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L’immigration, le débat qui paralyse Bruxelles depuis près de huit ans

En 2015, l’espace Schengen, la zone de libre circulation de l’Union européenne (UE), était au bord de la désintégration. La crise politique engendrée par l’afflux de plus de 1 million de demandeurs d’asile, qui fuyaient les guerres en Syrie, en Afghanistan, en Irak ou en Libye, avait fortement ébranlé les États membres, les institutions communautaires et les partis politiques.

Il s’agissait du plus important flux migratoire enregistré depuis la Seconde Guerre mondiale. Même si les arrivées se sont concentrées sur la Grèce, l’Italie, Malte ou l’Espagne (moins de 3 % des migrations ont eu lieu par voie de terre), la réaction en chaîne a déstabilisé le continent tout entier. Elle a entraîné plusieurs crises de gouvernement et abouti au rétablissement des contrôles aux frontières dans plus de dix pays de l’UE.

Cette crise a fait des milliers de morts, elle a rompu la confiance entre les États membres et attisé des mouvements identitaires. Depuis lors, ces derniers ont pesé sur les élections dans une bonne partie de l’UE, ce qui a laissé de profondes cicatrices. Huit ans après, le problème reste le même, mais le passage du temps n’a fait qu’envenimer encore le débat, paralysant l’Union et contaminant tous les autres dossiers.

Des “positions polarisées”

“S’il fallait résumer la situation en une phrase, explique une source communautaire haut placée, je dirais que les positions sont plus polarisées que jamais.”

“Tout le monde est devenu plus conservateur et, s’il y a un dénominateur commun, du nord au sud et d’est en ouest, c’est bien la priorité accordée à la ‘protection des frontières extérieures’ et l’expulsion des migrants, véritable obsession.”

“En 2015, Bruxelles a proposé un système de réinstallations [transferts de ressortissants de pays extérieurs à l’UE vers un État membre] et de relocalisations [transferts de demandeurs d’asile d’un État membre vers un autre] pour que l’effort soit partagé. Aujourd’hui, un tel système est devenu presque impensable, tant il est source de divisions. Ou disons qu’il est impensable si ceux qui tentent de venir en Europe sont des gens de couleur.”

Après la réduction des flux, la question migratoire est passée à l’arrière-plan dans l’opinion. Elle n’a jamais disparu, mais le Brexit, les référendums, les crises politiques, la pandémie ou la guerre en Ukraine ont été sous les feux des projecteurs. Peu à peu, on n’a plus entendu parler d’embarcations quittant la Turquie ou la Libye, ou encore de caravanes de désespérés traversant les Balkans à pieds.

Mais le problème n’a pas pour autant disparu. Mois après mois, la solidarité a reculé et les discours se sont durcis. C’est un débat fondamental en Grèce, en Autriche, en Hongrie, en Suède et bien sûr en Italie. La Première ministre de ce dernier pays, Giorgia Meloni, tente depuis plusieurs mois d’en faire une priorité européenne et a, par ailleurs, déclaré l’état d’urgence migratoire.

“Deux poids, deux mesures”

La querelle, bien réelle, se déroule sur deux plans parallèles. Les pays d’arrivée, avant tout méditerranéens, réclament depuis dix ans une modification des règles. Celles-ci, en dépit de quelques changements, obligent tout arrivant à demander l’asile dans le premier pays e