France
This article was added by the user . TheWorldNews is not responsible for the content of the platform.

L'Inconnue de la Seine, de jeune défunte à visage le plus embrassé de l'histoire

Temps de lecture: 2 min

On ne sait pratiquement rien d'elle. Ni son âge, ni sa vie passée. On ne connaît pas non plus les conditions exactes de sa mort. Et pourtant, des millions de personnes ont embrassé une copie plastique inspirée de son visage: le mannequin de secourisme utilisé pour apprendre notamment le bouche-à-bouche.

L'histoire remonte à la fin du XIXe siècle, un jour de 1880. Le corps d'une jeune femme est repêché de la Seine. Pour l'identifier, on envoie la dépouille à la morgue de Paris, où elle est exposée au public. Là, les Parisiens qui défilent sont stupéfaits: la jeune morte arbore un sourire énigmatique, et son paisible visage, comme si elle était en train de faire un doux rêve, fascine instantanément les foules. Au point qu'un masque mortuaire en plâtre de la défunte (désormais baptisée l'Inconnue de la Seine) fut reproduit à des milliers d'exemplaires.

S'ensuit une véritable frénésie macabre. Le masque se vend dans toute l'Europe, avant que les artistes, poètes et écrivains de l'époque ne s'emparent de l'événement, teintant l'épopée d'un romantisme particulièrement morbide. Albert Camus décrivit cette icône culturelle particulièrement convoitée comme une «Joconde noyée». Mais en parallèle de cette appropriation funeste, s'est développée une autre histoire inattendue, qui a permis de sauver des millions de vies.

De l'inconnue à Rescue Anne

Plus d'un demi-siècle plus tard, un fabricant de jouets norvégien appelé Asmund Laerdal fut marqué par un événement traumatisant. Son fils de deux ans manqua de se noyer, comme la jeune inconnue des décennies plus tôt. Heureusement, Laerdal intervint à temps, et tira hors de l'eau son fils, le sauvant d'une mort certaine.

Peu de temps après, un groupe d'anesthésistes vint toquer à la porte du fabricant avec une idée: utiliser son savoir en conception de jouet pour fabriquer un mannequin grandeur nature que tout le monde pourrait utiliser pour pratiquer des techniques de réanimation nouvellement développées, connues sous le nom de RCR. Marqué par la noyade manquée de son fils, Asmund Laerdal accepta.

Au moment de concevoir le visage du mannequin, Laerdal trouva une source d'inspiration: celui d'un visage au sourire confiant, serein, qu'il avait vu sur un masque accroché au mur de la maison de sa belle-famille. Évidemment, il s'agissait là du masque mortuaire de l'Inconnue de la Seine, rapporte Science Alert.

Le mannequin, disponible depuis 1960, prit finalement le nom d'Anne -devenu Rescue Anne- en référence à l'une des poupées que concevait le fabricant à l'époque. Pourtant, son visage est bien celui de la jeune inconnue, qui restera pour toujours anonyme.

Avec le temps, des centaines de millions de personnes ont appris les bases de la RCR, notamment le bouche-à-bouche, sur ce mannequin, désormais déclinées de multiples façons. À ce titre, le visage de Rescue Anne -et par conséquent celui de la jeune inconnue- est souvent présenté comme le plus embrassé de toute l'histoire.