France
This article was added by the user . TheWorldNews is not responsible for the content of the platform.

L’humanité «vampirique» a «brisé le cycle de l’eau», tonne le chef de l’ONU

L’humanité «vampirique» a «brisé le cycle de l’eau», tonne le chef de l’ONU
«L’humanité s’est engagée aveuglément sur un chemin périlleux», selon Antonio Gutteres.

photo AFP

publié le 22 mars 2023 à 21h03.

Des milliards de personnes à travers la planète sont en danger selon Antonio Gutteres, à l’ouverture d’une conférence de l’ONU sur l’eau.

« Nous avons brisé le cycle de l’eau, détruit les écosystèmes et contaminé les eaux souterraines », a lancé mercredi Antonio Guterres à l’ouverture de la première conférence de l’ONU sur l’eau depuis près d’un demi-siècle qui doit accueillir plus de 6.500 participants dont une centaine de ministres et une douzaine de chefs d’État et de gouvernement.

« Nous drainons l’humanité de sa substance vitale par la surconsommation vampirique et l’utilisation non durable que nous faisons de l’eau, et nous provoquons son évaporation en réchauffant la planète », a-t-il ajouté, s’inquiétant de l’avenir « compromis » de l’eau, pourtant « la sève de l’humanité » et « un droit humain ».

Pas assez d’eau par endroits, trop à d’autres où les inondations se multiplient, ou de l’eau contaminée : si les situations dramatiques sont légion dans de nombreux endroits de la planète, un rapport de l’ONU-Eau et de l’Unesco publié mardi souligne le « risque imminent d’une crise mondiale de l’eau ».

« Combien de personnes seront touchées par cette crise mondiale de l’eau est une question de scénario », a expliqué son auteur principal Richard Connor. « Si rien n’est fait, entre 40 et 50 % de la population continuera à ne pas avoir accès à des services d’assainissement et environ 20-25 % à de l’eau potable », a-t-il noté. Et si les pourcentages ne changent pas, la population mondiale grossit et le nombre de personnes touchées avec.

Alors la conférence de l’ONU, la première de cette ampleur depuis 1977 sur cette question vitale mais trop longtemps ignorée, suscite beaucoup d’espoirs pour tenter d’inverser la tendance et espérer garantir d’ici 2030 l’accès pour tous à de l’eau potable ou à des toilettes, objectifs fixés en 2015.

Les participants, États, entreprises ou représentants de la société civile, étaient appelés à venir avec des engagements concrets, certains déjà annoncés en amont. Mais déjà, certains observateurs doutent de leur portée et de la disponibilité des financements nécessaires pour les mettre en œuvre.

Contamination de l’eau

Dans un monde où lors des 40 dernières années, l’utilisation de l’eau douce a augmenté de près de 1% par an, le rapport de l’ONU-Eau met en premier lieu en avant les pénuries d’eau qui «tendent à se généraliser», et à s’aggraver avec l’impact du réchauffement, jusqu’à frapper prochainement même les régions aujourd’hui épargnées en Asie de l’Est ou en Amérique du Sud.

Le problème n’est pas seulement le manque d’eau, mais la contamination de celle qui peut être disponible, en raison de l’absence ou de carences des systèmes d’assainissement .Au moins deux milliards de personnes boivent de l’eau contaminée par des excréments, les exposant au choléra, la dysenterie, la typhoïde et à la polio. Sans oublier les pollutions par les produits pharmaceutiques, chimiques, pesticides, microplastiques ou nanomatériaux. Pour assurer l’accès de tous à l’eau potable d’ici à 2030, il faudrait multiplier les niveaux d’investissement actuels par trois au moins, estime l’ONU-Eau.

Et ces pollutions menacent aussi la nature. Les écosystèmes d’eau douce qui rendent des services inestimables à l’humanité, notamment en aidant à lutter contre le réchauffement et ses impacts, sont «parmi les plus menacés au monde» selon le rapport.

Un an, 200 marathons pour sensibiliser

« Je pensais voir un problème, j’ai trouvé une catastrophe » : chargée d’émotion et des témoignages des victimes de la crise de l’eau à travers le monde, l’Australienne Mina Guli est arrivée mercredi au terme de ses 200 marathons en un an pour « porter la voix » des communautés touchées.
Du désert australien aux glaciers du Tadjikistan, de l’Amazonie aux berges de rivières asséchées en Afrique, celle qui n’« aime pas courir » a parcouru 8.440 km dans 32 pays, finissant sa course en se jetant sous les applaudissements dans les bras de sa mère, devant le quartier général des Nations unies qui accueille jusqu’à vendredi un sommet sur l’eau.