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L'économie française s'essouffle au troisième trimestre, l'inflation toujours au sommet

L'économie française s'enfonce dans un hiver à rallonge. Après un pic de croissance en 2021 lié en grande partie au relâchement des mesures sanitaires, la fin de l'année 2022 s'annonce bien plus morose. Entre les menaces de coupures électriques, les tensions sur les marchés du gaz, la remontée des infections de Covid et le prolongement de la guerre en Ukraine, les inquiétudes grandissent chez les ménages et les entreprises.

Dans ce contexte, la croissance du produit intérieur brut (PIB) a quasiment stagné au troisième trimestre 2022 selon les derniers chiffres de l'Insee dévoilés ce mercredi 30 novembre. L'économie française a augmenté de +0,2% en variation trimestrielle après +0,5% au second trimestre et -0,2% au premier trimestre (voir infographie ci-dessous).

[Cliquer pour agrandir l'infographie plein écran.]

À Bercy, l'entourage du ministre de l'Économie française continue d'expliquer que « l'économie française résiste » et maintient sa prévision de croissance à +1% dans le budget 2023. Mais de plus en plus d'économistes sont sceptiques sur cette projection gouvernementale jugée optimiste.

La baisse du revenu réel des Français est très supérieure à la moyenne des pays de l'OCDE

La chute de la consommation, traditionnel moteur de l'économie tricolore, a plombé les chiffres de la croissance entre juillet et septembre. Après avoir atteint un sommet au troisième trimestre 2021, la consommation tricolore n'a cessé de chuter pour faire du surplace au cours de l'été dernier. Cette dégringolade s'explique par les chiffres affolants de l'inflation, supérieurs à 5% depuis des mois, et la baisse des revenus en France. En effet, le revenu réel des Français, c'est-à-dire en prenant en compte l'inflation, a reculé de 1,2% au deuxième trimestre par rapport au premier trimestre.

Cette baisse est deux fois plus importante que la moyenne des pays développés selon une récente publication de l'OCDE. Dans le secteur privé, le salaire des cadres et des professions intermédiaires ont respectivement reculé de 3% et 2,9% au cours du troisième trimestre. Cette baisse est moindre chez les ouvriers et les employés (-1,2%). Cette différence entre les différentes catégories professionnelles s'explique par l'absence d'indexation des salaires sur l'inflation pour les salaires au dessus du SMIC.

Résultat, les revenus des ménages salariés sont en repli. Du côté du pouvoir d'achat, l'Insee enregistre une hausse au T3 de 0,9% en euros courants (sans tenir compte de l'inflation) après un recul marqué de même ampleur au trimestre précédent. Sur l'année, le pouvoir d'achat des ménages par unité de composition, c'est-à-dire en prenant en compte la taille des ménages, devrait reculer de 0,8%.

Le commerce extérieur s'enfonce dans le rouge

Le commerce extérieur continue de plonger à des niveaux record. Les importations (+3,6%) se sont envolées bien plus vite que les exportations (+2%) au cours du troisième trimestre. Au final, les échanges extérieurs amputent la croissance de 0,5 point sur cette période.

Outre les dégâts de la pandémie sur les chaînes d'approvisionnement, la crise énergétique a fait gonfler le prix des importations partout en Europe. Cette explosion des prix pèse sur de nombreux secteurs industriels dépendants de pays étrangers en matière d'énergie, de matières premières ou encore de composants électroniques. Les potentielles coupures électriques en janvier pourrait mettre à l'arrêt de nombreuses PME et chaînes industrielles partout sur le territoire.

L'inflation au plus haut à 6,2% en novembre, mais le pic est « encore à venir »

L'indice général des prix à la consommation s'est envolée à 6,2% en novembre, a indiqué l'Insee selon une estimation encore provisoire. L'inflation est restée à un niveau comparable par rapport à octobre. Dans le détail, les prix alimentaires flambent encore à 12,2% en novembre contre 12% en octobre. C'est également le cas des produits manufacturés à 4,2% contre 4% au mois dernier.

Les prix alimentaires augmentent deux fois plus vite que l'inflation : les plus modestes fragilisés

À l'opposé, l'énergie enregistre une légère baisse à 18,5% en novembre contre 19,1% en octobre et 21,6% en septembre. Malgré ce ralentissement, les prix de l'énergie continuent d'alimenter amplement la hausse généralisée des prix à la consommation. Beaucoup d'économistes s'attendent à un pic d'inflation dans les semaines à venir.

« Globalement, si cette stabilisation de l'inflation peut être considérée comme une bonne nouvelle, elle ne signifie pas que l'inflation a atteint son sommet. Au contraire, le pic de l'inflation en France est encore à venir », explique l'économiste d'ING Charlotte de Montpellier dans une note. En effet, la fin de la ristourne sur le carburant et la baisse du bouclier tarifaire devraient mécaniquement augmenter les prix à la pompe et les factures énergétiques.

L'inflation se maintient à +6,2% en France pour le deuxième mois consécutif

En zone euro, l'inflation culmine à 10% (+13,6% pour l'alimentaire)

En Europe, l'inflation a atteint 10% en novembre après avoir culminé à 10,6% en octobre en variation annuelle, selon les derniers chiffres d'Eurostat dévoilés ce mercredi 10 novembre. Même si les prix de l'énergie continuent de ralentir, ils contribuent largement à l'envolée de l'inflation sur le Vieux Continent.

Du côté de l'alimentaire, les prix accélèrent à 13,6% en novembre après 13% en octobre. Cette dynamique fait craindre un prolongement de l'inflation à des niveaux encore élevés en 2023. Le resserrement de la politique monétaire de la Banque centrale européenne pourrait faire baisser les pressions inflationnistes dans les semaines à venir mais les menaces de récession se précisent sur le Vieux Continent.