu la conscience écologique du monde de l’art. Mais son approche conciliante semble en décalage avec l’époque, encore plus consciente de la menace climatique.
Des miroirs, encore des miroirs. Quelques rangées de caissons en verre. Aux derniers étages de l’hôtel de luxe SO/Paris, fraîchement ouvert boulevard Morland, dans le 4e arrondissement de la capitale, l’intervention d’Olafur Eliasson et de l’architecte Sebastian Behmann, fondateurs du Studio Other Spaces (SOS), ne paie d’abord pas de mine.
Depuis le bar et le restaurant, le panorama à 360 degrés est si vertigineux qu’on se demande bien ce qu’un artiste pourrait ajouter au troublant spectacle d’une ville à perte de vue, du dôme doré des Invalides aux tours Duo tordues de Jean Nouvel.
« Eliasson a la stratégie d’un lanceur d’alerte avec des œuvres particulièrement instagrammables. » Christophe Rioux, professeur à Sciences Po
Il suffit pourtant de lever la tête pour que soudain la magie opère. Dans les miroirs fixés au plafond des deux terrasses, les lois de la gravité semblent abolies. Les monuments se renversent et semblent danser. Paris se révèle au fil de l’eau, sens dessus dessous. « Ce qui m’intéresse, décrit l’impassible artiste danois de 55 ans, ses grosses lunettes cerclant un regard sérieux de pasteur luthérien, c’est de savoir comment réveiller nos sens, comment regarder Paris autrement au XXIe siècle. »
Omniprésent aujourd’hui
« Réinventer Paris », c’est justement le nom de l’appel à projet gagné par le nouvel îlot urbain La Félicité, dans lequel s’intègre SO/Paris. Pour dynamiser ce quartier endormi, Laurent Dumas, patron du groupe immobilier Emerige, et l’architecte britannique David Chipperfield ont reconverti un austère bloc administratif en complexe multi-usages.
Au cinq-étoiles twisté par Eliasson s’ajoutent une auberge de jeunesse, une crèche, une piscine, une galerie d’art, des appartements de standing et des logements sociaux. Sans oublier la touche « verte » : un marché alimentaire pourvu par Terroirs d’avenir, champion des produits sourcés et du manger-mieux à prix corsés, une ferme urbaine plantée sur les toits-terrasses ainsi qu’un atelier de réparation de vélos.
Lire aussi : Article réservé à nos abonnésPas étonnant de retrouver Olafur Eliasson, dont l’œuvre aborde directement les enjeux environnementaux, au sommet de cette pyramide de luxe écosensible. Prisées des grands collectionneurs Bernard Arnault et Maja Hoffmann, ses installations et sculptures sont très cotées.
Mais l’artiste est plus qu’une vedette du marché, comme Jeff Koons ou Anish Kapoor. En quelques années, il est devenu la conscience écologique du monde de l’art. Il fraye avec les grands de ce monde au Forum de Davos, en 2016, et fut nommé ambassadeur de bonne volonté à l’ONU en 2019.
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