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« L’existence écologique » ou la vie après la croissance selon Christian Arnsperger

L’économiste allemand explore, dans son dernier ouvrage, les conditions à la fois anthropologiques et économiques qui permettraient à l’humanité de vivre pleinement en accord avec la nature, en se déconditionnant du dogme de la croissance.

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Livre. La peur de l’effondrement, la « solastalgie » et les écoanxiétés multiples que suscitent les prévisions liées au réchauffement climatique global sauront-elles sortir l’homo oeconomicus de son rêve éveillé ? C’est ce que veut croire l’économiste Christian Arnsperger, pour qui la crise environnementale met à nu les soubassements « existentiels » de la croissance. L’auteur de L’existence écologique (Seuil, « Anthropocène », 432 pages, 23 euros), professeur à l’université de Lausanne, s’appuie notamment sur des travaux de psychologie sociale. Selon les promoteurs de la « théorie de la gestion de la peur » (Terror Management Theory), le fait de penser à leur propre mort, en poussant les individus à intensifier le rôle des valeurs dans leur action, les conduit à prendre des décisions économiques différentes de celles qu’ils auraient prises normalement. Cette expérience, selon lui, récapitule deux siècles d’histoire.

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C’est en cherchant à repousser l’échéance de la misère et de la famine que s’est constituée la théorie économique classique. Il fallait alors répondre à la « prophétie sinistre » qui, chez Malthus et Ricardo, condamnait les sociétés humaines à des crises récurrentes. Le progrès technique et la révolution industrielle surent démentir ces prédictions macabres mais, au lieu d’anéantir l’effroi existentiel qu’elles avaient manifesté, ne firent que le reconfigurer. Car dans les sociétés occidentales modernes, le désir se transforme bientôt en besoin : les biens matériels jadis considérés comme des luxes, deviennent des nécessités. Aussi le sujet libéral est-il toujours insatisfait : il vit dans une rareté imaginaire, fondée sur le désir mimétique et sur une « compulsion de la nouveauté » qui ne peut être assouvie que par de nouveaux cycles d’innovations techniques et de croissance. Cette course sans fin, qui est aussi un rejet mélancolique du monde, ne serait que le refoulement d’une terreur devant notre propre finitude, de notre peur fondamentale de la mort.

Cet homo œconomicus crescens n’est pas une simple construction intellectuelle. Il est le produit d’une longue histoire économique et politique qui vit triompher l’idéologie de la croissance. Il fallut, pour cela, nier les performances du mode de production ancien fondé sur la petite propriété et les communs, favoriser les investissements industriels en invisibilisant les externalités environnementales, et adopter un système bancaire dans lequel l’endettement doit rester élevé et lié à des perspectives de croissance perpétuelles. C’est ainsi que, peu à peu, la croissance de la production par tête est devenue garante de l’emploi, et le shopping, l’acte citoyen par excellence par lequel les consommateurs sont invités à soutenir les activités productives.

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